Entrevue 2.0

VELMA JONES & JUSTIN TINDERFAKE –  ÊTRE FEMME DRAG-QUEEN OU DRAG-KING

Les sphères d’expression en art sont nombreuses. Dans le cadre de mes entrevues, j’ai voulu m’entretenir avec deux femmes qui ont chacune choisi une voie singulière. Dans le cas de Velma Jones, elle a décidé de s’orienter comme drag-queen (bio-queen ou faux-queen), alors que Justin Tinderfake a opté d’être drag-king. J’ai voulu approfondir leurs motivations propres à, dans un cas, vouloir s’exprimer dans une version exagérée de soi  comme femme, alors que dans l’autre, de se couvrir sous les traits d’un homme. Voici le compte-rendu de cet entretient.

Les deux s’entendent pour dire qu’elles cherchent à sortir de leur zone de confort. Une fâcheuse tendance de se mettre en danger. Justin avait initialement débuté sa carrière scénique comme drag-queen, mais ne se reconnaissait pas. Après avoir œuvré pendant un certain temps comme drag-queen, elle s’est aperçu qu’il n’y avait pas de réel manque à combler, que le marché était déjà en quelque sorte saturé. Elle s’est ensuite spontanément tournée vers le milieu des drag-kings qui demeurait encore méconnu. Après quelques recherches, elle s’est aperçu qu’il n’y en avait que très peu et qu’il s’agissait malheureusement d’un milieu discret. C’est d’ailleurs un aspect avec lequel elle est demeurée réfractaire de ce milieu. Comme elle voue un immense respect pour les milieu des drag-queens, elle a voulu insuffler de leur aspect plus flamboyant aux drag-kings en se dessinant un personnage qui n’avait pas peur de briller et d’avoir des costumes plus exubérants à la Mika, Freddie Mercury et autres artistes de ce même acabit.

À la différence de Justin, Velma n’a pas la même latitude dans le développement de son alter ego. Comparativement à un homme qui va se construire un personnage de femme ou une femme qui va se construire un personnage d’homme, Velma demeure à camper un personnage du même sexe qu’elle. Il y a des pièges dans lesquels il ne faut pas tomber. Velma doit construire un personnage qui s’éloignera considérablement des pièges orchestrés par une femme de tous les jours. Elle ne peut pas jouer l’aguicheuse comme le ferait une consœur de sexe masculin par exemple puisqu’on lui reprocherait de ne pas avoir de personnage. Elle est en quelque sorte victime de la vision péjorative d’une femme dans son sens large et ce, même si cet aspect ne lui ressemble pas du tout. C’est particulièrement confrontant sur sa condition de femme.

S’il y a bien une chose que Velma et Justin ont en commun dans les défis qu’elles rencontrent, c’est de se libérer de certaines manies qui nuisent à la crédibilité de leur personnage. Velma se considère dans sa vie de tous les jours comme une femme avec un tempérament d’homme. Elle a un entourage majoritairement composé de garçons. Sa féminité est rattachée davantage à un souvenir d’enfance que quelque chose d’actuel. Elle doit alors à travers son alter ego renouer avec sa féminité. Avec le temps, elle a finit par associé la féminité à quelque chose de négatif. Elle avoue que le fait de côtoyer des hommes qui sont drag-queens à rehaussé ce négativisme vers du positif et qu’elle essaie de s’en nourrir. Elle dit qu’il n’y a rien de mieux pour y arriver que de côtoyer une caricature de soi. Les hommes qui font du drag ne veulent dévoiler que le meilleur de la femme, sans les contreparties, puisqu’ils ne sont pas de réelles femmes. Velma renoue donc avec l’idée que son personnage n’est totalement une extension d’elle et que ce qu’elle aime moins de sa féminité n’a pas à transparaître. Pour sa part, les défis que Justin rencontre sont d’avantages observés lorsqu’elle danse sur scène. Ayant grandi en écoutant du Madonna, il y a inévitablement un mécanisme naturel qui provoque certains mouvement de danse plus féminin à travers des chorégraphies qui se veulent masculines. C’est une adaptation avec laquelle elle doit composer. Comme elle ne veut pas sombrer dans des numéros d’inspiration burlesque comme le font certains de ses confrères, elle doit minimiser les comportements à tendance féminine lors de ses performances.

La fraîcheur que Justin apporte dans le milieu lui aura permis d’être le premier drag-king officiellement engagé au Cabaret Mado. Lors de son passage à MX Fierté Canada Pride, Justin n’avait à son actif que deux numéros comme drag-king. C’est Uma Ghad qui l’a référé à Rita Baga afin de prendre part au concours. Ce fut assurément une décision payante pour Justin. De son côté, Velma est la plus récente gagnante de Drag-moi. Elle fut couronnée en décembre dernier. D’ici les prochains mois, elle espère développer une extension à son personnage qui serait un homme. Les deux personnages existeraient simultanément, mais auraient des caractéristiques bien définies. Elle aimerait toutefois que les deux existent sous forme de jumeau/jumelle et qu’elle puisse s’amuser avec l’ambiguïté des sexes comme elle le fait déjà, puisqu’elle ne veut pas qu’on reconnaisse lors de ses performances qu’elle est véritablement une femme.

Bref, chaque individu cherche à s’exprimer comme il le sent. L’ouverture du milieu à accueillir des femmes comme drag-queen permet à une nouvelle génération d’artistes d’émerger. Comme on a pu le constater, c’est loin d’être évident car sur scène, une drag-queen ne joue pas qui elle est. Une bio-queen doit donner l’impression de jouer un homme qui joue une femme. L’arrivée de Justin chez les drag-kings va certainement déranger car il arrive avec son style propre et une volonté sincère de redorer l’image qu’on se fait de ce milieu. Il faudra le suivre pour voir comment cela va se développer dans les temps à venir.

 

ENTREVUE | HORS SÉRIE – PIERRE SAMSON

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Pierre Samson est le coscénariste aux côtés de Richard Blaimer (Les hauts et les bas de Sophie Paquin, Nouvelle adresse) de la série Cover girl diffusée à l’antenne de Radio-Canada de 2004 à 2005. La série mettait en vedette René-Richard Cyr, Frédéric Pierre et Vincent Bolduc dans les rôles principaux. L’action se déroulait dans un cabaret autour de l’univers des drag-queens tel que vu par l’auteur principal, Pierre Samson. La série avait beaucoup fait réagir la communauté drag à Montréal face à la représentation des drag-queens dans la série. J’ai donc voulu décortiquer certaines choses avec l’auteur. Après avoir communiqué avec Richard Blaimert, il m’a gentiement redirigé vers son ami et coscériste Pierre Samson pour développer la question avec moi. Pierre Samson est principalement connu comme auteur. Son plus récent livre s’intitule L’oeil de cuivre paru en 2014. Voici le compte-rendu de notre entretient.

1. Quel a été le point de départ de cette série?

Dans ma carrière réelle, je suis romancier. J’ai 7 romans à mon actif. Comme ça ne paie pas beaucoup, je me suis tenu près du monde de la télévision. J’ai entre autres écrit des blagues pour Jean-Pierre Coallier et conçu des questions pour le quiz Jeopardy. Un jour, c’est mon meilleur ami, Richard Blaimert, qui m’a suggéré d’écrire une série pour la télévision. C’est à partir de là que je me suis mis à penser à ce que je pourrais développer. L’idée de parler des drag-queens m’est venue. Richard m’a alors présenté à son équipe de production chez Sphère média plus avec qui il collaborait déjà depuis Le monde de Charlotte. La production ne s’est pas montrée aussi enthousiaste à l’idée jusqu’à ce que le directeur de la programmation de Radio-Canada de l’époque, Mario Clément, soit nommé. Ce dernier avait une vision différente pour la station et visait des émissions axées sur la diversité, qui s’adressent à des communautés. Ayant entendu ça, Richard a relancé son producteur. Le projet s’est alors rendu jusqu’à M. Clément. Il a tout de suite adopté l’idée. Le projet a alors démarré des chapeaux de roues. Richard continuait de travailler sur son projet déjà en cours, Un monde à part, tout en me coachant, relire ce que j’écrivais.

2. Cherchiez-vous à porter quelque chose à travers la série?

Ce que je cherchais à faire avec la série était de montrer le milieu des drag-queens comme un microcosme de la société. En fait, qu’importe de quel milieu on est issu, on a des choix à faire. C’était une façon de montrer pour moi que les drag-queenes peuvent être des exemples possibles d’avancement, qu’il ne faut pas se limiter aux apparence. Que ce milieu est un exemple incroyable de solidarité. Je me suis toujours insurgé contre les gens qui ont l’esprit trop simple, qui n’ont pas de sophistication intellectuelle et qui transfèrent leur inconfort vers des communautés qu’ils ne comprennent pas dont les drag-queens. La plupart des drag-queens qui font le métier ont passé par une série d’épreuves qui a approfondi qui elles sont. Il faut errêter de se freiner aux première impressions.

3. Sur quel modèle de drag-queen vous êtes-vous basé pour construire vos personnages?

Mes personnages sont hybrides. Ils ne sont pas nécessairement basé sur un modèle drag-queen tel qu’on les voit. Ils sont le pastiche de gens de ma famille, de gens du quatier dans lequel j’ai grandi qui avaient beaucoup de caractère, etc. Je me suis toujours dit que les drag-queens et les gens « ordinaires » sont la même chose. C’est seulement qu’on exagère les traits. Ce n’était pas un hommage que je rendais à personne.

4. Croyez-vous que les personnages que vous mettez en scène qui sont drag-queens, considérant qu’ils le sont en permanence dans la série, n’auraient pas altérer la perception que le grand public a de ceux qui pratique réellement le métier?

Je reviens à mon idée du début selon laquelle on serait tous des drag-queens en quelque part. Je sais qu’à l’époque ça avait irrité Mado car elle trouvait que ça encourageait les préjugés, mais dès que les gens veulent croire en quelque chose, tu as beau vouloir présenter autre chose que leur idée première est difficle à défaire. Mon but ce n’était pas de faire de la pédagogie avec le public. Je voulais surtout illustrer que leur exubérance fait parti d’eux et qu’elle ne se traduit pas seulement par un costume. Je voulais aussi que ce soit toujours coloré. Que peu importe ce qu’elles vivaient, même si c’était plus sombre, qu’il y ait de la gaieté.

5. Est-ce que vous avez l’impression que si l’émission était diffusé aujourd’hui, l’impact serait meilleur?

D’abord, Radio-Canada a pris une décision assez audacieuse de diffuser l’émission le jeudi soir à 19h30. Le producteur éprouvait un malaise car, à cette heure-là en télévision, on ne peut pas tout montrer. Il y a encore des enfants qui sont à l’écoute. On a été confronté à la dure réalité que des segments filmés ne se retrouvaient pas à l’écran. Choisir cette case horaire était une façon de censurer en outrepassant le choix du directeur de la programmation de mettre en ondes cette série. On s’entend qu’à l’origine, le sujet était beaucoup plus costaud que ce qu’on a pu voir. À leur défense, en choisissant cette case horaire, malgré ce qui a été avancé, ils espéraient ouvrir les horizons à un plus large public que si l’émission avait été diffusé plus tard en soirée. Au final, face à la vision que nous en avions, le produit diffusé était une version diluée. Malgré la présence de séries plus importantes telles que 19-2, Les Bougon et autres de cet acabit qui ont ouvert la voix, on pourrait certainement aller plus loin aujourd’hui, mais je ne suis pas convaincu que les choses seraient nécessairement différentes. La série aurait sans doute davantage sa place sur une chaîne spécialisée.

