Depuis le 21 janvier, près d’une cinquantaine de drags ont pris part à MX Fierté Montréal. Après huit semaines de qualifications et deux demi-finales, l’édition 2018 tirait sa révérence dimanche dernier à l’occasion de la finale qui regroupait Celes, LaDrag On-Fly, Peggy Sue, Pétula Claque, Sandra Sunshyne, Tracy Trash, Uma Gahd et notre miss Cocktail 2018 Velma Jones.
Les finalistes avaient pour mandat d’offrir un numéro de production original d’une durée de 5 minutes où, cette fois-ci, tout était permis, en plus de présenter un talent caché et de prendre part à un défilé qui illustrait le meilleur d’elles-mêmes.
Pour l’occasion, le panel de juges était composé de huit personnes, principalement des commanditaires, dont la juge permanente Michel Dorion, le designer Jonathan Grandolfo, les coiffeurs et perruquiers Martin Alarie et Joshua Belair, la gérante du Cabaret Mado Marleen Ménard, Jean-Sébastien Boudreault et Eric Pineault de Fierté Montréal ainsi que la chanteuse Laurence Nerbonne et Ivy Winters, révélée lors de la 5e saison de RuPaul’s Drag Race. Cette dernière a d’ailleurs accepté de me livrer ses impressions que vous pourrez découvrir ultérieurement.
La soirée a été ponctuée de prestations parmi lesquelles nous avons retrouvé celle de MX Fierté Canada, Barbada, et de sa runner up, l’incroyable Miss Butterfly. Comme les publications ont explosées suite au dévoilement du top 3 depuis dimanche, je vais vous dévoiler d’entrée de jeu que c’est Tracy Trash qui a remporté les grands honneurs, suivis respectivement par Uma Gahd et LaDrag On-Fly à l’issue d’une soirée de haut calibre que Ivy Winters a qualifiée de « diversifiée ». Ivy a de plus reconnu le fait que chaque finaliste avait offert du contenu original pour cette finale. Elle fut grandement impressionnée.
Voici mon dernier compte-rendu pour cette édition-ci.
TRACY TRASH
Grâce à sa victoire, Tracy se mérite une création par Jonathan Grandolfo, une perruque en vrais cheveux de Martin Alarie, une séance photos avec Jihef Portelance, une place de choix dans le défilé lors de Fierté Montréal le 19 août prochain, la chance de clôturer le T-Dance aux côtés de ses consœurs Uma Gahd et LaDrag On-Fly (incluant un budget de production de 2000$), une somme de 2000$ en argent offerte par Fierté Montréal ainsi que l’opportunité de devenir ambassadrice de l’organisme au Canada et qui sait, aux États-Unis.
Nul n’aurait cru que Tracy Trash revenait de deux semaines de vacances tellement son numéro était au point. L’hommage qu’elle a rendu au film de Mary Poppins rendait justice à tout le spectre artistique de Tracy qui nous faisait valser entre la comédie, la danse et la théâtralité.
Afin d’obtenir ce résultat, Tracy s’est entourée de sa BFF Gisèle Lullaby ainsi que de quelques-uns de ses compatriotes de la Gailaxie. Le numéro était divertissant et efficace. Elle a d’ailleurs reçu l’un des accueils les plus chaleureux de la part du public. Au-delà de la performance, Tracy nous racontait une histoire… C’était surtout celle de sa victoire qu’elle était en train d’écrire. Il s’agit pour Tracy Trash d’une digne reconnaissance d’avoir décroché la première place à ce concours. Elle est une artiste complète qui sait encore nous étonner, et ce, même après autant d’années dans le métier. C’est une artiste véritablement émue qui est venue réclamer son titre devant une foule en délire.
UMA GAHD
Malgré le fait qu’elle aime ce genre de concours, Ivy Winters a trouvé cette finale particulièrement difficile à juger. Elle considère même que les trois drag queens à s’être hissées au sommet sont autant gagnantes l’une que les autres tellement le scrutin était serré. À ses yeux, chacune d’entre elles aurait mérité sa place sur la première marche du podium.
Parmi celles-ci, on retrouve la prolifique Uma Gahd. Uma a non seulement remporté la seconde place de MX Fierté Montréal, mais elle a marqué un tournant majeur sur la représentation des drag queens… Elle l’illustre d’ailleurs très bien sur sa page Facebook: « Being a « classics » queen, who is anglo, but is also a weirdo with political convictions and hard opinions sometimes makes me feel like I exist in a grey-zone between drag communities […] I am so proud I bought politics, comedy, underground, and classic references on stage for the three rounds – and people stood up and cheered for it. This proves that there is a place for weirdos and passionate people. There is a place for all of us in drag! »
Accompagnée principalement des membres de la House of Laureen de laquelle elle fait partie, Uma a livré une autre proposition d’intérêt social. Il s’agissait d’un numéro comico-tragique parfaitement ficelé et efficace. Uma est une artiste fidèle qui sait bien s’entourer. Ce travail d’équipe se fait au service de la créativité qui jusqu’ici, a toujours su tirer dans le mile.
