C’est mercredi dernier, 19 septembre, qu’avait lieu le premier tour d’auditions de cette 10ème édition du populaire concours-école Drag-moi orchestré par l’incroyable Marla Deer. Afin d’ouvrir la saison, 11 drags se sont relayés devant les juges Rita Baga, présente depuis la toute première édition, et Tracy Trash, de retour en poste après quelques années d’absence. Nouveauté cette année, les juges ont un mégaphone capable d’émettre un son qui s’apparente à un cri de sirène, aussi appelé le golden buzzer. Lorsqu’il se fait entendre, cela veut dire que la personne qui vient de performer est automatiquement retenue pour prendre part à l’aventure. L’alarme a retenti pour l’une des candidates. Je vous invite à revenir sur cette première soirée d’auditions haute en couleur afin de non seulement découvrir qui est l’heureuse élue, mais qui s’inscrit comme étant de sérieux prétendants. À l’instar de la couverture de MX Fierté Canada et Montréal, je vais aborder les drags en fonction de ce que j’ai vu et non de ce que je connais pour ceux et celles ayant déjà de l’expérience.
CHARLI DEVILLE
C’est avec un costume inspiré de Thor que Charli Deville a affronté la scène pour y briser la glace. Son look de Thor arborait une esthétique rappelant les années 1970s, à l’image de la chanson qu’il interprétait sur scène, Thunderstruck, l’un des classiques d’AC/DC. Son numéro avait l’audace d’un mélange inattendu de styles, flirtant notamment avec le burlesque. À l’issue de son déshabillement, Charli Deville est passé du guerrier du royaume d’Asgard à une super-héroïne particulièrement découpé. La réaction du public fut instantanée. Charli Deville peut aisément aspirer à se tailler une place dans la compétition. Il a su démontrer qu’il pouvait interpréter à la fois un homme et une femme, alors si un défi l’emmène à explorer son côté drag-queen, il n’aura pas peur d’y aller. Malgré la grande expérience de Charli Deville dans l’univers du drag-king, il a su s’exposer à des défis qu’il s’est lui-même lancés qui justifieraient sa place dans la compétition.
JENNY TALL
Il s’agit d’un numéro dans le plaisir qu’à livré Jenny Tall. C’était langoureux et énergique. Elle était maniérée dans son interprétation, ce qui donnait un je-ne-sais-quoi à son numéro. Son numéro était bien ficelé et senti, mais avec le recul, après avoir vu les autres participants, il est difficile de penser que son numéro n’ait été suffisant afin de se démarquer du lot.
BOYART
Le personnage éclaté de Boyart est déjà défini. D’inspiration queer, Boyart s’est amusé sur plusieurs fronts. Son look androgyne amalgamé à des couleurs fluorescentes pour sa barbe et ses sourcils et l’absence de perruque épousent parfaitement l’image du personnage qu’il cherche à nous livrer. Le défi qui l’attend s’il entre de la compétition sera de travestir son alter ego pour expérimenter d’autres facettes. Le public a largement aimé, toutefois les juges ont gardé leurs réserves. S’ils souhaitent une classe mixte et diversifiée, ce candidat est un choix judicieux. L’audace dont il a fait preuve en audition est à saluer.
EMMA NU SYRIUS
Dès qu’elle a le pied sur la scène, celle-ci lui appartenait. Plus statique au début, Emma a su envouter son public par la rapidité d’exécution de ses mouvements qui venait nourrir l’attitude qu’elle imposait. Lorsqu’elle s’est mise à s’emparer de tous les racoins de la scène, il nous était impossible de se détacher de ce dans quoi elle nous entraînait. Elle avait une énergie si forte qu’elle nous essoufflait. La drive qu’elle avait sur scène ne s’achète pas. C’est ce que les juges ont reconnus face à son numéro, allant jusqu’à crier l’alarme du mégaphone pour une place automatique dans la nouvelle classe.
MAPLE SYRIP
Une audition vient avec son lot de stress. C’est malheureusement ce qui a trop transparu de la performance de Maple. Elle offert un numéro de comédie musicale. Toute la volonté y était, toutefois le lip sync n’était pas au point. Il y avait un certain manque de connaissance de la chanson, et elle ne prenait pas assez possession de la scène, elle ne se limitait qu’à des déplacements latéraux.