BARBADA & PL CLOUTIER – L’engouement autour de la collaboration de Barbada aux 12 jours de Noël sur la chaîne Youtube de PL Cloutier

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Comme tous les mois de décembre depuis le début de sa chaîne, le youtuber PL Cloutier a proposé à ses abonnés ses traditionnels 12 jours de Noël. Dans une vidéo promotionnelle mise en ligne quelques jours avant le début de leur diffusion, on pouvait y voir tous ses invités pour cette année: Lysandre Nadeau, Mahdi Ba, PO Beaudoin & Marina Bastarache, Emma Verde, Lola Dubini, Simon Leclerc, Andrew Grey, Emma Bossé, Florence99 et même… Ricardo. Malgré la présence de ces gros noms du web et du monde des médias, c’est surtout le retour de la drag-queen Barbada qui a suscité le plus de réactions dans les commentaires. PL l’avait déjà invitée l’été dernier à l’occasion de Fierté Montréal afin que Barabada lui fasse un look de drag-queen. J’ai voulu m’entretenir avec PL et Barabada afin que nous établissions des théories pour tenter de mettre en lumière cet engouement. Il ne faut pas oublier que le public de PL est majoritairement adolescent et que ce dernier s’étend au-delà de la métropole, en rejoingnant même toute la francophonie et pour qui Barbada n’est pas nécessairement connue. Notre entretient s’est ironiquement déroulé au café Ricardo situé à St-Lambert.

PL s’est fait approcher par Telus, l’un des principaux commanditaires chez Opération Nez rouge pour leur campagne de 2016, afin de faire une vidéo dans laquelle il ferait des racompagnements. Déjà allumé par la réparti de Barbada suite à son premier passage et sachant qu’elle avait déjà été bénévole pour Nez rouge, PL trouvait tout désigné de lui offrir cette occasion pour collaborer avec elle à nouveau.

Tous les deux s’entendent pour dire que le web permet une ouverture sur le monde. PL soutient que lorsqu’on est sur Youtube, on sait à quoi s’attendre lorsqu’on se met à suivre quelqu’un. Ses abonnés ne s’étonnent plus lorsque PL fait référence à son orientation sexuelle. Sur Youtube, on aime ou on n’aime pas. Alors, lorsqu’il propose à ses a abonnés une vidéo avec une drag-queen, dans ce contexte, ça se relève davantage comme quelque chose de normal. Barbada de son côté croit malgré tout que la question trans mis sous les projecteurs par Caitlyn Jenner notamment a certainement contribué à cette curiosité, même s’il y a divergeance entre une drag-queen et une trans.

Si on s’en tient à l’idée que les jeunes d’aujourd’hui ne choquent plus autant qu’avant, Barbada, au-delà du fait qu’elle soit drag, demeure une invité de marque. Pourquoi? Par son sens de l’humour, sa réparti, son sourire contagieux. Ce que PL cherche avant tout est de faire de bonnes vidéos. Pour y arriver, il sait que c’est en grande partie grâce à un bon invité. Barbada, lors de son premier passage, avait fait bonne impression auprès des abonnés de PL. On le constatait déjà dans les commentaires à ce moment-là. En sommes, une bonne vidéo est une bonne vidéo. De nos jours, il en faut beaucoup plus que ça pour choquer. Barbada a tellement offert du bon matériel qu’il est devenu difficile pour PL de faire des choix pour mettre dans le montage final. Barbada est consciente qu’une drag-queen est un personnage et que celui-ci peut s’en permettre davantage. Un youtuber est, à certains égards, aussi un personnage, considérant qu’il grossit certains aspects de soi, mais ce qu’il fait relève tout de même davantage de l’intime puisqu’il se met en scène.

Suite à ces deux vidéos, plusieurs abonnés de PL ont réclammé plus de Barbada, que ce soit dans le cadre de prochaines collaborations, que Barbada lance sa propore chaîne ou encore qu’ils fassent une chaîne tous les deux. Malgré un plaisir partagé entre PL et Barbada et un accueil chaleureux, ces deux participations n’ont pas stimuler l’intérêt de Barbada pour se lancer. Cela n’empêche en rien une nouvelle collaboration dans la prochaine année. PL est particulièrement heureux que ses abonnés aient vu d’abord en Barbada son aspect comique, comme le sont l’ensemble des invités sur sa chaîne. On ne l’a pas prise comme Barbada la drag queen, mais bien comme Barbada. Cela témoigne d’où notre jeune société en est.

Voici un aperçu de quelques commentaires récoltés sur la page Facebook de PL:

 

Vous pouvez suivre PL Cloutier sur chaîne principale pour voir ses vidéos hebdomadaire.
Vous pouvez aussi le suivre sur sa chaîne complémentaire, plus de PL Cloutier, sur laquelle il diffuse ses vlogues.
Vous pouvez le suivre via sa page Facebook. Vous pourrez y voir les dernières dates de sa tournée Bonne fête à moi.

Vous pouvez suivre le calendrier des activités de Barbada sur son site web au barbada.ca
Barbada anime 1x/ mois Drôles de drags au bar Le Cocktail. Elle est aussi animatrice à l’occasion au bar Le Drague de Québec et lors de levées de fonds au Cabaret Mado ainsi que lors de certains matchs de la ligue d’impro Gailaxie.
Vous pouvez la suivre via sa page Facebook.

ROSIE GENDERFCK BOURGEOISIE & ALEXIS – La non binarité

Dans le cadre du renouveau de mes entrevues, j’ai voulu développer un sujet que j’avais déjà effleurer dans une précédente entrevue avec l’artiste Rosie Genderfck Bourgeoisie. Le sujet demeure tabou, mais je considère qu’il est essentiel de l’aborder, surtout dans un milieu culturel aussi effeverscent que celui de Montréal. De nos jours, plusieurs individus ne s’identifient plus à une identité de genre défini par être un homme ou une femme. Iels se qualifient de non binaire. Après avoir débuté comme artiste burlesque et suite à des rencontres marquantes au sein du milieu queer, Rosie a ouvert la voie à son alter ego au-delà du milieu duquel iel est né. Rosie ne revelait désormais plus que de l’univers burlesque, mais iel appartenait maintenant à ce dont iel voulait. Cette conception suparssait largement le cadre professionnel qui a fini par faire écho au passé de Rosie et ainsi s’imposer comme un mode de vie. Cela fait parti intégrante de ce qu’iel est. Après être tombé sur l’article d’Alexis dans le Journal de Montréal l’été dernier, j’ai voulu renconter ces deux individus pour en discuter tout en conservant dans l’approche de l’article l’influence scénique que cela permet chez Rosie.

En effet, pour Rosie, c’est l’occasion de mettre en symbiose tous ses univers. Les facettes de son alter ego lui ont permis de définir son identité… Non genrée. Le milieu underground est particulièrement propice à cette réalité et aura permis à Rosie de propulser son personnage vers de nouvelles avenues. Ce qui est à retenir de prime abord est que ce n’est pas le sexe avec lequel on naît qui nous défini. À l’instar du questionnement sur notre identitée sexuelle, comme il s’agit d’un phénomène particulièrement nouveau duquel on ne parle que très peu, la non binarité ne germe pas naturellement. Il faut être confronté à ce vocabulaire avant de véritablement se rendre compte que cela n’est peut-être pas si loin de soi finalement. C’est ce qui est arrivé avec Alexis après qu’iel est fréquenté des environnements féministes et queers.

Au-delà de la scène, il faut rappeler qu’il est question d’un mode de vie. La société n’est pas nécessairement prête à accepter cette différence. Rosie justifie son apparence en public davantage féminine comme une protection face à cette société. Cela provoque nécessairement un sentiment d’insécurité. Il faut prendre la société au sens large et ne pas exclure du lot le milieu culturel. Même si Rosie le côtoie au quotidien, il n’en demeure pas moins que certains ne tolèrent pas ce choix de vie. Comparativement à Alexis, dont le physique lui permet d’arborer un look plus androgyne, Rosie est réprimé par son physique voluptueux. De ce fait, la société se freine à reconnaître sa non binarité puisqu’on impose le message que quelqu’un qui possède une poitrine et qui a des courbes est nécessairement une femme.

Il s’agit d’un cheminement avant d’en arriver à se déclarer non binaire. C’est quelque chose qui se vit de l’intérieur. Les pyschologues ne s’entendent pas tous sur le sujet. Il est difficile de faire rejaillir au-dela de soi quelque chose qui relève d’un sentiment vicéral vers quelque chose de tengible qui encore une fois, devra plaire à la société et ses standards. Les étiquettes sociales se traduisent au final comme une armure, une forme de protection que l’on doit avoir pour faire face à la société. Être non binaire déconstruit ce que la société à cherché à construire se révélant imputable au reste. Le travail est lourd pour les êtres non binaires.

Après des annés de questionnements, Rosie a vu dans le burlesque une occasion de reconnecter avec sa féminité après l’avoir rejeté du revers de la main dans son jeune âge. Même s’il s’agit d’un art érotisant le corps de la femme, Rosie s’en est servi comme un tremplin vers ce dont on connaît désormais de son personnage. Même si dans sa vie de les jours le combat n’est pas gagné, Rosie jouit d’une liberté sur scène qui lui permet d’être en contact avec iel-même sans crainte. De son côté, Alexis voit à travers ce mode de vie une dimension politique dû aux enjeux qu’il impose sans toutefois en faire un sujet politique. Le sujet implique une panoplie de sous-questions qu’il est difficle de traiter en un seul article. J’espère toutefois qu’il vous aura du moins permis de comprendre un peu mieux la non binarité et de vous attacher à ce qu’il offre comme perspective aetistique dans le cas de Rosie Genderfck Bourgeoisie.

ÉRICA & JOELLE LANCTOT – La création autour du personnage culture de Mary Poppins

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Plusieurs personnages ont marqué des générations de cinéphiles depuis près d’un siècle. Certains sont devenu pour d’autres créateurs les muses de nouveaux projets. Lorsqu’une performance est bien réussie, on a tendance à croire que nul ne peut reprendre ce rôle devenu culte. Hors, il arrive souvent qu’une oeuvre cinématographique ne soit pas nécessairement repris sur grand écran. D’autres formes d’art se sont amusé avec les classiques du cinéma tels que les comédies musicales, le théâtre, l’opéra ou encore, dans le cas qui nous intéresse, les personnificateurs féminins. Des artistes de tous les horizons ont dû réinventer les personnages qu’ils incarnaient. Dans l’optique du renouveau de mes entrevues, j’ai eu envie de discuter sur le thème de la création autour d’un personnage culte de la culture américaine, Mary Poppins, brillamment interprété par la lauréate aux Oscars pour ce rôle Julie Andrews dans le film du même nom paru en 1964. La drag-queen Érica a offert sur les planches du défunt cabaret L’Entre-Peau en guise de première performance un numéro hommage à ce personnage. Cela fait maintenant 18 ans que Mary Poppins fait partie de son héritage professionnelle et artistique. Un personnage avec lequel elle s’amuse encore, toujours plus raffiné année après année. Afin de nourir la conversation, je l’ai fait rencontrer la comédienne Joelle Lanctot qui fut retenue l’été dernier dans le cadre de la toute dernière production de Juste pour rire, l’adaptation québécoise de la comédie musicale de Mary Poppins, sous la direction de Serge Postigo. Découvrez à travers leurs témoignages l’impact multigénérationnel de Mary Poppins au fil des décennies. La passion des deux protagonistes sur le sujet de l’entrevue a fait dévier à plusieurs occasions les réponses à mes questions pour votre plus grand plaisir.

