Critique

Gala des drags 2017

La 3e édition du gala des drags s’est déroulée le dimanche 24 septembre dernier conjointement au bar le Cocktail et au Cabaret Mado. Au total, ce sont 22 prix qui ont été décernés. Nouveauté cette année, une académie de 19 membres a été formée. Ce sont ses membres qui ont voté pour la majorité des catégories à l’exception des spectacles de l’année et miss réseaux sociaux (par le public) ainsi que miss personnalité (par les pairs). La soirée s’est amorcée sur le coup de 19h au bar le Cocktail avec le tapis rouge mené par Gisèle Lullaby, également relayé en direct sur Facebook. Près d’une cinquantaine de drags ont foulé le tapis rouge. La soirée s’enchaînait au même endroit avec le début du gala que la légendaire Michel Dorion animait. Finalement, la soirée s’est conclue au Cabaret Mado en compagnie de l’extravgante Rita Baga. Marla Deer, qui menait la course du haut de ses six nominations, est malheureusement repartie bredouille. Elle était suivie de près par Adriana, Celes et Miss Butterfly avec quatre mentions chacune. La grande gagnante de la soirée fut Barbada qui s’est vu recevoir les grands honneurs en décrochant le titre de drag de l’année des mains de la lauréate de l’an dernier, Rainbow. Cette victoire s’inscrit parfaitement dans la continuité pour Barbada puisqu’elle a remporté le titre de Miss Fierté Canada au mois d’avril dernier à l’issu du concours qu’avait mis sur pied Rita Baga. Je vous invite à replonger dans les faits saillants de cette soirée haute en couleurs.

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Le tapis rouge s’est déroulé sur la scène du bar le Cocktail. Gisèle Lullaby a réussit l’exploit de faire défilé l’ensemble du cortège en un peu moins d’une heure. La difficulté à laquelle elle a du faire face cette année était liée au fait que les nommés n’étaient pas connu dans toutes les catégories. Lors de ses interventions, elle a jonglé avec l’information qu’elle avait tout en mettant les tenues des drags en valeur. Gisèle se dit très à l’aise de mener ce genre d’événement puisqu’elle connaît très bien le milieu. Elle sait comment aborder chaque drag-queen selon leur niveau d’aisance, de folie, etc. Ses coups de coeur pour le tapis rouge sont Peggy Sue (de loin en première place) ainsi que Tracy Trash, Ruby Doll, Zinc et Rita Baga. Pour ma part, mon top 5 est composé de Petula Claque, la famille Deer dans son ensemble, Gisèle Lullaby, Barbada et, évidemment pour moi aussi, Peggy Sue.

Michel Dorion a pris le relai en ouvrant la soirée dans un costume à couper le souffle. Elle a voulu rendre hommage à un designer qui à l’époque, en plus de concevoir des costumes pour des personnalités du milieu artistique telle que Mitsou, en fabriquait pour une drag-queen qui faisait l’animation au défunt cabaret L’Entre-Peau. Le costume était une immense robe noire entrecoupée de longues tiges cylindriques qui se recoupaient sur la tête en guise de couvre-chef. Sa robe lui a toutefois occasionnée certaines diffcultés dans ses déplacements, rendant son animation plutôt statique. Heureusement, des artistes énergiques ont su mettre de la vie dans cette première soirée. Je salue cette année une majorité de numéros livrés par des drag-queens dans un gala qui salue leur talent. Ainsi, Chouchoune a offert une performance live d’une chanson de Mika, Krystela Fame s’est attaquée à Christina Aguilera alors que Sasha a misé sur un medley de Rihanna. La première partie du gala s’est conclue avec la prestation de la très talentueuse Sylvie Desgroseillers. Les prix qui ont été remis au Cocktail étaient lip sync (Franky Dee), makeup beauté (Petula Claque), coiffeur (Joshua Belair), petite truie (Miss Butterfly), miss personnalité (ex aequo: Destiny & LaDrag On-Fly), découvrte (Petula Claque), drag de l’extérieur (Adriana), numéro solo (Miss Butterfly), spectacle de l’année au Cocktail (Michel Dorion – Le Cocktail live), originalité (Phoenix Vyxen) et l’hommage remis à Mado Lamotte qui soulignait cette année ses 30 ans de carrière. Il s’agissait pour cette dernière de son tout premier prix. Les grandes gagnantes de cette première partie sont Petula Claque et Miss Butterfly. Petula Claque se dit honorer de ses distinctions. Elle ne s’attendait toutefois pas à recevoir plus d’un prix. Celui qu’elle convoitait le plus était révélation. Une catégorie qui s’est révélée corsée puisqu’elle comportait le plus grand nombre de nommés avec un total de 17 drags. Ces deux victoires arrivent à point puisque Petula célèbre cette automne sa première année en tant que drag. Elle avoue que ces deux trophées mettent une certaine pression pour la suite des choses. Pour sa part, Érica, à l’aube de sa retraite, se dit déçue de ne pas avoir remporté le prix du spectacle de l’année au Cocktail pour Diva & some other songs. Elle avait remporté ce prix en 2015 pour un premier spectacle consacré à Annie Lennox. Cette victoire aurait bien bouclé la boucle. Elle garde néanmoins le moral et prévoit conclure sa carrière dans le cadre d’un dernier week-end où elle y performerait quatre chansons issues de son répertoire à la manière d’un best of afin de marquer ses 20 ans dans le métier. En terminant sur cette première partie, Justin Sanity marque à nouveau une première. En effet, après avoir été le premier drag-king officiellement embauché au Cabaret Mado, il devient le premier drag-king à décrocher une nomination au gala des drags. Il se dit surpris de cette nomination. Il est resté amer de sa performance lors de son audition à Drag-moi, le contraignant de se faire valoir de nouveau ce mercredi. Autant cet épisode a miné son moral que cette nomination lui donne l’adrénaline nécessaire pour mercredi.