FAWN DARLING
Il est important dans le cadre d’une audition de prendre des risques. C’est ce que Fawn a fait. Elle a habilement présenté un numéro qui enchaînait des extraits de chansons à des extraits parlés. Elle a transposé sur scène avec elle tout son univers dans lequel elle n’a pas eu de difficulté à nous entraîner. Au-delà de son dynamisme, elle était sexy, drôle, expressive. Tous les éléments pour une prestation variée et réussie y étaient. Le public semblait gagné déjà d’avance. En est-il de même pour les juges ?
LANA DALIDA
Lana Dalida n’a rien laissé au hasard. Malgré son bagage en improvisation, tout était calculé au quart de tour dans ce numéro. Tracy Trash ne s’est pas tari d’éloges pour elle, tant pour son look polish que pour la qualité de son numéro, en la comparant même à des personnificateurs de renoms de chez nous tels que Alexandre Rémy et Monsieur Michel. Le doute de faire retentir à nouveau l’alarme a germé, mais Rita et Tracy se sont gardé une réserve vu le trop grand nombre de personnalités en audition. Il n’en demeure pas moins que Lana a offert une prestation enflammée où son caractère de drag a su faire irruption dans le numéro. Lana ne faisait pas que du lip sync, elle livrait quelque chose. Le numéro était du théâtre chanté. Véritablement, cette drag-queen a tout pour elle : drôle, habile, fluide et dégage une énergie. Lana peut être confiante d’une place pour cette 10ème édition.
WENDY WARHOL
Wendy n’en était pas à sa première audition à Drag-moi, mais en était à sa première sous cette identité. Avec près de 12 000 abonnés sur Instagram, une vidéo sur Youtube ayant générée 8 400 vues grâce à un hommage à la chanson Pancake de Jaded en plus de booking au Cabaret Mado, au Cocktail et au Purple, Wendy était sans contredit la plus expérimentée du lot de cette première soirée d’auditions avec un bassin de fans déjà gagnés. Si on en revient à son numéro d’audition, Wendy avait une confiance inébranlable appuyée par sa présence scénique, son aisance, son dynamisme et son expression faciale, grandement accentuée par son maquillage. Le seul facteur qui pourrait jouer contre elle n’est pas son talent, mais si les juges ne voient pas ce qu’elle irait chercher en participant à Drag-moi en raison de son expérience.
ROCK BIÈRE
C’est avec auto-dérision face à son propre nom de scène que Rock Bière a fait les auditions. Sous les traits d’un personnage vraisemblablement saoul, Rock a mis en scène une scénette humoristique parfaitement orchestré. Le numéro était amusant, décontracté, sans prétention, mais tellement bien livré. Le public à scandé le golden buzzer. Le public n’a su résister à son charme… Tracy non plus d’ailleurs. Il ne reste à voir si les deux juges s’entendront à l’issue des deux rondes d’auditions.
RAWBIN
Annie Lennox arborait une esthétique différente sous les traits plus sombres de Rawbin. Il y avait de l’agressivité dans son interprétation, donnant davantage de vie à son numéro. Toutefois, ses mouvements sur scène étaient répétitifs et pas assez vivant. Il faut néanmoins saluer son look, un une-pièce carotté magnifique. Malgré tout, on sent chez Rawbin une signature qui pourrait venir nuancer chaque défi si elle joignait à l’aventure.
KAMA LEOON
Dès qu’elle a mis le pied sur la scène, le public hurlait. Son look androgyne et provocateur épousait parfaitement sa proposition artistique. Sa perruque rappelant les années 1980s fut rapidement mise de côté pour faire place à une longue tresse qui s’agençait très bien à son look de dominatrice. Elle était enivrante, animée et d’une aisance remarquable. Malgré une féminité assumée dans les mouvements, Kama a conservé un aspect plus masculin en sa moustache. L’amalgame faisait place à un tout audacieux, mais tellement assumé qu’il nous était impossible de ne pas adhérer à sa proposition. Ce numéro clôturait parfaitement la soirée.
Malgré le fait qu’une candidate ne se soit pas présentée à son audition, 16 drags sont toujours en lisse pour le second tour d’auditions afin de se tailler une pace dans la compétition. Nous aurons la chance de les voir se produire mercredi prochain, le 26 septembre. Bien des choses demeurent mystérieuses sur le chemin qu’empruntera le concours pour cette édition-ci… en espérant que nous en apprenions plus la semaine prochaine pour nous mettre l’eau à la bouche.