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  1. Qu’est-ce que cela vous fait d’avoir invarné un personnage culte tel que Mary Poppins? 

J: D’abord, il est spécial de constater l’écho que l’oeuvre a encore aujourd’hui chez les gens de plusieurs générations. Il y a quelque chose de fascinant, de mystérieux en Mary Poppins qui rejoient les différents publics. On a eu la chance de pouvoir compter sur un jeune public lors de représentations d’après-midi et nous arrivions à les garder pour toute la durée de la représentation. Le fait qu’il s’agisse d’un vieux film, d’un vieux personnage, qui n’ont pas quelque chose de moderne dans l’ensemble de ce qu’ils représentent (les costumes, les manières, etc.) et que le public, aussi jeune pouvait-il être, n’altérait pas le plaisir qui en était retiré. La douceur de l’oeuvre est aux antipodes des méga-productions que l’on connaît de nos jours et malgré tout, les jeunes étaient au rendez-vous, au-delà du spectacle. Je dois avouer que je trouve ça beau. Je suis admirative de la portée de l’oeure et de l’effet qu’elle provoque encore.

É: Pour renchérir sur ce que tu as dit [Joelle], je crois que c’est parce qu’il y a une magie intrinsecte dans cette écriture-là. Il s’agit d’une magie simpliste dont l’enveloppe visuelle décalée, qui n’est pas moderne, offre un charme supplémentaire. Le bon coup de la production est d’être allé chercher des personnages supplémentaires présents dans les livres mais que Disney avait écartés dans son adaption des oeuvres de Pamela L. Travers afin de mettre un spectacle de 3h au lieu de 90 minutes. Je me rends compte qu’on est toujours nostalgique d’un passé qu ne nous appartient pas. Il faut dire aussi que le film a offert des chansons géniales. Comme j’ai grandi avec ce personnage-là [en contratste avec Joelle], je les ai chanté ces chansons-là depuis que j’ai 8 ans. Lorsqu’est venu le temps de faire de la drag, c’est ce numéro-là, consacré à Mary Poppins, qui s’est imposé à moi. Je voulais y aller avec quelque chose qui allait être facile pour moi et qui me placerait dans ma zone de confort. Comme il s’agissait d’un numéro issu de l’univers de Disney, je n’avais aucune idée de l’impact que mon numéro pouvait provoquer. Je l’ai fait souvent dans mes premières années, c’était devenu ma marque de commerce.

  1. Joelle, quel impact dans ta manière d’incarner le personnage cela a eu que tu aies obtenu le rôle suite à un processus d’auditions et que toi Érica, tu l’aies construit de manière autodidacte ?

J: comme je n’ai pas grandi avec l’oeuvre, ça m’a demandé énormément de travail pour incarner le personnage de Mary Poppins. J’ai dû étudier le personnage dans les moindres détails. J’en étais fasciné. J’ai vraiment travaillé fort. Je me suis même présenté à l’audition avec un costume que j’ai commandé sur internet. Je me suis rendu compte que ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre de jouer ce personnage-là, qui a le charisme suffisant de Julie Andrews. Il fallait vraiment un comédien afin d’aller chercher toutes les nuances du personnage. Ça m’a permis de reconnecter avec le film lorsque j’ai réalisé l’ampleur du travail et le nombre de couches sous-jacentes. J’ai eu envi de rendre hommage à tous ces artisans qui à l’époque ont donné vie au film grâce à la performance que j’allais faire du personnage de Mary Poppins. Je voulais que le public reconnaisse à travers mon interprétation de ce qui les a jadis animé et qu’il se dise que ce que je leur offrais était exactement ce dont il s’attendait.

É: Lorsque j’ai monté le numéro, je n’avais pas accès au film. Aussi bien rendu fut-il, tout était imprégné en moi. Je l’ai fait par désir, pour me faire plaisir à moi. J’ai choisi cette sécurité-là comme premier numéro. Quand j’ai compris que Julie Andrews fonctionnait sur scène, j’ai ouvert mes horizons en offrant du Sound of music, My fair lady et Camelot. Je l’ai toujours fait de manière naturelle. Je n’ai jamais pris le temps d’analyser les traits de l’actrice. Je crois que tout l’aspect digne m’animait, ça venait me chercher au point de m’en imprégner. Bref, j’ai eu la chance de l’avoir en moi et elle m’a toujours bien servi.

  1. Comment fait-on pour se détacher de l’étiquette qu’on nous colle après avoir incarné un personnage aussi fort?

É: Tant que tu n’as pas un personnage qui est aussi fort que ce que tu as fait, tu demeures rattaché au rôle. Dans mon cas, grâce à la structure des spectacles de drags, tu es invitée à faire 4 chansons dans une même soirée, tu n’as pas le choix de te renouveler. Mary Poppins par exemple, ne reprente dans ce cas-ci que 25% de ta soirée. Tu as l’occasion de proposer autre chose au public. C’est le moment d’en profiter pour montrer ce qu’on est capable de faire d’autre.

J: Dans mon cas, ce n’était pas moi. Du moment où je ne suis plus sur la scène, je redeviens moi. Il y a quelque chose d’intouchable avec Mary Poppins que je n’assume pas dans la vie, qui dans mon cas n’existe que sur scène. C’est beaucoup de féminité à porter. Lorsque j’enlevais mon costume, j’avais besoin de casser ça, de renouer avec Joelle. Je ne me serais pas vu toute petite jouer les Mary Poppins dans ma chambre, c’était trop loin de moi. Comparativement à Éric [Érica], c’est devenu une passion, mais pas au point de l’assumer autant dans ma vie de tous les jours. Je ne m’étais jamais permis de penser que je pouvais incarner ce genre de casting-là. Je crois en l’idée qu’il n’y a rien de facile et que parfois, tout simplement, des rôles nous sont tracés. Je ne crois pas avoir été étiquetté à ce rôle car j’ai un visage maléable dont on oublie lorsque je ne suis pas dans le personnage.

Après 50 représentations l’été dernier, la production de Mary Poppins se remet en marche pour 25 nouvelles représentations durant les Fêtes au théâtre St-Denis.

Pour voir Érica en performance, restez à l’affut de la programmation du cabaret Mado et du bar le Cocktail.

ENTREVUE JUIN 2016: MARLA DEER – Verbo-moteur dans l’expression de l’art

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Derrière tous les grands succès: un seul nom. Véritable verbo-moteur dans l’expression de l’art, Marla Deer est considérée par plusieurs comme le bras droit de Mado et son célèbre cabaret. Marla a depuis la dernière décennie été la manitou de plusieurs grands succès tels que les lectures publiques de Les belle-soeurs de Michel Tremblay et Le coeur a ses raisons de Marc Brunet, le condencé des cinq premières saisons d’American horror story ou encore le spectacle hommage à l’univers de Disney qui allait de Show white à Mary Poppins en passant par The lion king, The aristocats et Cinderella. Consciente du fait que des hommes qui personnifient des femmes représente en soit une étape dans la création, elle s’amuse a repousser les limites en optant pour des choix audacieux qui, dans tous les cas, ne dénaturent pas l’oeuvre originale. Au contraire, elle permet une relecture qui cadre avec l’univers de la drag et qui permet de mettre de l’avant le savoir-faire de ses consoeurs avec qui elle a envi de se mouiller par ses projets. Entrez dans l’univers éclectique de celle qui fait les beaux jours du monde la nuit à Montréal, Marla Deer.

1. À quel point considères-tu que ton intérêt pour le cinéma et la télévision a influencé ton approche du métier de drag-queen?

C’est ce qui nous anime pratiquement tout le temps. Quand j’étais jeune, étant beaucoup moins âgé que mes frères, je vivais dans mon monde imaginaire. Lorsque j’étais seul, je regardais toute sorte de choses. C’est ce qui a alimenté cet imaginaire. Désormais, je ne peux plus écouter une chanson sans me demander ce que je pourrais faire de différent qui n’aurait pas été fait. Ma créativité s’est nourri par tout ce que j’ai consommé au fil des années. J’ai vraiment écouter de tout.

2. Dans un créneau aussi vaste que le cinéma et la télévision, quel élément va faire en sorte que ton choix s’arrête sur tel projet en particulier?

C’est souvent pour illustrer ce que tu cherches à démontrer. Ça va être également influencée par qui est impliqué dans le projet. Lorsque j’aborde un concept pour lequel je sais que je serai seul, en premier lieu, ce que je vais vouloir faire est de me satisfaire moi. Je vais essayer de trouver une façon d’intégrer un personnage que j’ai toujours voulu faire et avec lequel je serai capable de mettre en scène seul tout en reconnaissant vers où je m’en vais avec mon idée. Lorsque je sais qu’il y a d’autres personnes d’impliquées, j’essaie de voir qui est intéressé par le projet. Une fois que j’ai récolté les candidats, je sors la liste des personnages et j’essaie d’associer quelle drag pourrait interpréter qui. L’étape d’après est de déterminer quelle chanson pourrait convenir, par les paroles, mais également par la musique, le beat, etc. Là, on peut s’amuser à trouver des tournures à des chansons auxquelles on n’aurait pas pensé.

3. Est-ce que le fait que tu oeuvre dans le milieu de la drag a joué sur les moyens de tes ambitions?

Je prends mon temps pour avancer. Je me demande où je pourrais être plus tard. Ce que je veux un jour, c’est simplement vivre de la création car je ne sais pas faire autre chose. Mon esprit est trop éparpiller, j’ai besoin de ma liberté. Je suis un touche-à-tout. Je ne suis pas qu’une drag, je ne suis pas qu’un improvisateur. Ce que je veux, c’est d’être toujours impliqué dans la création, qu’elle vienne de moi ou des autres. C’est ce qui m’intéresse. Actuellement, c’est ce que la drag me permet de faire. Pour ce qui est intéressant, c’est le personnage, ce qu’on peut en faire. Ainsi, je peux être un vieille, une jeune, un animal, une plante. C’est ce que j’aime le plus du métier en ce moment. Mise à part l’aspect financier, lorsque je réussis à soustraire ce genre peur-là, j’aime ma vie. Je suis heureux de la vivre. Je suis vraiment stimuler par ce que je fais.

