Nombreuses sont celles qui sont passé sous son objectif. Diplômé de la Cité collégiale d’Ottawa en 2006, Jean-François Portelance (Jihef) photographie les drag-queens depuis maintenant près de 5 ans. Il s’est armé de beaucoup de patience afin de se forger une solide réputation auprès d’elles. Aujourd’hui, son nom n’échappe à aucune drag-queens. L’implication de Jihef au sein de cette industrie du spectacle se traduit notamment dans la prise de photos pour différentes affiches de spectacles, notamment celle pour le spectacle d’humour de l’incomparable Mado Lamothe, le One Mado Show. Il a également été mandaté à plusieurs reprises comme photographe officiel lors de spectacles d’envergures au Cabaret Mado ou au bar Le Cocktail. Son expertise s’étend jusqu’à la réalisation qu’il a pu mettre à profit en collaborant au vidéoclip de Michel Dorion sur son premier single Making up. À l’inverse, Jihef trouve un plaisir à immortaliser les drag-queens en images. Elles figuraient d’ailleurs dans l’une des trois catégories (homms, femmes et drag-queens) lors de sa toute première exposition qui s’est tenue du 1er au 31 mai 2014 au Studio Bizz. Incursion derrière l’objectif pour mieux saisir le rapport qui l’unie à l’industrie des drag-queens.
- D’un point de vue artistique, qu’est-ce que qui vous attire dans le fait de photographier des drag-queens?
Le fait que je sois un très grand créateur m’attire vers le fantaisiste. Une drag-queen est un personnage qui ne représente pas nécessairement la personne qui l’interprète, qu’il soit un gars ou une fille. Cela me permet de les mettre dans des environnements pour créer une image dans laquelle une histoire est racontée. Quand on regarde mes photos, on constate qu’il y a quelque chose de magique. J’aime les mettre dans des contextes surréels que m’inspirent les drag-queens. Lorsqu’on regarde un drag-queen, notre regard est happé par les costumes et les couleurs extravagants qui stimulent mon imagination. C’est plus facile de développer des projets, trouver des idées. Avec une drag-queen, il y a toujours quelque chose de vivant comparativement à une femme par exemple. Les drag-queens ont aussi une personnalité et une énergie sur scène que j’essaie d’aller chercher pour qu’elle les transpose en photo.
2. Croyez-vous que le fait d’avoir choisi de vous investir comme photographe dans cette industrie vous a offert une opportunité de faire votre nom comme photographe ?
Oui, parce que lorsque je suis arrivé à Montréal, je connaissais personne. La première drag-queen que j’ai osé abordée a été Mado. Elle a tellement de demandes de personnes qui veulent la photographier qu’elle doit faire ses choix. Elle ne me connaissait pas, elle ne savait pas quel genre de photos je faisais. Elle m’avait alors dit non. C’est après cela que ça m’a donné la conviction d’aborder d’autres drag-queens. Il y en a permis elles qui à l’époque n’étaient pas aussi connes qu’elles peuvent l’être aujourd’hui. Les drag-queens disaient oui pour avoir des photos plus à jour et pour moi, inversement, ça me permettait de bâtir mon portfolio. Il y a des drag-queens qui n’avaient jamais fait l’objet d’un shooting photos. Alors les concepts dans lesquels je les emmenais étaient totalement nouveaux pour elles. Après avoir vu ce que je faisais, j’ai réussi à aborder Michel Dorion qui a accepté, puis, finalement, après 4 ans, j’ai eu enfin une réponse positive de la part de Mado. Maintenant, les drag-queens m’abordent d’elles-mêmes pour des photos. Ça arrive aussi parfois que des danseurs me le demandent.
3. Vous photographiez les drag-queens depuis 5 ans, quel a été votre plus gros défi?
Cela a été de commencer avec des drag-queens, parce que je ne savais vraiment pas dans quoi je m’embarquais. Je suis une personne qui sait où il s’en va. Quand j’ai une idée en tête, je vais tout faire pour y parvenir. Je manque de confiance en moi et la plupart du temps, j’arrive à le faire, mais sur un coup de tête. Parfois, je me lance dans des projets et c’est après que je regarde le chemin parcouru que j’en viens à me questionner sur comment j’ai fait. Travailler auprès d’elles m’a permis de franchir des barrières. L’autre gros défi a été de reproduire les idées que j’avais en tête. Je devais songer au budget que j’allais investir pour arriver à mettre sur pied mes concepts. Maintenant, je vois plus grand que la communauté gaie. J’aimerais travailler ailleurs dans le monde. J’aimerais que ma vision de la photographie incite les gens, homosexuels comme hétérosexuels, à venir s’amuser avec ma proposition artistique. Mon dernier plus gros défi a été lorsque j’ai photographié Michel Dorion pour la première fois. Je me prenais conscience que j’étais devant un monument du village. J’étais plus impressionné que lui je crois puisqu’il me demandait ce qu’il devait faire. C’est là que je me suis rendu compte que je devais aussi être réalisateur. Cela m’a rendu plus ferme, j’étais capable de diriger. Cette expérience m’a donné de la confiance. Lorsque j’ai su que ma marque était faite, c’est quand Mado a accepté de participer au premier concept que j’avais imaginé pour elle.
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