Article écrit par Edward Sanger
Quand on voit une performance, un show ou une vidéo de drag, on ne voit pas seulement un personnage joué, mais toute l’expérience et l’histoire d’un artiste qui se produit au-devant de la scène. Le résultat peut en surprendre plus d’un.
J’accompagne une drag-queen au nom de Démone LaStrange. Auparavant, j’ai fait une entrevue chez elle pour un devoir de journalisme. Pendant qu’elle se maquillait, j’ai pu écouter toute son histoire. L’origine de son personnage, qui l’a inspiré, comment elle arrive à se démarquer maintenant, ses proches et plusieurs autres anecdotes. Lors de certains passages, malgré la neutralité qu’un journaliste se doit d’avoir durant une entrevue, je n’ai pas pu retenir une larme face à tant d’émotions.
Je pars avec elle en métro pour aller au The Diving Bell Social Club. Une fois arrivé sur place, je monte les nombreuses marches. La salle est neutre et plongée dans l’obscurité avec un faible éclairage. Au fond, une scène avec deux portes qui mènent vers les loges. L’ensemble de l’endroit est inondé de chaises, de tables et quelques banquettes. De l’autre côté, un bar sympathique avec une station de limonade maison délicieuse.
Je commande un cola et prépare mon appareil photo. Je me dirige vers l’une des loges et j’aperçois Abby Long, l’animatrice de la soirée qui se préparait, munie d’un sourire charmant, qui me remercie de prendre des photos pour son premier anniversaire en tant que drag. Cela me fait plaisir, car c’est une occasion de découvrir de nombreux talents. Je n’allais pas être déçu.
Entre Démone LaStrange avec un numéro gothique, un de ukulélé avec Treasure Trail, une performance mignonne avec Uma Gahd et la voix enchanteresse d’Abby Long, accompagnée d’airs de piano, impossible de dire laquelle fut ma préférée durant cette soirée.
Derrière le personnage
On a tous été témoins de la transparence des candidates de RuPaul’s drag race. Toutes les participantes ont montré plusieurs styles, talents et histoires touchantes qui sont venues nous toucher droit au cœur. Plus les saisons s’enchaînent, plus on s’attache aux concurrentes.
Mais, on ne peut pas dire qu’on est un fan de drag-queen juste en demeurant derrière notre écran. Il faut au moins aller les voir performer sur scène afin d’en ressortir bouche bée.
La première fois que j’ai vu un show de drag-queen, c’était au Cabaret Mado. J’étais avec Stella Stone et un couple de jeunes filles anglophone. Nous avons sympathisé et avons bu quelques verres pour se mettre dans l’ambiance. Mais quand j’ai vu défiler, danser et interpréter des artistes de grands talents, je suis ressorti du bar avec des étoiles dans les yeux. Cela a été mon baptême de drag et mon début en tant que photographe de drags. En enchaînant les soirées dans les bars, j’ai découvert plus qu’un simple spectacle.
Voir des grandes pointures telles que Jimmy Moore et Michel Dorion, photographier un spectacle de burlesque latino animé par Anaconda de LaSabrosa, découvrir l’univers des drag-kings grâce à Hercule Sleaze et Rock Bière ou encore, apprécier la diversité suggérée notamment par Wendy Warhol, Néon et LaDonna Stone ont été tant d’occasions qui m’ont éveillé à tout un monde qui me plaisait de découvrir de fois en fois.
À une autre époque, cet art était malheureusement très mal vu par notre société. Ce n’était pas rare d’entendre des commentaires répréhensibles et de préjugés.
Aujourd’hui, en 2021, grâce à la diversité issue de modèles variés comme Lady Bunny, Devine, Mado Lamotte ou encore Diego Garijo (lutteur et drag-queen), faire du drag est un art pour sensibiliser, montrer un message, faire découvrir une autre facette de sa personnalité et mettre de l’avant qui on est. Comme dirait Sally-D : « il n’y a pas d’âge pour en faire. »

Alors, si l’envie vous vient de voir un spectacle produit par des artistes au style et au look époustouflants, vous n’allez pas être déçu de prendre un cocktail et crier à plein poumon.