4. Comment arrives-tu à synthétiser ce que tu mets en scène?

D’abord, tu essais de comprendre. Si on prends Le coeur a ses raisons, je me suis tapé la saison 1 au complet. Après avoir regardé les épisodes, je les ai transférés sur mon ordinateur seulement avec le son. À partir de là, tu écoutes et réécoutes puis tu arrives à déterminer ce qui est intéressant tout en respectant le texte et la logique de l’histoire. On s’entend que l’émission a 13 épisodes d’environs 20 minutes chacunes. Le spectacle tant qu’à lui durait 1h45. Il était évident qu’on ne pouvait pas tout garder. Dans l’optique d’une lecture publique, il y a plusieurs éléments comiques, dans ce cas-ci, qu’on ne pouvait malheureusement pas garder. Dans le cas d’American horror story par exemple avec laquelle on a condencé chaque saison en 20 minutes de spectacle, tu essais de déterminer qui sont les personnages principaux et de retenir leurs lignes importantes à eux. Une fois qu’on a cela en main, il faut tresser tout ces éléments ensemble. Il fait penser au public aussi qui va venir voir le spectacle. Il doit reconnaître le récit à travers ce qu’on lui présente autant que quelqu’un qui n’est pas familier avec cet univers y voit lui aussi une ligne directrice.
Marla Deer animera la 7e édition de Drag-moi cet automne au Cabaret Mado

On attend la lecture publique de la 2 saison de Le coeur a ses raisons

ENTREVUE MAI 2016: PEACH – Se commander soi-même

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S’il y a bien une chose que les drag-queens de chez nous ne manquent pas, c’est de créativité. L’idée la plus saugrenue peut s’avérer être l’idée de départ d’un grand projet. Comme n’importe quel artiste, les drag-queens ont elles aussi un bassin d’artistes qui les inspirent. On cherche alors à les glorifier au mieux, en investissant le temps, l’énergie et l’argent que l’on peut bien y accorder. Ainsi, des artistes telles que Cher, Lady Gaga, Kylie Minogue, Beyoncé, Pink, Annie Lennox et j’en passe auront eu droit à un spectacle solo orchestré par une drag-queen et son équipe, grandement appuyé par un chorégraphe. Je reviens sur cette notion d’investissement qu’on peut et non qu’on veut. À l’instar d’autres métiers de la scène culturelle, les drag-queens pratiquent ce métier en marge d’une vie parallèle qui leur permet de faire vivre leur alter ego. Heureusement, cet aspect n’est pas un élément qui soit perceptible à chaque occasion. Dans la plupart des cas, les drag-queens se sont appliquées et s’y sont pris assez longtemps à l’avance pour ne pas se piéger elles-mêmes. Parmi celles-ci, il y a des plus motivées que d’autres, avec une impressionnante volonté d’offrir le meilleur. C’est le cas notamment de Peach qui planche actuellement sur un spectacle hommage consacré au groupe des Spice girls qui célèbre cette année ses 20 ans de carrière. Témoin de tout ce qui se fait depuis des années sur ce groupe et conscient qu’il s’agit d’une icône de la communauté LGBT, elle s’est demandé qu’est-ce Peach pourrait faire qui ne s’est pas encore vu sur elles. C’est ainsi qu’elle a décidé de produire son propre spectacle sur lequel elle aurait un droit de regard entier et qu’elle orienterait comme un véritable hommage avec des personnifications « look alike ». Voici un aperçu du métier de producteur à travers les yeux de Peach et de son projet sur les Spice girls que l’on attend sur les planches du Cabaret Mado le jeudi 23 juin prochain.

L’idée de produire ses propres spectacles est né d’un déclic de ne plus attendre que les autres le choisisse pour des contrats. Elle voulait s’offrir la liberté de le faire selon ses projets et les standards qui s’y rattachent. En s’occupant de tout, il s’agit davantage de son projet. De plus, cela lui permet de refaire le spectacle quand elle veut et la totalité de la production lui appartient. Lorsqu’il s’agit d’une projet collectif, chacun fournit son matériel à certaines exceptions près. Dans ce cas-ci, elle évite ce piège et rend la production accessible à tout moment si on lui demande. Étant habile de ses mains en couture, elle peut aisément retoucher les costumes s’il s’avérait que la distribution ne soit pas la même.

Elle se connaît suffisamment pour savoir qu’elle est personne exigente qui sait ce qu’elle veut. Il y a une grosse part de perfectionnisme, alors tout doit être comme elle l’entend. Afin de contrecarrer le manque de motivation d’autruis, elle a appris à gérer elle-même. Elle anticipe ses projets longtemps à l’avance afin de les laisser murir tout en s’équipant tranquillement. Ainsi, quand l’idée est ferme, elle a déjà les bases et le projet est plus facile à vendre auprès de consoeurs puisqu’elle offre du concret.

Dans le cas de Peach, la production implique un large éventail: costumes, perruques, showlist, mixte des chansons, calendriers (shooting photo, tournage de vidéo, pratiques), billets ainsi que le personnel. Peach n’en était pas à sa première expérience lorsqu’elle s’est lancée dans la production de ce spectacle. Elle avait au paravant produit un spectacle solo consacré à la diva Cher, pour lequel elle était le seul maître à bord. Elle est consciente que, malgré cette expérience, toute production est vouée à la perte financière dans le cadre d’une première en raison du grand investissement que cela représente. Par la suite toutefois, tout est à gagner puisque la totalité de ce qui constitut la production lui appartient. Il ne reste qu’à espérer les occasions de pouvoir le monter de nouveau. Il y a certainement une part de volonté qu’il ne faut pas laisser derrière et ainsi ne rien prendre pour acquis.

Peach planche depuis des mois sur ce projet qu’elle a réussi à tenir caché assez longtemps danx un milieu où les nouvelles se propagent rapidement. Lorsqu’elle a senti que projet commençait à s’ébruiter, elle a saisi l’occasion en faisant un coup de marketing sur les réseaux sociaux alors que tous les artistes du spectacle ont publiés en simultané en l’espace de queques minutes la promotion du spectacle. Seuls ceux qui n’étaient pas connectés ce jour-là n’y ont pas été confrontés. Pour un spectacle aussi ambitieux et coûteux que celui-ci, on espère que le public sera au rendez-vous. C’est pourquoi il était important de frapper un grand coup publicitaire. Afin de valider si tout ce travail aura valu le coup, rendez-vous le jeudi 23 juin 22h au Cabaret Mado avec compagnie de Peach, Gisele Lullaby, Barbada, Ciathanight et LaDrag On-Fly.

ENTREVUE MARS 2016: RAINBOW- Les facettes du maquillage, sans artifices

Lauréate du prix du meilleur makeup à l’occasion du dernier gala des drags, Rainbow sait ajuster son maquillage à son look. Rainbow porte bien son nom lorsqu’on considère la vaste palette de couleurs avec laquelle elle arbore ses différents looks. Déjà très présente sur les réseaux sociaux lorsqu’elle est en spectacle ainsi qu’une sélection de tutorielle en ligne sur Youtube, Rainbow a su bien faire usage de la nouvelle fonctionnalité de Facebook et ses directs. Rainbow en profite, avant de monter sur scène, pour livrer à son public une nouvelle formule de tutorielles qui jusqu’ici, semble connaître un certain succès. Rainbow n’a aucun cours de maquillage. Son talent lui vient des vidéos qu’elle a regardées sur internet et du temps qu’elle a consacré à mettre le tout en pratique. Elle rend, d’une certaine façon, la preille en faisant maintenant ce dont il l’a inspiré. Découvrez, sans artifices, les dessous du makeup chez les drag-queens grâce à Rainbow.

1. En tant que drag-queen, considères-tu l’art du maquillage comme un atout?

C’est évident que ça aide beaucoup. Il y a plusieurs facteurs qui influencent comment on doit se maquiller, notamment la morphologie du visage ou encore la salle dans laquelle on va performer. Moi par exemple, j’ai un oeil plus technique. Je suis davantage en mesure d’ajuster mon maquillage aux circonstances. Le but est surtout d’arriver à se féminiser Même si certains n’en veulent pas, je peux me permettre également de pouvoir aider les autres. Le simple fait d’avoir un avis extérieur. Bref, la manière de travailler un visage diffère d’un à l’autre. Il faut savoir s’ajuster et bien connaître ses traits.

2. Est-ce que cela augmente les attentes qu’on aurait face à toi?

Oui et non. Oui, dans le sens où les gens en attendent toujours plus de moi. Comme je suis très active sur les réseaux sociaux, Facebook et Instagram, on a facilement accès à ce que je fais. Je nourris d’une certaine manière leur appétit. Inversement, en me comparant à mes collègues de travail, sans dénigrer leur travail, j’arrive à me renouveler un offrant un makeup diffèrent soir après soir. La pression qu’il pourrait y avoir, je ne la ressens pas, puisqu’ils savent que j’essaie toujours quelque chose de nouveau. À mon goût personnel, j’arrive habituellement à obtenir un beau résultat. Mon visage au final s’avère un terrain de jeu avec lequel j’ai beaucoup de plaisir à expérimenter. De ce que je sais, rares sont celles parmi les drag-queens qui vont chercher à se spécialiser en maquillage. J’essaie de tirer mom épingle du jeu avec ça.

3. Jusqu’où serais-tu prêt à te rendre avec cette expertise? Est-ce que tu limites Rainbow à un personnage de drag-queen?

Je ne me fie pas seulement aux styles que j’ai déjà arborés. Ce qui est dommages actuellement dsns le milieu c’est qu’on t’engage un soir pour faire plusieurs numéros. Alors, tu ne peux pas te permettre un maquillage trop développé. Lorsque le contexte s’y prête, comme à l’Halloween, où j’étais shootergirl. Je m’en suis permis un peu plus. J’étais déguisé et maquillé en lapin. Ce n’était pas un maquillage pour lequel on me connaissait, mais qui rejoignait néanmoins mon personnage. Je n’ai pas nécessairement eu l’occasion d’être engagé pour des contrats autres que ce pour quoi je suis reconnus. En 4 ans, j’ai pu expérimenter plein de choses. Ça m’a également permis d’explorer le burlesque grâce à certains contrats

4. À quel point considères-tu comme essentiel le maquillage comme essentiel pour une drag-queen?

À mon avis, dans l’ordre, ce qu’on remarque chez une drag queen, dans l’odre: le maquillage, le costume, la cheveu. Lorsqu’on demande à quelqu’un ce qu’il a remarqué quand il a vu une drag-queen, c’est certainement le fait qu’il trouvait qu’il s’agissait d’une vraie femme. Cela veut donc dire qu’on remarque le maquillage en premier lieu. Toutefois, lorsqu’on parle d’une performance scénique, la présence compte pour beaucoup également. C’est une combinaison entre l’un et l’autre. Je ne fais pas mention ici du milieu underground où c’est davantage des concepts, c’est-à-dire qu’on cherche pas à offrir une représentation féminine. Quelqu’un de plus mainstream, comme moi, doit investir sur le maquillage et s’investir en ce sens.

