- MX FIERTÉ MONTRÉAL 2019
- Mercredi 20h – du 13 février au 15 mai
- Cabaret Mado
- Animation : Rita Baga
- Présenté par le Cabaret Mado & Fierté Montréal en collaboration avec la boutique Mistr bear, Jonathan Grandolfo, Martin Alarie & Jihef photos
La compétition ne montre aucun signe d’essoufflement ces dernières semaines. Il devient de plus en plus difficile de prédire l’issue des résultats. Cette semaine, c’était au tour d’Aleera, Kitana, Lady Guidoune, Miss September, Sasha Baga et Scarlett Business de s’exécuter sur les planches du Cabaret Mado dans l’espoir d’obtenir une place en demi-finale. La soirée a obtenu son meilleur taux d’entrées avec une assistance de près de 150 personnes. La candidate qui fut élue par le public, Scarlett Business, le fut avec 50% des voix, un record à ce stade-ci de la compétition. Pour leur part, les juges, Nana, accompagnée cette semaine de l’ex drag-queen et designer Pascal Guilbault ainsi que de la gagnante de MX Fierté Montréal 2018 Tracy Trash, ont demandé à ce que les règles soient exceptionnellement modifiées afin de faire passer deux concurrentes, soit Kitana et Sasha Baga, alors que normalement, cela n’est possible que lorsque 7 drags prennent place dans l’arène. Des semaines plus serrées ont eu lieues jusqu’à maintenant où cette entourloupette aurait davantage eu sa raison d’être… il est difficile de croire que les juges aient décidé cette semaine de retenir deux personnes. Je vous invite à replonger dans ce premier tour de piste en mots et en images grâce à la lentille de Bruna Florio.
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SASHA BAGA
Capable d’offrir des numéros de grande intensité sans fioriture, Sasha Baga s’est piégée elle-même lors de son premier numéro sur la chanson All hands on deck. D’abord, ses lentilles cornéennes blanches rendaient difficile de percevoir où se posait son regard, ce qui occasionnait un détachement avec le public. Le fait d’avoir fait l’interprétation de sa chanson avec un micro détournait l’accent qui aurait dû être porté vers son lip-sync. Néanmoins, Sasha a plus d’un tour dans son sac et son charisme scénique a su opérer afin de palier à ces petites lacunes, tant dans ce cas-ci que dans le numéro suivant sur la chanson Dancing. Sasha jouit d’une maîtrise globale, c’est-à-dire où sa présence, son look et son makeup forment un trio d’émerveillement duquel le public ne peut être insensible.
MISS SEPTEMBER
Miss September a encore certains rouages techniques avec lesquels se familiariser afin d’obtenir un résultat encore plus impeccable, notamment avec son utilisation du micro, utilisé en début numéro avant de disparaître soudainement, et l’accessoirisation superflue. Définitivement, elle a su nous charmer grâce a la maîtrise de ses chorégraphies sur le rythme des chansons Smooth operator et Knock on wood. On sent qu’elle est une artiste faite pour la scène puisqu’elle est consciente de tous ses profils lorsqu’elle exécute ses chorégraphies.
KITANA
Kitana a livré deux numéros diamétralement opposés. Son premier numéro sur les chansons Skycraper et Wildest dream mettait en scène une jeune femme malade qui allait au bout de ses rêves avant d’être emporter par la mort. La construction de l’histoire, la mise en scène et son intensité lui auront été favorables. Lors de son second numéro, Kitana a offert une version revisitée de la chanson And I’m telling you I’m not going tirée de son univers décadent. Il s’agissait d’un numéro maîtrisé, comique et parfaitement assumé. Elle s’est amusée à se servir de son corps, ici représenté par un body suit aux attraits féminins, pour atteindre certaines notes dans la chanson lorsqu’elle flattait ses tétons ou sa zone pubienne par exemple. Mention spéciale également à la maîtrise de son lip-sync.
SCARLETT BUSINESS
Cette artiste pluridisciplinaire est littéralement venue brouiller les cartes de la compétition. Méconnue du public, Scarlett avait le champ libre pour surprendre. L’art du drag devenait un nouveau prétexte pour décliner le contorsionniste en elle dans un nouvel univers. On sentait qu’elle était là pour gagner. Jamais elle ne s’est laissée déstabiliser. Elle était en contact continu avec le public. Son aisance et sa synchronicité laissaient croire qu’elle était la chanson qu’elle venait défendre, qu’elle était Bulletproof. Son retour sur scène sur la chanson Dose n’était moins surprenant. Je crois que le seul mot qu’il faut retenir de ses propositions est « WOW ». Le public était sous le charme. Elle a d’ailleurs eu droit à de chaudes acclamations.
ALEERA
Aleera est une drag-queen pour qui le look occupe une place prédominante. Elle a offert des performances léchées sur les chansons Paris (Oh la la) et My heart gets all the breaks sans toutefois qu’elle n’ait su leur insuffler ce petit je-ne-sais-quoi nécessaire à transcender l’aspect visuel de ses propositions. Pour son premier numéro, Aleera arborait un look à travers duquel la femme chat rencontrait le joker. Pour son second numéro, elle a offert un classique de son jeune répertoire où la synchronicité de ses mouvements face à la chanson étaient d’une rare efficacité, rendant le tout saccadé, qui n’était pas sans rappeler l’esprit d’un vidéoclip. L’importance de la performance était d’autant plus nécessaire dans son cas puisque ces choix de chansons étaient méconnues de la part du public, celui-ci ne pouvait donc pas s’y reposer pour embarquer avec elle.
LADY GUIDOUNE
Issue de la Gailaxie, Lady Guidoune avait déjà une réputation d’improvisateur qui le précédait. Son sens de la comédie lui aura été favorable. Pour sa première chanson, sur Into you, Lady Guidoune s’est attaquée à un mixage musical trop imposant considérant qu’elle en était à ses premiers pas sous les traits de son alter ego. On a senti les difficultés causées par la complexité de son lip-sync. Pour sa seconde prestation, l’ensemble du numéro, basé sur la chanson Proud Mary, tant la mise en scène que le look, n’était pas sans rappeler celui livré par Mama Denise lors de la première semaine de la compétition. Heureusement, Lady Guidoune a su renouveler l’offre en y insérant une partie humoristique hilarante. On l’entendait se questionner sur ce que se ferait une drag-queen d’expérience à ce stade du numéro. Cette proposition satirique était particulièrement intéressante. Le fil pourrait d’ailleurs facilement être exploité pour en faire un spectacle complet.
Seulement cinq concurrentes sont encore dans la course… nous saurons la semaine prochaine qui seront les deux dernières drags à se joindre aux demi-finalistes. D’ailleurs, le tirage au sort pour répartir les candidats se fera toute suite après cette finale du premier tour de piste. Cela veut donc dire que c’est une soirée à ne pas manquer. Le calibre ne descend pas, au contraire, l’étau se resserre alors qu’Emme Dejavu, Kelly Torrieli, Petula Claque, Sandy Hart et Will Charmer sautent dans l’arène.