Là on Uma Gahd a frappé un grand coup est lors de sa présentation d’un talent caché lors duquel elle s’est attaquée à du stand-up comic orienté vers le milieu des drags et qui était, au-delà de son humour, particulièrement engagé.
LaDRAG ON-FLY
La dernière candidate à s’être hissée au sommet du palmarès est LaDrag On-Fly. De semaine en semaine, LaDrag On-Fly n’a cessé de m’impressionner. Reconnue comme une artiste énergique et flamboyante, elle a su nous en mettre plein la vue à travers des performances originales qui, comme je l’ai déjà souligné, marquent l’imaginaire.
Cette fois-ci, elle s’est attaquée aux nostalgiques en nous en proposant un numéro sur Space Jam. Elle a réussi à offrir un nouveau numéro signature qui s’inscrira certainement dans les anales de son répertoire. L’aspect divertissant, drôle et absurde du numéro lui aura permis de happer le public dès l’introduction. Ce dernier lui a répondu de belle façon en lui livrant les acclamations les plus nourries de tous les numéros accompagnées d’une ovation debout.
VELMA JONES
Voici en rafale le compte-rendu des autres autres finalistes. C’est Velma Jones qui a eu la lourde tâche d’ouvrir la soirée où la fébrilité était à son comble. Sur la chanson Stars of the Night, Velma arborait un look futuriste dans un environnement inanimé auquel elle allait donner vie. Même si à l’issue de son numéro, le personnage qu’elle incarnait semblait avoir rêvé, c’était tout le contraire pour nous. Chacun de ses figurants s’est animé dans une orgie de couleurs afin de donner vie à une chorégraphie digne d’un fluo party. Mention spéciale aux costumes et la solidité de l’équipe qui accompagnait Velma sur scène.
SANDRA
Pour la finale, Sandra a renoué avec son intensité. Il s’agissait pour elle d’un digne retour à la forme qu’on lui connaît. Elle était accompagnée pour l’occasion d’une pléiade de danseurs.
Leur prestation s’est animée sur le rythme de Dem Beats. L’uniformité était omniprésente tant dans les costumes que dans la justesse de la chorégraphie. Il s’agissait d’un numéro avec un haut taux de difficulté relativement à la précision que toute l’équipe a réussi à maintenir du début à la fin : un ravissement pour l’œil.
PÉTULA CLAQUE
Pétula s’est aventurée dans des zones peu exploitées, c’est-à-dire de performer sur une chanson francophone et de miser sur des manœuvres au ralenti. Il s’agissait d’un numéro d’ombres et de subtilités qui flirtait entre comédie et prouesses scéniques, tout à fait à l’image de la chanson de Christine and the Queens de laquelle elle est tirée.
À travers cet amalgame, il y avait un je-ne-sais-quoi d’hypnotique nous donnant l’impression de voyager dans les rêves. Cette mise en scène illustrait les tenants et aboutissants de son registre.
CELES
Son numéro n’aurait pas été complet s’il n’y avait pas eu la contribution de Marc-André Caron, son fidèle complice grâce à qui elle a réussi son ascension jusqu’en finale. Fidèle à son style, Celes a offert un numéro où la danse, et de surcroît ses danseurs, était à l’honneur tel un véritable hommage à ceux-ci.
Il y a avait sur scène une pluralité de chorégraphies qui s’entremêlaient donnant l’impression d’un véritable feu d’artifice. L’originalité de la mise en scène nous a fait oublier combien de fois nous avons vu et revu des concepts autour de la chanson sur laquelle ils se sont exécutés, l’un des classiques de Madonna, Vogue.
PEGGY SUE
Peggy avait livré une prestation avec l’énergie du désespoir lors don challenge contre Miss Daniels Vyxen qu’elle n’a pas su retrouver en finale. Néanmoins, cela n’a rien enlevé à la qualité de son numéro sur la chanson Swish Swish.
Elle a nous entraîné dans les méandres d’une chorégraphie dynamique tout en s’amusant avec son style comme elle sait si bien le faire. Il y avait un aspect spectaculaire dans ses changements de costumes qu’elle fut la seule à explorer pour l’occasion si on oublie la prestation hors compétition de Miss Butterfly, la reine en la matière.
Voici ce qui conclut cette aventure pour cette année. Je nous souhaite une nouvelle édition en 2019 et bien entendu, être de retour pour vous livrer un compte-rendu.
J’en profite pour remercier Rita Baga de m’avoir permis de renouveler l’expérience cette année et de m’avoir fait juge pour les qualifications. Je tiens également à souligner la précieuse collaboration de mon amie Geneviève Plante qui a notamment fourni les photos qui ont accompagné chacun de mes comptes-rendus. Après 13 articles dédiés à la couverture de MX Fierté Montréal, je retourne à mes activités régulières et à mes soirées « En mode drag » se met en mode drague.
Merci d’avoir été au rendez-vous!