La seconde partie du gala s’est enchaînée dans une ambiance plus festive au Cabaret Mado avec Rita Baga à l’animation. À l’instar du Coktail où les prix sont déposé sur un tabouret devant le micro, les prix au Cabaret Mado sont remis par une personnalité telle un Vanna White comme s’amuse à le dire Rita Baga. Cette année, cette tâche fut assurée par la ravissante Annie-Soleil Proteau de l’émission Salut, bonjour week-end à TVA. Animatrice de formation, Annie-Soleil avait une belle répartie et a su bien réagir à toutes les situations. Annie-Soleil n’est pas étrangère au milieu des drag-queens. Son père l’emmenait voir Michel Dorion lorsqu’elle était jeune. Elle dit que si elle avait été un garçon, elle aurait adoré faire ce métier. Je lui ai demandé si elle était « game » de le faire en tant que fille. Elle m’a répondu que oui. La paillette, ça lui parle. Elle ferait soit Britney Spears ou Tina Turner. Malgré le fait que cette portion du gala se voulait plus décontractée, Nana de Grèce a livré un message de remerciement des plus poignant. Vraisemblablement aspirée dans une spirale plutôt difficile dans sa vie privée, Nana s’était fait plus rare ces derniers temps tant sur la scène du Cabaret Mado que du bar le Cocktail. En recevant son prix, l’émotion l’a prise d’amblée. Elle recevait le prix de la petite comique mais la tournure du discours n’était pas dans les mêmes eaux. Le public a spontannément scandé son nom en guise de support. Nana a finalement livré son discours teinté de nostalgie, mais rempli de reconnaissance, dans lequel elle avouait que le scène était sa place. Elle nous faisait une promesse que nous la reverrions plus souvent. Son statut récent sur Facebook faisait état du retour des nanettes sur une base plus règulière avec une nouvelle équipe. Parmi les autres autres lauréts de la soirée pour cette portion du gala, il y avait Kitana (party animal), Rita Baga (maquillage polyvalent… Remis des mains de son amoureux), Marc-André Caron (danseur), Pascal Guilbault (designer/ costumier), Miss Daniels Vyxen (prix citron), Marco Boudreau (le 2e rôle), Peach (évolution), Rainbow (miss réseaux sociaux), Adriana (numéro de production), Celes (spectacle de l’année au Cabaret Mado pour une 2e année consécutive pour son spectacle consacré à Sia) et Barbada (drag de l’année). En performance, nous avons eu droit à des numéros de Kelly Torrieli, Jimmy Moore, Miss Daniels Vyxen, Rainbow et, à la demande du public, le numéro non prévu de Celes tiré de son spectacle lauréat du spectacle de l’année au Cabaret Mado.

Bref, le gala était bien ficelé, dans les temps avec des performances impeccables. En tant que fille de party, Annie-Soleil trouvait que le gala répondait à ses attentes et qu’elle n’y changerait rien. Les remerciements étaient parfaitement dosés entre humour, folie et émotion. Il y avait dans les nominations une belle place à la diversité, non seulement avec la présence d’un drag-king, mais aussi avec  un nombre important de citations pour des drags essentiellement issues du milieu underground telles que Anaconda La Sabrosa, Connie Lingua et Uma Ghad. À noter que cette dernière a décrocher trois mentions. Anaconda croit que cette notoriété est due en partie au concours MX Fierté Canada Pride qui a ouvert la voie à ces artistes. Elle avoue que ces nominations sont de belles surprises et elle espère que le gala continuera de saluer la différence. Elle vous invite d’ailleurs à la diffusion live de la série Dragula, une sorte de RuPaul’s drag race underground qui fait cette année le saut de Youtube à Out.Tv. La diffusion sera tous les mardis soir au Cléôpatre en compagnie de la House of Laureen. Pour voir vos artistes performer, un seul moyen: aller les voir en live. N’oubliez pas de les suivre sur les réseaux sociaux… À ce props, Rainbow démarre une nouvelle chaîne Youtube dès la semaine prochaine!!

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