ENTREVUE FÉVRIER 2016: ROSIE (GENDERFCK) BOURGEOISIE – L’artiste binaire pluridisciplinaire

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Rosie est d’abord née sous les traits de la pin-up vintage Rosie Bourgeoisie avec qui elle pouvait pousser plus loin ce qui l’avait jadis initié au plaisir de la scène. C’est sa rencontre avec un groupe de drag-kings qui l’a poussé à aller plus loin. Elle avait été particulièrement interpellé par le fait qu’ils s’exprimaient dans la diversité. Rosie a fait ses premières armes dans le milieu underground grâce à une troupe burlesque taille plus marginalisée appelée Les sublimes rondeurs. Sa rencontre avec le milieu de la drag lui a permis de développer une relation avec la drag-queen de la relève Heaven Genderfck, gagnante de la 5e édition de Drag-moi. Leur rencontre a fait tomber des barrières, permettant à à Rosie d’aller encore plus loin, notamment grâce à son nouvel alter ego, Rosie Genderck, mais aussi d’emmener le milieu burlesque dans une autre dimension. Rosie se définit désormais comme une artiste binaire. Ce nouveau personnage peut être à la fois homme et femme, un ou l’autre ou encore, ni un ni l’autre. Alliant les différentes expressions de la scène, Rosie (Genderfck) Bourgeoisie rendra le « classique » plus extraverti, tout en conservant le backround burlesque. Qui de mieux pour parler de la relation entre les drag-queens et le milieu burlesque qu’une artiste pluridisciplinaire de grand talent.

  1. Comment définiefais-tu un artiste burlesque?

Pour moi le burlesque va avec l’art de l’effeuillage. Il doit y avoir du tease, de la sensualité. Un artiste burlques peut avoir plusieurs sortes de personnages différents. Il y a le burlesuqe un peu plus classique qui va se définir avec une part d’effeuillage. Certains sont plus strictes sur cet aspect et vont jusqu’à dire que si on se me retrouve pas presqu’entièrement nu, ce n’est pas une performance burlesque. Comme c’est nous qui décidons d’aller sur scène et de dévoiler notre corps de manière forte et positive, c’est important d’avoir le contrôle sir notre corps. C’est notre consentement, c’est pourquoi on a besoin de la participation du public afin de valider et de nous encorager. Pour moi, cela représente le pouvoir total sur mon corps.

2. Dans quel milieu et quel contexte est mis de l’avant ce travail?

Quand on parle du burlesque à Montréal, en général, pour ceux qui connaissent pas bien la scène artistique d’ici, on le connaît surtout grand public comme ce qu’on peut retrouver au Festival Juste pour rire. Dans ce contexte-là, l’association se fait davantage avec le film Burlesque qui met en vedette Christina Aguilera que l’aspect burlesque dont j’ai parlé plis tôt. Depuis quelques années, il y a tout un mouvement qui s’est installé avec le Festival Montréal Burlesque qui a été initié par Scarlett James, mais qui, encore une fois, est une icône très classique du burlesque. Si on reste dans cet esprit classique, on peut penser à deux institutions où l’on peut retrouver des spectacles burlesques sur base régulière, le Blue light et le Wiggle room.

Il y aussi la scène un peu plus underground dans laquelle j’ai commencée d’ailleurs dont le style est un peu plus radical. On en retrouve beaucoup au Café Cléopâtre. Il y a plusieurs troupes qui font ce qu’on appelle du néo-burlesque qui permet développer un univers autour duquel s’articule tout l’aspect burlesque.
Plus on va dans le néo-burlesque, plus notre personnage va être important et complexe. Comme dans ce style on détruit l’image classique du burlesque, plus vintage, en allant au-delà de l’effeuillage et du simple fait d’être beau ou belle, on essaie de mettre de l’avant beaucoup plus sont personnage, avec sa nature propre. Les personnages dans le néo-burlesque ont leur caractéristique, leur style musical, leur style vestimentaire, etc. Le tout se rattache à la volonté de raconter une histoire.

3. Qu’est-ce qui motive une collaboration entre un artiste burlesque et une drag-queen

J’ai l’impression que ces collaborations se font surtout dans le milieu underground. Je trouve qu’on apporte le même genre d’énergie sur scène et qu’on cherche la même énergie de la part du public. Dans nos performances, on s’attend du spectateur qu’il fasse parti du numéro. Il ne reste pas passif face au spectacle. J’ajouterais que, comme moi, il y a qui font des performances de drag-queen et de burlesque en même temps.

Les deux univers arrivent à se côtoyer, mais n’ai toutefois pas autant mélanger que dans d’autres villes comme à Vancouver par exemple où ils sont conjoints. Ils font des workshop ensemble, leurs spectacles dans les mêmes endroits. Ils approchent le même genre de public. Ils ont des choses à s’apporter l’un et l’autre. À Montréal, la scène queer jumèle beacuoup les deux univers comparativement à des lieux qui sont plus spécifiquement rattachés à un genre comme le Blue light et le Wiggle room, dont j’ai parlé plus tôt, pour le burlesque et le Cabaret Mado et le bar Le Cocktail pour les drag-queens où l’on va retrouver à l’occasion, des numéros ou des soirées avec de l’autre univers. Je déplore le genre de bulle de protection qui s’est installée, stigmatisant ce qu’est une drag-queen ou ce qu’est un artiste burlesque. Cette bulle empêche des artistes de talents à pouvoir trouver leur place et sont limiter lorsque vient le temps de performer. C’est pourquoi j’ai mis sur pied une soirée pour ces gens-là, elle s’appelle l’Opulent cabaret.

Vous pouvez suivre Rosie (Genderfck) Bourgeoisie sur Facebook
Vous pouvez aimer la page Facebook de l’Opulent cabaret
Rosie sera modèle dans le cadre d’un événement des Garçons sculpteurs le 18 février
Rosie fera parti des artistes invités au prochain Gender B(L)ender le vendredi 26 février
Rosie sera avec la troupe Les sublimes rondeur au Wiggle room le 14 avril
Rosie sera du spectacle Miss meow and the Curvy cats au Wiggle room le 15 avril

ENTREVUE HORS-SÉRIE – PASCAL GUILBAULT: Coup de coeur 2015

Le mois de décembre marquait les six premiers mois d’existence de mon blogue. Pour l’occasion, j’ai eu envie de revenir sur les différentes entrevues que j’ai eu la chance de faire. Parmi les vingt-sept personnes qui, à ce moment avait pris part à mon blogue, un s’est davantage démarqué par la pertinence de ses propos qui allaient bien au-delà des raisons pour lesquelles je le rencontrais. On sentait à travers ses mots la sagesse d’un homme particulièrement inspirant. J’ai eu envie de partager avec vous ce qui m’avait tant frappé de cet individu. Il s’agit de Pascal Guilbault. Pascal avait pris part à mon tout premier dossier consacré à la retraite chez les drag-queens. Vous aurez donc compris que Pascal s’est retiré de la scène. Néanmoins, il n’en demeure pas totalement à l’écart. Après une carrière qui s’est échelonnée sur près d’une décennie jusqu’à la fin des années 1990, Pascal a pris la décision de se retirer afin de se consacrer à sa carrière. Parallèlement à sa vie de drag-queen, Pascal complétait des études en conception scénique au cégep. C’est d’ailleurs ce qui lui a ouvert la voie après son incursion dans le monde de la drag. Il a notamment pu travailler pour le prestigieux Cirque du Soleil. Son étroitesse avec le milieu de la drag-queen se traduit entre autre par la conception de costumes pour certaines drag-queens ou encore comme juge au concours dédié à la relève organisé par le bar Le Cocktail à chaque hiver depuis quelques années, c’est-à-dire Miss Cocktail. À votre tour de le découvrir grâce à cette première entrevue exclusive hors-série.

  1. Quel apprentissage conserves-tu de ton passage comme drag-queen?

Je te dirais, la débrouillardise. Arriver à faire beaucoup avec peu de choses. Être versatile d’une certaine façon. Je viens d’une école où il fallait apprendre à tout faire par soi-même: ses costumes, ses chorégraphies, ses coiffures, son maquillage. Bref, arriver à confectionner nos propres choses. Je ne dis pas nécessairement être bon dans tout, mais arriver à être multifonctionnel. Quand je travaillais au cirque [du Soleil], c’est ce qui m’a servi. On pouvait me placer n’importe où.

  1. Quelle différence constates-tu entre ton époque et maintenant?

J’ai l’impression que les artistes investissent moins de nos jours. Il faut dire que le salaire n’a pas augmenté depuis les quinze dernières années. Le milieu de la drag-queen est un regroupement, mais on dirait que lorsque vient le temps de se tenir pour faire face à de telles situations, elles sont seules. Je me souviens qu’on s’est déjà battu dans mon temps pour arriver à avoir ce qu’on voulait. Malgré tout, il y en a qui arrive à s’imposer par leur choix artistique, leur look ou encore, qu’ils ont simplement un talent naturel. Un vrai artiste va arriver à faire n’importe quoi car il excelle dans tout, il est expressif, il est théâtral. Bref, il se donne.

  1. Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui commence dans le métier?

Je lui dirais de ne pas attendre après les autres, de faire tes choses. C’est un milieu artistique, c’est un milieu de drag, alors oui, c’est sur qu’il va y avoir de la jalousie. Mais il faut rester concentrer sur ses propres affaires et ne pas trop se mêler du reste. Si tu as du talent, tu n’as pas à te soucier du reste, des superficialités.

  1. Penses-tu qu’il y autant d’ouverture qu’on le prétend?

C’est sûr qu’il y a encore du travail à faire. Il y a des gens comme Mado et Michel Dorion qui ont ouvert la voie. Avec les années, on a collaboré à différents projets comme des téléthons, on a fait de la figuration etc. Il n’en demeure pas moins qu’on se sert de nous comme des clowns. Lorsqu’on faisait de la figuration, on nous utilisait souvent pour des rôles de prostituée. Je pense aux rôles qu’on a eu dans la série Lance & compte qui est regardé par 2 millions de personnes en moyenne dans laquelle on jouait ce genre de rôle. Ça n’aide pas à changer les mentalités, au contraire, cela nourrit le stéréotype et l’image fausse qu’on se fait de nous. Je crois que c’est encore comme ça pour certaines personnes. Je crois que la seule qui arrive à tirer son épingle du jeu, c’est Mado, qui est davantage associée au monde de l’humour avec sa participation à Juste pour rire depuis quelques années et avec son one-woman-show. Cet engouement vers cet art de la scène a permis une ouverture, certes, mais qui demeure rattachée à l’humour. Pour le reste, j’ai l’impression qu’il y a du chemin à faire comme il y en pour les gais en général. Je crois que c’est aussi par ignorance des origines de cette industrie.

