Article signé par: Jess Corneau
Samedi dernier, le 5 octobre, avait lieu la dernière de trois représentations de Are you there Margaret, it’s me Gahd., le one-woman show d’Uma Gahd. Titré en référence au livre de Judy Blume, à mi-chemin entre le théâtre, la comédie musicale et le stand-up, Gahd s’est présenté à nous dans toute sa splendeur. Si quelqu’un.e se demande encore pourquoi cette drag queen bien connue possède le titre de meilleure drag queen de Montréal (cult MTL 2019), reine du Canada (werrrk.com 2019), meilleure drag hors-village et, surtout, meilleur lip sync de l’anné (gala des drags de Montréal 2018), illes auraient dû voir ce bijoux de spectacle.
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Assise avec nous, dans le public, en jouant à Candy Crush, Uma Gahd commence son monologue. Elle attend Margaret, qui ne se présentera jamais. Ainsi débute un récit à mi-chemin entre la biographie et la fiction, faisant parfois des clins d’oeils à ses fils Charlie (Deville) et Slick (Hardwood), nous racontant les moments importants de sa vie dans une ambiance qui rappelle En attendant Godot, de Beckett. Pendant une heure, on assiste aux témoignages d’une femme bien simple, que tout le monde connaît. Toujours sous le couvert naïf qu’on lui sait, Uma Gahd raconte avec intelligence, humour et aplomb sa vie; et rien de plus.
Elle sait jouer avec le public, c’est une drag à temps plein, et elle utilise cet atout pour communiquer avec la salle, en nous rappelant que nous sommes en famille, qu’il est permis de réagir. On passe du théâtre au spectacle de cabaret. Uma prend son micro et verse dans la comédie dramatique. Puis arrivent les lip syncs. Marionnettes en main, une pour l’opéra, l’autre pour le jazz, Gahd performe The Girl In the 14 g, classic de Kristin Chenoweth. Toujours rusée, la comédienne sait choisir ses chansons comme ses défis! En interprétant Getting Married Today, elle s’attaquera avec une précision millimétrique à la chanson qui, jusqu’en 2015, était reconnue comme ayant le couplet le plus rapide de l’histoire de la musique avec 68 mots en 11 secondes!
Co-dirigé par son complice de toujours, Noah Gahd, on entre dans une intimité sans temps mort, dans un spectacle de variété que, peut-être, Uma Gahd s’est offert à elle-même. Sans surprise, le ton plus politique était aussi au rendez-vous. Surprenant, toutefois, que la comédienne insiste sur un propos éminemment féministe. On la connaît pour ses opinions queers, mais cet insistance sur le féminin est venu ajouter à l’illusion du personnage. Illusion qu’elle ne brisera qu’une seule fois, quand elle demande à un homme s’il serait prêt à mettre un costume pour défendre le féminisme, clin d’oeil à ce que Gahd est elle-même en train de faire.
Et puis voilà, tout était là: humour, émotion, lip sync, théâtre, comédie musicale. Tout ça, dans un long monologue qui a emporté le public dans une histoire de drag, mais aussi dans l’histoire des drags. En revisitant presque tous les genres classiques de l’art de la drag et en concluant avec un classic numéro de club, sur Women’s World, de Cher, on peut dire qu’Uma Gahd à fait tout un tour du chapeau. Chapeau qu’on voudra bien lui lever!