Retour sur ma performance: l’émancipation de mon alter ego

 

Depuis la récente édition de ma levée de fonds qui s’est tenue 15 juin dernier, il y a un élément relatif à ma performance qui m’obsède. C’était pourtant la 4ème fois que je prenais les traits de mon alter ego, Ludivine Grey. J’avais beaucoup appréhender mon look et le numéro que j’allais faire. Les dernières performances que j’ai faites étaient en mon sens trop statiques. J’avais l’impression qu’en optant pour un muméro plus sensuel, ça me permettrait d’en faire plus. Cela faisait déjà un certain moment que mon choix de costume était fait, mais rien n’est plus concret que lorsqu’on le revêt avec la coiffure et le maquillage. Je me suis toujours considéré comme quelqu’un de pudique. Après m’être regardé dans le miroir une fois ma transformation complétée, on aurait dit que je n’assumais plus les choix que j’avais fait. Mon costume révélait beaucoup de mon intimité que je ne voulais soudainement plus exposer. Pourtant, l’un des éléments qui me freine le plus dans ma pudeur était rasé, je n’avais plus de pilosité. Pourtant, sous les traits de Ludivine Grey, j’avais l’impression de ne pas m’assumer suffisament comme si quelque chose me retenait encore. J’ai voulu à travers un article plus intimiste explorer ce filon en revenant sur ma dernière expérience. Les lignes qui suivent seveulent davantage une réflexion qu’une observation concrète.

 

Le fait d’avoir fait ma performance avec l’un de mes meilleurs amis et sans doute mon plus fidèle complice des dernières années m’a grandement réconforté dans mon insécurité. Après avoir pris connaissance de la vidéo de ma performance, je me suis aperçu de l’inconfort que je vivais (sans doute moins grand que celui que mon ami allait vivre queleques instants plus tard). À un certain moment, il y a eu un déclic. Je savais que le public qui était dans la salle était en majeure parfie des amis. Des amis de longue date pour la plupart. Des amis qui m’ont suivi malgré qui j’étais et les choix que j’ai pu faire. Des amis qui ont accepté mon homosexualité comme ils ont accepté de me voir personnifier mon alter ego. Alors que Rita avait oublié un instant mon de scène, toute la salle lui a rappelé en coeur. Suite à cette prise de conscience, je ne pouvait pas décevoir. Elle m’aura servi à déstabiliser mon ami en lui enlevant son chandail sur scène. J’ai senti que Ludivine cherchait à s’émanciper.

Après ma performance, je suis allé rejoindre mes amis dans la salle afin de profiter du reste de la soirée à leurs côtés. Je me souviens exactement du sentiment de fierté que j’éprouvais à ce moment-là. La réaction de mes amis ne pouvait que me donner davantage de confiance. Tout cet enthousiasme nourrissait un désir d’en offrir plus à mon alter ego. Je me suis senti en symbiose avec Ludivine. J’avais compris que la personne que les gens scandaient n’étaient pas moi, mais bien Ludivine, même si l’événement servait à souligner mon travail. J’ai donc connecté avec ma féminité afin de rendre justice au look qu’arborait Ludivine ce soir-là. Ma pudeur s’était refoulée. Je voulais être belle. Je savais que si je me résorbais derrière ma pudeur, Ludivine ne pourrait jamais grandir. À l’aube d’un projet qui me mènera vers YouTube, j’avais besoin de cette prise de conscience. On reproche à tort tous ceux qui défendent un personnage plus sexualisé, exhibitionniste, trash et autre, mais cela ne se fait jamais sans sacrifice. Il y a tout un cheminement qui précède cet aboutissement. Il ne faut pas l’oublier. Il faut s’avoir s’oublier soi et garder à l’esprit que le personnage qu’on met de l’avant est une extansion de soi, un fantasme idéalisé de ce que nous voudrions être peut-être, mais il demeure tout de même à une certaine distance de ce que nous sommes. Au final, ce que je peux affirmer, c’est que Ludivine Grey est officiellement née. Rita m’a mis au défi pour l’an prochain: chanson en anglais avec 4 danseurs. Je serai prêt!!