ENTREVUE JANVIER 2016 – JOSHUA BELAIR: Un coiffeur aux mains d’or

Joshua est coiffeur depuis près de 11 ans. Son incursion dans le milieu de la drag-queen s’est faite il y a de cela 7 ans grâce à Dream. Leur rencontre est le fruit du hasard alors qu’il s’est mis à fréquenter le Cabaret Mado. Elle s’est fait par l’intermédiaire des propriétaires du salon où il travaille, le Studio de coiffure Perron Aitken, et ceux du Cabaret Mado qui eux, se connaissaient déjà très bien. Joshua et Dream sont rapidement devenu ami et proche collaborateur. C’est en faisant des montages pour lui qu’il a appris les rudiments du métier de perruquier. Tout a déboulé par la suite pour Joshua. Il fut présent sur une base régulière du temps de la soirée Dream académie durant près de 6 ans. Il le fut tout autant lors des spectacles d’envergure qu’offrait Dream dans le cadre de Fierté, une extansion de sa soirée du dimanche en plein air. Joshua porte un intérêt pour l’avant-garde dont il a le loisir de développer grâce au marché que lui ouvre l’industrie des drag-queens. C’est grâce à Dream que les autres drag-queens ont commencé à s’intéresser à son travail, lui faire confiance. Cela lui a permis d’être confronté et ainsi développer sa créativité. Outre Dream, ses principales clientes sont Célinda et Darleen pour qui il a travaillé les perruques dans le cadre du spectacle qu’elle a donné au mois d’octobre dernier dédié à Katy Perry. Découvrez tout l’art lié à la coiffure de la perruque dont on ignore beaucoup de choses. Une entrevue passionnante qui va au-delà de l’univers de drag-queens.

  1. Quelle est la différence entre coiffer une perruque et un vrai cheveu?

C’est différent sous certains aspects de coiffer une perruque par rapport à un vrai cheveu. Il n’y a pas de structure interne, c’est davantage de la fibre synthétique. Il s’agit donc de trouver des techniques afin d’arrier à jouer avec cette fibre-là. Cette fibre est en quelque sorte du plastique. On arrive alors à lui faire faire ce qu’on veut. Je m’amuse à trouver les bons degrés de chaleur, développer des styles pour les drag-queens. Les possibilités sont assez infinies par rapport à ce qu’on peut arriver à faire. Il y a énormément de cheveux sur une perruque. À la différence de la perruque, le cheveu naturel va être influencé par son épaisseur et la structure interne qui est affecté par l’humidité, la chaleur, etc. Une autre différence également est qu’un cheveu va avoir tendance à perdre son volume alors que la perruque, comme c’est synthétique, n’est que peu affectée. Fortement aidé par le fixatif.

2. Comment expliquerais-tu l’engouement pour la perruque?

Il y a percée pour le marché de la perruque qui ne restreint plus au milieu de la drag-queen. Les gens commencent de plus en plus à vouloir en porter. On commence à coiffer des perruques en salon afin de permettre aux gens d’avoir plusieurs identités, ou tout simplement pour être agencé à un certain style de vêtement dont la coupe ne convient pas nécessairement. Cette ouverture s’observe en Amérique du Nord, notamment chez les drag-queens grâce à des émissions comme RuPaul’s drag race qui gagne en popularité. En Asie toutefois, ce phénomène avec les perruques est déjà bien présent. Il n’en demeure pas moins que cela provoque des changements dans les mentalités. C’est un aspect qui est particulièrement plaisant. Je considère que c’est une forme d’accomplissement pour les drag-queens d’avoir ouvert la voie après tant d’efforts à user d’originalité. Le public a envi d’embarquer et de suivre le mouvement. La perruque est d’ailleurs très présent dans le milieu du mannequinat. Un mannequin a son cheveu « officiel », mais qui ne cadre pas nécessairement avec tous les looks. Ainsi, avec la perruque, on arrive à jouer sur l’ensemble du résultat.

3. À quel point te considères-tu essentiel au métier de drag-queen?

Pour moi c’est très essentiel d’avoir de beaux cheveux. Je considère que c’est en quelque sorte la cerise sur le sundae. T’as beau avoir le plus beau look, le plus beau costume, les meilleures expressions faciales, si ta perruque ne répond pas au style que tu veux donner parce qu’elle est due depuis un certain temps, il manque un élément. Dans le monde qu’on vit aujourd’hui, on cherche des looks complets, ce qui implique une belle perruque quand on est drag-queen. Quand le cheveu n’est pas parfait, ça me montre que ton look n’est pas abouti. Dans ce milieu-là, le look c’est comme pour le maquillage, il faut qu’il se raffine, qu’il s’améliore. Quand tu es sur scène, les yeux sont rivés sur toi. Tu dois être en mesure de te démarquer impeccablement.

Joshua travaille au Studio de coiffure Perron Aitken , situé au 1493 rue Amherst (coin Mainsonneuve) à Montréal. 514.524.3442.

Voici quelques-une de ces réalisations…

ENTREVUE DÉCEMBRE 2015 – LUC GENEREUX & MICHEL DORION: La recette  d’un cocktail réussi

L’année 2015 marquait le 10ème anniversaire du bar le Cocktail. Ce bar mythique s

u village fut dans sa première vie, un piano bar. Après 2 ans à exploiter cette formules, il fallait réévaluer la vocation du bar. Le succès attendu n’était pas au rendez-vous. Dans cette volonté de restructuration, l’ancien propriétaire est entré en contact avec Michel Dorion qui deviendra alors directeur artistique. C’est sous son joug à ce poste que les soirées de drag-queens ont vu le jour. Michel a travailler fort pour revoir le concept du bar, imaginer des soirées thématiques qui allaient plaide au public. Il faut noter de plus que le bar ne se trouve pas dans une secteur flamboyant du village gai. Cet aspect était en quelque sorte une entrave à leurs efforts. À mi-parcours, Luc Genereux est entré dans l’équation et a repris le bar. Quelques temps plus tard, à l’initiative de Luc, Michel Dorion, qui occupait toujours son rôle de directeur artistique, devenait également copropriétaire du Cocktail. Leur bagage professionnel respectif leur a permis d’être en parfaite complémentarité afin que les tâches liées à la gestion du bar soient partagées de part égale entre les deux cogestionnaires. Entrevue avec deux hommes qui ont vu grand et qui sont parvenu à faire du bar le Cocktail un emblème incontournable du village gai de Montréal.

  1. De quelle manière se positionne le Cocktail en tant que bar? (Luc)

Ce qui prédomine est tout le côté spectacle dû simplement au fait que les plus gros énévements y sont lié, notamment pour les soirées de drag-queens. Le Karaoké que l’on retrouve après l’ensemble des spectacles en fait parti aussi. Traditionnellement, même dans les premiers jours du Cocktail, le karaoké faisait parti de la programmation. Il fallait concerver cet aspect-là. À la différence de la danse, comme dans d’autres bars, le karaoké s’inscrit dans la continuité de la notion qu’on se fait ici du spectacle.

2. Y a-t-il une ligne directrice dans les choix artisitiques? (Luc & Michel)

Il n’y a pas vraimemt de ligne directrice. On essaie toutefois de cibler la clientèle. Par exemple, le jeudis soir, avec la soirée Deux folles en or coamime Michel avec Miss Butterfly, attire davantage de jeunes. La sélection actuelle est également axée en conséquence, plus des chansons actuelles comparativement au samedi par exemple. J’ai engagé des gens avec qui j’aime travailler, qui apoortent un petit quelque chose à leur façon. Dans cet optique, c’est surtout un choix artistique plus qu’une ligne directrice. On est demeure ouvert. Le but est d’être le plus varié possible, notamment tout ce qui concerne le booking. Il est important qu’on chercher par nos choix autant queqlqu’un de 20 que de 60 ans. De plus, on ne veut pas imposer auz drag-queens de ne travailler qu’à un seul endroit. Quand on aime un artiste, on cherche à le suivre là où il va se produire ensuite. C’est une forme de publicité sous-jacente.

3. Qu’est-ce qui fait la réputation du Cocktail tel qu’on le connaît aujourd’hui? (Luc & Michel)

On a travaillé fort pour l’emmener où il est rendu. Il est situé dans un secteur qui est considéré par plusieurs comme une zone sinistrée. À force de bucher, nous sommes parvenu à faire notre marque, à tel point que l’atmosphère avoisinant le bar à changer, surtout en été. Le secteur a eu un regain de vie. Pour revenir au Cocktail, sa force est sans doute sa grande variété. Il y a du karaoké, de l’improbisation, des shows de drags, des happy hour. On cherchait à faire différent. L’objectif du bar n’est pas d’imposer un tarif d’entrée la porte, ce qui peut faire une force du Cocktail, oui. Le bar se finance à 100% par la vente d’alcool. Ce qui nous aide également est la publicté que nous faisons et le fait que nous connaissons bien notre clientèle.

4. Quelle image pensez-vous que le Cocktail projette? (luc & Michel)
On s’est apercu de chemin qu’avait parcouru au fil des ans il y a deux étés alors qu’on avait été mentionné au moins à trois reprises dans un journal. On était cité comme un lieu à fréqunter alors qu’il y a quelques années, le Cocktail n’évoquait pas grand chose auprès des gens. On s’implique de plus dans la commauté, notamment avec Rézo et Fierté. C’est important pour nous. Il a y une différence qui s’est fait sentir quand on a annoncé que je (Michel) devenais copropriétaire. On aurait dit que ça accordait une certaine crédibilité auprès du public. Ça consolidait davantage la vocation que prenait alors le Cocktail. On établissait alors le bar comme celui de Michel Dorion.

Le bar le Cocktail est ouvert tous les jours de la semaine. Les soirée-spectacles ont lieu les:

Mercredi – Le 30 minutes et son karaoké avec Nana et DJ Gigi
Jeudi – Deux folles en or avec Michel Dorion et Miss Butterfly: 21h30
Vendredi – Le Michel Dorion show: 22h30
Samedi – Le grand show avec Gerry Cyr et Penélopé: 22h
Samedi concert (occasionnellement): 20h
Dimanche – Le dimanche show avec Michel Dorion: 18h
+
Réveillon du nouvel An le 31 décembre
À venir:
. la nouvelle édition de Miss Cocktail pour la relève cet hiver
. Projet mystère avec Nana

* GRATUIT sauf à de rares exceptions.

ENTREVUE NOVEMBRE 2015 – JEAN-FRANÇOIS JAMES: l’aisance du corps pour le spectacle

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Amy Haze accompagné de Jean-François James, Dreamies 2012

Animé par le plaisir de danser depuis son tout jeune âge, Jean-François prend la décision à l’âge de 16 ans de suivre des cours de danses. Ces cours le mèneront à l’enseignement à la petite école de sa municipalité. Il viendra un temps où ses études prendront trop de place pour aisément concilier toutes les sphères de sa vie. C’est alors qu’il mettre de côté la danse pendant un certain temps. Quand est venu le temps de sortir dans les clubs, c’est là que Jean-François à commencé à se faire des contacts. Son premier contrat dans ce milieu a été au Unity il y a près de 7 ans. Par la suite, ses nouvelles connaissances lui auront permis de se frayer une chemin jusque dans l’industrie des drag-queens. C’est alors qu’il a commencé à travailler au Cabaret Mado. Il entretient aujourd’hui une relation privilégiée avec ses semblables puisque travailler comme danseur dans ce milieu crée une proximité assez unique. Ces dernières années, Jean-François a beaucoup collaboré auprès de Gisèle Lullaby et Amy Haze dont le plus récent spectacle solo, Piece of Amy, inspiré de l’univers de Britney Spears, est sans doute l’une de ses plus grandes fiertés. Rencontre avec celui que l’on surnomme J-F James, DJ, danseur et… chorégraphe au Cabaret Mado.

