On croit à tord que le village gai de Montréal fait office de lieu unique pour les drag-queens comme endroit où performer. Pourtant, le milieu underground, plus méconnu, a pris d’assault des salles à l’extérieur du village qui attire son public. Ainsi, ce marché ne jouit pas d’une réputation établie où un peu n’importe qui répond à l’appel. Au contraire, la clientèle qui lui est associée sait où se rendre et pourquoi elle le fait. Deux drag-queens, pourtant issue du village gai grâce à la compétition Drag-moi qu’anime Marla Deer tous les automnes depuis 6 ans au Cabaret Mado, apprivoisent depuis leur sortie le milieu underground. Il est question de Heaven Genderck, ganante de la 5e édition, ainsi que Anaconda La Sabrosa, candidate lors de cette même édition. Découvrez avec leurs yeux de jeunes recrues la vision qu’elles ont du milieu underground.
Commençons d’abord par définir leur vision d’une drag-queen underground. Heaven tout comme Anaconda s’entendent pour dire que c’est un milieu de diversité où l’aspect artistique prime davantage sur le milieu duquel on relève principalement. C’est-à-dire que même si les personnages de Heaven et Anaconda sont connus comme étant des drag-queens, ces dernières ne se définissent pas nécessairement comme tel. En effet, Heaven se considère à la fois drag-queen, oui, mais également artiste de cirque et artiste burlesque. Pour eux, le personnage transcende le reste. Pour Heaven, ce qu’il a développé pour son personnage s’apperente à tous les univers mentionnés précédemment. On pourrait ajouter de plus que les drag-queens qui oeuvrent dans le milieu underground sont pour la plupart déconnectées de ce qui se fait dans le village. Il y a alors aucune influence de part et d’autre.
Pour sa part, Anaconda salue le fait qu’on puisse jumeler l’aspect glam et trash. On peut affirmer sans se tromper que le milieu underground fait place à moins de censure car on n’a pas de « moule » à respecter. C’est un milieu dans lequel on cherche à provoquer des réactions, susciter la réflexion. Il y a donc toujours quelque chose à retirer du spectacle auquel on prend part. En effet, dans ces soirées, le public fait autant parti du spectacle. Lorsqu’on est sur scène, on s’attend beaucoup de lui. On le sait participatif car, comme ce genre de soirées n’est pas mainstream, les spectateurs on pris le temps de se déplacer et savent à quoi s’en tenir.
Tentons maintenant de comprendre pour quelles raisons le milieu underground n’arrive pas à de tailler une place au sein du village. D’abord, les deux bars du village, soit le Cabaret Mado et le bar Le Cocktail, ont définient avec les années un certain cadre. Cela fait en sorte que plusieurs artistes ne peuvent pas s’exprimer dans l’approche artistique dont ils voudraient. À l’extérieur du village, les scènes ne sont pas rattachées à un genre spécifique, donc plus d’ouverture . Cela s’avère être un couteau à double tranchant comme le souligne Anaconda puisque les artistes doivent faire plus de publicités. Il n’y aucune régularité dans les soirées comme on peut retrouver dans d’autres bars comme ceux du village tels qu’énumérés précédemment. Les salles qui accueillent des spectacles underground ne sont pas étiquettées comme des lieux où va simpement pour sortir. Quand on s’y rend, c’est qu’on sait ce qu’il y a. Selon Heaven, c’est beaucoup la réputation de l’artiste qui va attirer le public vers leurs spectacles.
Parmi ces lieux et soirées, on peut penser au Wiggle room, qui offre des spectacles burlesques et de plus en plus de drag-queens underground, au café Cléopâtre, au Cirque de Boudoir, au Fringe festival, à la soirée Miss Van Horn (un pendant underground à Drag-moi et Miss Cocktail) et j’en passe. Il va de soit que le milieu undergound est plus vaste encore. Il n’en demeure pas moins que cet article est une ouverture vers d’autres articles qui décortiqueront davantage le milieu underground, notamment avec l’entrevue de ce mois-ci sur l’artiste burlesque (et pluridisciplinaire) Rosie (Genderfck) Bourgeoisie.