Miss Butterfly

Artiste du nouveau millénaire, c’est en 2000 que Miss Butterfly prend son envole artistique. Comparativement à plusieurs drag-queens de sa génération, elle ne s’est pas fait connaître par l’intermédiaire de concours. Si aujourd’hui Miss Butterfly s’inscrit parmi les drags les plus en vue à Montréal, cela n’a pas toujours été le cas. Sa carrière à débuté à une époque où une barrière existait entres celles qui s’identifiaient comme drag-queen et celles qui se définissaient comme personnificateur féminin. Maintenant qu’elle a atteint l’âge de la majorité artistique (18 ans), je vous invite à survoler l’ensemble de la carrière de Miss Butterfly à travers un beau et long parcours en continu.

Dès ses premiers battements d’ailes, Miss Butterfly savait que son nom de scène allait être celui-ci. La référence aux papillons fait non seulement écho à son enfance où elle s’amusait à les attraper dans un champ près de la résidence familiale, mais également à tout le cycle évolutif par lequel ils passent. Miss Butterfly est d’avis qu’il faut être en constante évolution, qu’il ne faut en aucun temps s’asseoir sur ses lauriers. En ce sens, la référence aux papillons répond tout à fait à cette vision : d’abord une chenille, puis devient un cocon avant d’éclore et se transformer en papillon. Le papillon a, de plus, un large éventail de particularités qui lui est propre et que Miss Butterfly aime apparenter à son personnage de scène. D’abord, il y a toutes les couleurs que l’insecte peut avoir. Ensuite, il y a la différence entre un papillon de jour et un papillon de nuit. Finalement, il y a toute l’ambiguïté entourant le genre d’un papillon, qu’on ne peut pas définir d’un simple regard. À l’origine, le maquillage de Miss Butterfly ressemblait à un loup ayant les traits de papillon qui s’étendait autour de ses yeux.

L’incursion de Miss Butterfly dans l’univers du drag relève d’un pur hasard. À l’époque, son meilleur ami d’enfance lui avait demandé d’agir comme modèle car il étudiait en maquillage. Elle accepta la proposition de son ami. Ils sortirent, maquillés, au Unity. Une fois sur place, le propriétaire de l’établissement fut happé par leur dynamisme et leur énergie sur les podiums. À leur grande surprise, il leur proposa un contrat dès la semaine suivante pour venir faire un numéro. Intrigués et attirés par le défi, ils acceptèrent la proposition. Il y avait néanmoins un sentiment d’insécurité puisqu’être maquillé est une chose, mais interpréter un numéro en est une autre. Une fois le grand jour venu, Miss Butterfly se fit maquiller par son ami, mais ce dernier n’a pas pris part à l’aventure. Miss Butterfly a alors foulé les planches seule. La réception du public fut immédiate. Un premier battement d’aile qui allait avoir des répercussions sur l’avenir de professionnelle de Miss Butterfly.

Les choses se sont rapidement enchaînées pour Miss Butterfly. Dès ses débuts, Twilight l’a invité à faire une prestation à Trois-Rivières. Son début de carrière coïncidait également avec la réouverture du complexe Sky. Miss Butterfly y a travaillé en alternance avec l’endroit qui l’a vu naître, le Unity, durant plus d’une décennie. L’ouverture du Cabaret Mado à la même époque a redéfini l’approche artistique chez les drags, permettant à Miss Butterfly de joindre rapidement l’équipe du Mardi à Mado suite à son passage au concours Star search qu’elle n’a pas remporté. Cette proximité avec Mado a permis à Miss Butterfly de faire en 2004 son premier d’une longue série de numéros présentés dans le cadre de Divers/cité jusqu’à la chute du festival il y a quelques années.

Plusieurs belles opportunités se sont présentées à Miss Butterfly au fil de sa carrière. Outre ses participations à Mascara, Illusion et autres spectacles en solo présentés tant au Cabaret Mado qu’au Cocktail, elle a eu la chance de présenter un spectacle à l’Olympia très tôt dans sa carrière, soit en 2005. Après la décision du complexe Sky de cesser les spectacles de drag-queens, Miss Butterfly s’est aussitôt faite recruter au Cocktail par Michel Dorion aux côtés de qui elle a animé Deux folles en or avant que la soirée du jeudi ne devienne la sienne, Butterfly de nuit. Toutefois, le couronnement pour Miss Butterfly est certainement le spectacle qu’elle présente depuis 8 saisons à Puerto Vallarta. En effet, suite à un voyage au Blue chairs resort by the sea, Miss Butterfly a découvert que l’hôtel proposait des spectacles. Or, la qualité pouvait être revue. C’est ce que Miss Butterfly a proposé, lui ouvrant la voie vers une confiance absolue des propriétaires de l’établissement. Désormais, l’hôtel héberge un cabaret qui porte le nom de la drag-queen montréalaise. Miss Butterfly y retournera d’ailleurs tout l’hiver pour y présenter un tout nouveau spectacle.

Du côté de ses inspirations, Miss Butterfly est continuellement influencé par son environnement et les gens qu’elle côtoie. Au cours de sa carrière, elle a néanmoins été interpelé par Kevin Aviance et plus près de chez nous, les artistes Velma Velours, Manny, Kiki, Lips, Jay Aviance et autres personnalités au style éclectique, underground et plus « flyé ». C’est en côtoyant ces personnalités que Miss Butterfly a pu participer notamment à quelques éditions du Black & Blue.

Lorsqu’une carrière s’échelonne sur près de deux décennies, il est difficile de revenir sur tout. J’espère néanmoins que ce portait vous a permis de découvrir… ou redécouvrir Miss Butterfly.

Retrouvez Miss Butterfly tous les jeudis 22h au bar le Cocktail.

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