  1. À quel point un chorégraphe est-il essentiel au métier de drag-queen?

Je ne crois pas que le mot «essentiel» est le mot exact. Il est plutôt question de collaboration réciproque, car dans le mot drag-queen, il n’y a pas de chorégraphe: une drag queen peut facilement se débrouiller sans. Tout dépend des habiletés de l’artiste. Certaines drag-queens n’ont pas besoin de danseurs afin de se démarquer, et d’autre oui. Tout est dans l’attitude de la drag-queen!

     2. Quel est le défi du chorégraphe dans la performance d’une drag-queen?

Le plus gros défi est d’intégrer la drag-queen dans un chorégraphie sans qu’elle se fonde avec les autres danseurs. Je m’explique: une drag-queen qui exécute tous les mouvements de A à Z se font facilement avec les autres danseurs et perd toute attention du public. Le défi est de lui faire faire des mouvements équivalent mais qui suit le beat de la chorégraphie tout en lui laissant des moments de  free  style comme  j’aime les appeler. Ce sont des moments dans le numéro où la drag-queen peut faire ce qu’elle veut pendant un certain nombre de temps avant de reprendre la chorégraphie avec les danseurs. Je crois que c’est souvent le plus gros défi afin de rendre le numéro d’une bonne qualité. Dans mon cas, j’aime beaucoup la personnification autant de la drag-queen que dans les numéros. J’aime entendre les gens dire : «wow, la drag-queen lui ressemble vraiment!», « Hey regarde, ils ont refait la même chorégraphie que dans son spectacle!», etc. J’aime présenter des numéro « look a like » !

    3. Exercer ce métier dans l’industrie de la drag-queen vous fait-il prendre des avenues auxquelles vous n’auriez pas pensez aller?

J’explore beaucoup d’aspect de la danse vers lesquels je n’aurais pas penser me diriger. J’aime essayer de nouvelles choses dans mes numéros afin de me diversifier dans mes créations. Que se soit un style de danse, des objets, des déplacements, des costumes, des changements de costumes, du jeu, j’aime me dépasser.

     4. Comment s’orchestre la création d’une chorégraphie dans le milieu de la drag? Retrouve-t-on des contraintes particulières?

Dans mon cas, j’aime beaucoup me donner des défis en jouant avec la musique. Faire des medleys, des remix, modifier la chanson, rajouter des punch  afin de donner un petit plus a la chanson et de la rendre différente de la version qu’on entend sans arrêt à la radio.

Je crois que l’orchestration d’une chorégraphie se fait partout pareil, pas seulement dans le milieu de la drag-queen. Chaque chorégraphe travail d’une façon différente; certains vont écrire leur chorégraphie, d’autres, comme moi, allons répéter et répéter sans arrêt devant le miroir afin d’assimiler par coeur la séquence de mouvements. J’écoute beaucoup la chanson avant la chorégraphie. Je porte une attention particulière aux beats afin de trouver des mouvements fluides et qui marcheront avec le style musical!

Les contraintes sont souvent les mêmes, peu importe le domaine. On doit s’adapter à un certain espace, des parfois grands, d’autres fois petits. C’est un facteur qui joue beaucoup dans la chorégraphie et qui va permettre de jouer avec l’environnement et d’intégrer plusieurs éléments dans le numéro; chaises, costumes, pirouette, animation, etc.! Le nombre de danseurs peut jouer aussi dans l’élaboration d’une chorégraphie. À force de travailler souvent avec les même danseurs, on développe une complicité sur la scène et que nous sommes capable de se comprendre sans même se parler! Parfois, nous devons nous ajuster directement dans le numéro même pendant que nous sommes sur la scène parce qu’il est arrivé une situation X qui nous forces à changer des élèvent: changement de costumes manqué, talon cassé, costumes déchire, drag-queen qui oubli ces mouvements, musique qui saute, accélérer, ralenti, etc!

ENTREVUE OCTOBRE 2015 – ÉRIC D’AVIGNON: être son propre modèle

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Érica en Mary Poppins

Éric a fait ses débuts comme drag-queen au célèbre Cabaret L’Entre-Peau en 1998. Il cumule donc près de 17 ans d’expérience dans le métier. Attirée par les arts de la scène, il prend la décision de faire ses études post-secondaire en arts plastiques au Collège Lionel-Groulx. Après avoir collaboré à la production à quelques spectacles , parallèlement à ses études, comme designer et concepteur de décors, la directrice de la troupe l’encourage à poursuivre dans cette avenue. Il se réinscrit alors au même cégep dans l’option théâtre en scénographie. C’est là que sa piqûre pour la couture lui a pris. Donc faire les costumes d’Érica fut tout naturel pour lui. Outre quelques ajustements, Éric ne travaille que pour son alter ego Érica. La seule exception de sa part fut lorsque Marla a monté son spectalce 10ème anniversaire consacré à l’univers de Disney, à ce moment, Éric a réalisé plusieurs des costumes qui figuraient dans le spectacle.

  1. Qu’est-ce qui motive une drag-queen à vouloir faire la confection de ses propres costumes?

Ce qui me motive ? Puisque je suis en partie Personnificateur Féminin, la meilleure chose à faire quand tu veux faire la meilleure job possible, de faire croire en la magie, bien il te faut le costume pareil comme la vraie ! Et puisque je suis capable de le faire : why not ? J’aime beaucoup faire des reproductions/reconstitutions de costumes. Il y a le trip d’étudier le costume, comment il est coupé, comment il est monté. Se casser la tête pour y arriver, imaginer ses opérations dans sa tête pour enfin avoir le résultat espéré. Et qu,en plus, la magie opère sur scène et que l’illusion est réussie, la fierté et la récompense du travail accompli, çà n’a pas de prix !

Il y a aussi le volet où tu peux faire ce que tu veux et que personne n’aura le même costume que toi. ! Ça ne se trouvera pas au magasin ! Donc l’exclusivité est toujours payante ! Et il y a le fait aussi que faire ces propres costumes, ça coûte moins cher. On économise sur l’argent mais, pas toujours sur le temps. Comme dit le vieux dicton : « Jamais bien aussi servi que par soi-même ! » Ok de l’aide à l’occasion c’est toujours plus agréable pour exécuter le travail et avoir une atmosphère beaucoup moins ennuyante ! LOL

  1. Est-ce que cela représente un défi supplémentaire lorsqu’on considère tout l’enrobage d’un numéro, notamment la chanson en elle-même ainsi que la chorégraphie?

Oui et Non. Car souvent, c’est nécessaire de faire le costume, et les décisions se prennent naturellement, c’est comme une évidence. Pour faire un numéro plus travaillé qui demande plus de réflexion et de préparation je pense toujours au costume pour le numéro que je veux faire. Pour moi le défi ce n’est pas au niveau de la confection du costume, maintenant j’ai assez d,expérience pour faire à peu près n’importe quoi, sans faire du n’importe comment, mais plutôt dans l,espace temps que j’ai. Je déteste les dead-lines. Alors je vais à mon rythme la plupart du temps. Et parfois j’ai pas le choix, faut que les costumes sortent ( Show Disney, Show Annie Lennox/Eurythmics) Puisque je suis plus un metteur en scène qu’un danseur donc je sauve des heures de répétitions de danse que je mets sur mes costumes !

  1. Quel a été le plus gros défi que vous vous êtes lancé dans la réalisation d’un costume?

Le plus grand défi dans la réalisation d,un costume, c’est parfois de trouver le tissus qu’il faut pour que le costume fonctionne. Et malheureusement les magasins de tissus ici sont très limités.

Le plus gros défi de confection de costumes, c’est d’avoir réussi à faire une partie des costumes du show de Disney qui m’étaient attribué et aussi les costumes de mon show solo dans les temps ! Une chance que j’ai eu de l,aide et j’ai découvert un excellent assistant coupeur/couturier.

  1. Après autant d’années de métier, où trouve-t-on la motivation de se livrer à autant d’investissement dans la préparation d’un numéro?

C’est toujours cette connexion particulière avec la chanson/numéro qui déclenche le niveau d,investissement monétaire ou préparatoire, peu importe les années d,expériences. Oui l’expérience ça aide car, on devient plus rapide, on a acquérit des trucs du métier, on a appris de nos erreurs donc, tout ce fait un peu plus vite.

Par exemple, il est évident que la nouvelle chanson pop de Kylie Minogue va être plus facile à monter qu’un numéro de Priscilla Queen of the Desert.

Je pourrais résumer le métier de drag de cette façon : La job de Drag Queen/Personnificateur Féminin est de partager notre passion pour la musique à un public avec plusieurs artifices scéniques qui permet aux artistes de créer une magie qui se transforme en jouissance collective.

Donc la motivation peu importe les années d’expériences vient de la musique, de l’idée du numéro. Un autre facteur qui pourrait influencer le niveau de motivation à monter un numéro c’est de faire le numéro avec d,autres drags ou danseurs. C’est une excitation contagieuse qui nourrit les uns les autres. Vivre une belle expérience à deux, trois, et parfois plus, nous donne un ptit push supplémentaire à travailler fort.

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ENTREVUE SEPTEMBRE 2015 – JEAN-FRANÇOIS PORTELANCE: laisser parler l’extravagance 

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Photo tirée d’une série consacrée à Mado Lamothe

Nombreuses sont celles qui sont passé sous son objectif. Diplômé de la Cité collégiale d’Ottawa en 2006, Jean-François Portelance (Jihef) photographie les drag-queens depuis maintenant près de 5 ans. Il s’est armé de beaucoup de patience afin de se forger une solide réputation auprès d’elles. Aujourd’hui, son nom n’échappe à aucune drag-queens. L’implication de Jihef au sein de cette industrie du spectacle se traduit notamment dans la prise de photos pour différentes affiches de spectacles, notamment celle pour le spectacle d’humour de l’incomparable Mado Lamothe, le One Mado Show. Il a également été mandaté à plusieurs reprises comme photographe officiel lors de spectacles d’envergures au Cabaret Mado ou au bar Le Cocktail. Son expertise s’étend jusqu’à la réalisation qu’il a pu mettre à profit en collaborant au vidéoclip de Michel Dorion sur son premier single Making up. À l’inverse, Jihef trouve un plaisir à  immortaliser les drag-queens en images. Elles figuraient d’ailleurs dans l’une des trois catégories (homms, femmes et drag-queens) lors de sa toute première exposition qui s’est tenue du 1er au 31 mai 2014 au Studio Bizz. Incursion derrière l’objectif pour mieux saisir le rapport qui l’unie à l’industrie des drag-queens.

  1. D’un point de vue artistique, qu’est-ce que qui vous attire dans le fait de photographier des drag-queens?

Le fait que je sois un très grand créateur m’attire vers le fantaisiste. Une drag-queen est un personnage qui ne représente pas nécessairement la personne qui l’interprète, qu’il soit un gars ou une fille. Cela me permet de les mettre dans des environnements pour créer une image dans laquelle une histoire est racontée. Quand on regarde mes photos, on constate qu’il y a quelque chose de magique. J’aime les mettre dans des contextes surréels que m’inspirent les drag-queens. Lorsqu’on regarde un drag-queen, notre regard est happé par les costumes et les couleurs extravagants qui stimulent mon imagination. C’est plus facile de développer des projets, trouver des idées. Avec une drag-queen, il y a toujours quelque chose de vivant comparativement à une femme par exemple. Les drag-queens ont aussi une personnalité et une énergie sur scène que j’essaie d’aller chercher pour qu’elle les transpose en photo.

2. Croyez-vous que le fait d’avoir choisi de vous investir comme photographe dans cette industrie vous a offert une opportunité de faire votre nom comme photographe ?

Oui, parce que lorsque je suis arrivé à Montréal, je connaissais personne. La première drag-queen que j’ai osé abordée a été Mado. Elle a tellement de demandes de personnes qui veulent la photographier qu’elle doit faire ses choix. Elle ne me connaissait pas, elle ne savait pas quel genre de photos je faisais. Elle m’avait alors dit non. C’est après cela que ça m’a donné la conviction d’aborder d’autres drag-queens. Il y en a permis elles qui à l’époque n’étaient pas aussi connes qu’elles peuvent l’être aujourd’hui. Les drag-queens disaient oui pour avoir des photos plus à jour et pour moi, inversement, ça me permettait de bâtir mon portfolio. Il y a des drag-queens qui n’avaient jamais fait l’objet d’un shooting photos. Alors les concepts dans lesquels je les emmenais étaient totalement nouveaux pour elles. Après avoir vu ce que je faisais, j’ai réussi à aborder Michel Dorion qui a accepté, puis, finalement, après 4 ans, j’ai eu enfin une réponse positive de la part de Mado. Maintenant, les drag-queens m’abordent d’elles-mêmes pour des photos. Ça arrive aussi parfois que des danseurs me le demandent.

3. Vous photographiez les drag-queens depuis 5 ans, quel a été votre plus gros défi? 

Cela a été de commencer avec des drag-queens, parce que je ne savais vraiment pas dans quoi je m’embarquais. Je suis une personne qui sait où il s’en va. Quand j’ai une idée en tête, je vais tout faire pour y parvenir. Je manque de confiance en moi et la plupart du temps, j’arrive à le faire, mais sur un coup de tête. Parfois, je me lance dans des projets et c’est après que je regarde le chemin parcouru que j’en viens à me questionner sur comment j’ai fait. Travailler auprès d’elles m’a permis de franchir des barrières. L’autre gros défi a été de reproduire les idées que j’avais en tête. Je devais songer au budget que j’allais investir pour arriver à mettre sur pied mes concepts. Maintenant, je vois plus grand que la communauté gaie. J’aimerais travailler ailleurs dans le monde. J’aimerais que ma vision de la photographie incite les gens, homosexuels comme hétérosexuels, à venir s’amuser avec ma proposition artistique. Mon dernier plus gros défi a été lorsque j’ai photographié Michel Dorion pour la première fois. Je me prenais conscience que j’étais devant un monument du village. J’étais plus impressionné que lui je crois puisqu’il me demandait ce qu’il devait faire. C’est là que je me suis rendu compte que je devais aussi être réalisateur. Cela m’a rendu plus ferme, j’étais capable de diriger. Cette expérience m’a donné de la confiance. Lorsque j’ai su que ma marque était faite, c’est quand Mado a accepté de participer au premier concept que j’avais imaginé pour elle.

La page Facebook de Jihef

Lien pour le site internet de Jihef

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ENTREVUE AOÛT 2015 – JONATHAN GRANDOLFO: l’art de designer l’homme

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Quelques-uns des costumes designer par Jonathan Grandolfo

Jonathan Grandolfo confectionne des costumes depuis 10 ans. Il travaille à temps plein dans ce milieu depuis 2009. Les premiers clients qui l’ont approchés dans l’industrie des drag-queens sont Soleil, aujourd’hui retraitée, Mary Kay, ainsi que Vénus, devenue l’inimitable Jimmy Moore. Outre le travail qu’il fait auprès des drag-queens, Jonathan travaille pour la compagnie AlterEgo en plus de faire des contrats privés pour des personnes ou des événements spéciaux. Afin d’en arriver là, il a fait ses études en design de mode, spécialisation costumes de scène, au Collège Lasalle. Aujourd’hui, nombreuses sont celles parmi les drag-queens à faire appel à son expertise. Voici un aperçu de ce qui l’unit à l’industrie des drag-queens.

  1. Quel aspect dans la confection de costumes pour les drag-queens vous plaît-il le plus?

La possibilité infinie d’innovation et de diversité dans les contrats. Il peut arriver de travailler sur une robe de Marie-Antoinette (robe d’époque), que les derniers looks de chanteuse populaires, comme Jennifer Lopez ou Cher. J’aime tout particulièrement les costumes de show girls en plumes et paillettes.

2. De quelle manière est abordée la confection d’un vêtement féminin qui va être porté par un homme comparativement aux autres types de créations que vous faites ?

Il faut toujours redéfinir la forme de l’homme pour crée l’illusion de courbes féminines. Le but est de tromper l’œil en créant des formes spécifiques dans les costumes selon les préférences du client. Différents élément peuvent aider cette illusion, comme par exemple, les pads, pour créer des anches plus larges ou des corsets, qui aident à redéfinir la taille de l’homme. Il s’agit ici d’élément important dans la confection du look féminin pour un homme.

3. Êtes-vous présent sur le terrain lors de représentations de drag-queens afin de voir ce qui se fait dans cette industrie ?

J’ai d’avantage été sur le terrain les premières années, pour faire voir mon travail et ainsi créer mon nom au sein de l’industrie. Maintenant, j’assiste aux spectacles dans le but de partager des bonnes soirées accompagné de mes Queens! Puis, à l’occasion, j’offre mon aide lors de grosses représentations importants nécessitant un support important dans la planification et l’organisation des costumes.

4. Vous confectionnez des costumes depuis 10 ans pour les drag-queens, quel a été votre plus gros défi? 

Puisque la confection de costumes est un défi constant, je dirais que dans mes débuts, mon plus gros défi fut de quitter mon emploi salarié pour partir mon entreprise! Au fil du temps, d’autres défis importants ont émergés. En effet, la gestion d’employés, la gestion des horaires ainsi que les communications se présentent comme des batailles constantes. Je dois m’assurer que l’information circule bien et que mes messages soient interprétés de la bonne façon.

5. À quel point vous considérez-vous comme un joueur important dans l’industrie des drag-queens? Êtes-vous beaucoup sollicité par elles ?

J’ai une clientèle très fidèle. Il est évidant qu’une drag-queen a besoin d’avantage de choses que de beaux costumes pour performer dans le milieu, cependant, c’est grâce à mon apport dans leur développements et mon implication dans leurs travail que j’aide à rendre les spectacles plus spectaculaires! Je ne me considère comme un élément fondamental, car j’aide les drag-queens à recréer la vision qu’elles ont sur scène.

La page Facebook de Jonathan Grandolfo

ENTREVUE JUILLET 2015 – DJ LADY McCOY: un hymne du village

C’est en voulant se rapprocher de ce qu’elle était que Pascale McCoy s’est initié au nightlife montréalais. C’est au Sisters que tout a commencé pour elle. Sa tante en était la propriétaire il y a 16 ans de cela. Ella a rapidement hérité d’une soirée comme DJ avant d’enchaîner les contrats au Sky durant 7 ans et au Cabaret Mado depuis 12 ans. C’est un métier qu’elle a appris d’elle-même de fil en aiguille. Avec le temps s’est ajouté à sa tâche celle de technicienne à l’éclairage. Désormais connue sous le nom de DJ Lady McCoy, elle est devenue un hymne incontournable du village Il est temps de lever le voile sur le rapport qui l’unie au métier de drag-queen alors qu’elle est appelé à travailler avec elles près de trois soirs par semaine, notamment lors des soirées Bagalicious et Top or bottom.

  1. Quelle motivation vous a poussé à rester travailler pour l’industrie des drag-queens?

J’aime ça. Je trouve ça le fun les shows. Je me suis fait des amis. C’est assez sympathique. Le fait que je ne suis pas juste DJ maintenant, ça devient plus participatif, je peux mettre un peu plus mon grain de sel dans l’éclairage. J’essaie de m’adapter à la drag-queen et à la chanson pour que ce que je présente visuellement vienne ajouter à leur performance. Il faut que ce soit rythmé, qu’une ambiance soit créée. Je peux au moins mettre à profit ma créativité dans les choix d’éclairage. Des fois on va demander des choses spécifiques, mais c’est assez rare. Par contre, le Cabaret Mado, malgré que ce soit un lieu pour des spectacles, ce n’est pas ce qu’il y a de meilleur pour l’éclairage. Ça pourrait être un peu plus complexe, ça rendrait l’expérience plus le fun.

2. Quelle est la différence quand on est DJ dans l’univers des drag-queens par rapport aux endroits où vous avez déjà travaillés?  

Je dirais qu’au Cabaret Mado c’est très spécifique comme créneau musical. C’est vraiment top 40 et, il faut que ce soit vraiment bonbon tandis qu’ailleurs, j’ai un petit peu plus carte blanche, je peux être un peu plus créative, je peux mettre la musique que j’aime plus et non faire vraiment ce qu’on me demande. C’est très très spécifique au Mado, je ne peux pas juste me laisser aller et faire « Yes, c’est ce que j’aime, c’est ce que je veux entendre ». Tu mets les chansons de l’heure à la radio, sinon les gens ne dansent pas. Ça prend des chansons qu’ils connaissent. Le monde veut être rassuré au cabaret Mado.

3. Est-ce que c’est quelque chose qui vous manque, d’être plus créative? 

Oui! Mais là j’ai le dimanche soir [Bagalicious]. Mon mandat c’est de faire un peu plus ce que je veux, c’est une soirée house. C’est un beau cadeau. J’ai plus de latitude. Les autres soirs, je suis plus au service de la clientèle. Mais toujours un souci de faire danser les gens, mettre de la musique qui leur plaise.

4. Vous êtes DJ au Cabaret Mado depuis 12 ans, quel a été votre plus gros défi? 

Le fait d’être multitâches. Il y a 4 ans, le Cabaret Mado s’est libéré des services de l’éclairagiste. Maintenant, les DJs font le travail pour deux. Ce n’est pas toujours évident. Dès que j’arrive et ce, jusqu’au moment où je quitte, je n’ai pas de moment pour moi. C’est particulièrement exigent. Il faut que je sois capable de conserver mon énergie. Au niveau technique, ça devient plus complexe lorsque c’est un spectacle solo. C’est rodé au quart de tour. Lorsqu’il y des vidéos qui y sont intégrés au spectacle, parfois je dois aussi ajuster le son. C’est souvent des blocs de chansons de longue durée non-stop. Ça m’oblige à être constamment alerte. Je dois prévoir ce qui s’en vient après. Je suis toujours prête au moins deux chansons à l’avance pour prévenir un contretemps.

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