Portrait

In memoriam | Dream

Comme le disent si bien les paroles de la chanson de Fitz and the Tantrums, Out of my league, c’était « more than just a dream ». Ce sont des amis qui l’ont inscrite au feu Star search, un concours qui faisait les beaux jours du Cabaret Mado dans ses premières années, permettant à l’emblématique institution de voir émerger de nouveaux talents. L’iconique drag-queen, désormais établie à Québec, célèbre cette année sa majorité artistique. En cette période de confinement, Dream m’a offert la chance de m’entretenir avec elle et ainsi survoler l’ensemble de sa carrière depuis ce fameux soir de 2002 où elle remporta les grands honneurs.

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À l’image de Dorothée dans The Wizard of Oz, c’est une véritable tornade qui l’a propulsé dans cette industrie du divertissement. Cette spirale aurait pu s’avérer cauchemardesque, mais Dream a su rapidement bien s’entourer, lui assurant une forme de sécurité. Plusieurs personnes ont jalonné son parcours dont principalement sa mère spirituelle et sa mère de scène, nulle autre que la reine des nuits de Montréal, Mado Lamotte. Après un certain temps à faire les 400 coups dans la métropole québécoise, Dream a senti le besoin de se ressourcer. C’est alors qu’elle migrera vers Québec. Sur cette route qui s’est révélée à certains égards plus sinueuses que prévues, Dream s’est raccrochée sur des personnes importantes dans ce parcours. D’hier à aujourd’hui, de Montréal à Québec, Dream tient à remercier notamment Alix de Courcy, Gerry Cyr, Gisèle Lullaby, Kimber Lay, Luc Leblanc, Marla Deer, Mary Kay, Megan Cartier, Nathalie Dumont, Nicole Lamotte, Rita Baga et Tracy Trash.

La mise en abyme qui unit Dream à son nom de scène est savoureuse. En effet, c’est lors d’un rêve qu’elle s’est vu entamer cette carrière. Il lui était donc tout naturel d’adopter ce nom. Il lui a rapidement collé à la peau. Il fut pendant longtemps l’emblème de la soirée du dimanche, Dream académie, ainsi que de tous ses produits dérivés, de Dream académie dans le parc à Dream académie sur la route, en passant par les Dreamies.

Dream académie se voulait une formule revampée du concours Star search qui l’a vu naître, c’est-à-dire une tribune pour les drags de relève. Rapidement avec cette soirée, Dream a forgé un esprit de corps. Plusieurs artistes encore établis aujourd’hui y ont vu le jour parmi lesquels on retrouve notamment l’une de ses premières filles, Kelly Torrieli. Aujourd’hui, sa famille est complétée par son autre fille, Nicky Gee, qu’elle a adoptée une fois arrivée dans la Vieille Capitale. Dream demeurera éternellement fière de celles qui ont fait leur début lors de sa soirée et malgré la distance qui les sépare, elle se plaît à suivre leur carrière. Elle en tire une fierté incommensurable. Quelques-unes prennent part à ses soirées du vendredi, au bar le St-Matthew’s, qui ont reprises le nom qui a fait sa réputation, Dream académie.

Alors que le défunt festival Divers/ Cité brillait grâce au méga spectacle extérieur Mascara – La nuit des drags, mené par Mado elle-même, auquel prenait part Dream, Fierté Montréal se cherchait un pendant à plus petite échelle pour son festival. C’est alors que Jean-Sébastien Boudreault a approché Dream pour lui a proposer un concept de spectacle aux ambitions similaires qui serait présenté au parc Émilie-Gamelin, adjacent le métro Berri-UQAM aux intersections des rues Berri et Ste-Catherine. Le spectacle a connu un succès quasi instantané grâce à la rigueur et l’investissement orchestrés par les drags de la relève qui y prenaient part.

Dream académie sur la route était une belle occasion de sillonner les routes du Québec et d’aller performer dans les bars LGBTQ+ en région, de Québec à Sherbrooke, ainsi que dans toutes autres institutions qui voulaient bien les accueillir comme l’Université du Québec à Rimouski.

Finalement, les Dreamies, le gala officiel de la communauté drag. Une idée qui, à première vue, pouvait paraître saugrenue, mais qui au contraire, s’est avéré un parfait complément à un besoin omniprésent dans la communauté drag: reconnaissance, rassemblement, support, extravagance et… glamour. Pour arriver à mettre sur pied cet imposant événement, Dream a joui de l’aide de deux personnes clés, soit Marleen Ménard et Sébastien Roy, le gérant du Unity à cette époque. Ce dernier lui a consacré temps, amour et confiance, ce qui a permis à Dream d’offrir des éditions emblématiques de son gala. La proposition était complète, du tapis rouge à l’after party. Il s’agissait d’un hymne à la communauté drag, mais également une belle façon de célébrer tous les artisans qui gravitent autour d’elle.

Quelques temps après le départ de Dream, Rita Baga, en collaboration avec Michel Dorion, a ressuscité le concept dans une version actualisé, appelé simplement le Gala des drags, réunissant ainsi les deux principales bannières du village gai de Montréal qui présentent des spectacles de drags, soit le Cabaret Mado et le bar le Cocktail.

Parmi les autres réalisations notoires de Dream, on peut compter sa participation au défilé de la Pride de San Francisco alors qu’elle représentait Montréal ainsi que ses trois opportunités en solo dans les rangs de celle de Toronto, sur son propre char allégorique. Il s’agissait d’événements grandioses, difficiles à oublier.

Dream fonctionne d’une manière particulière pour ses performances. Elle est vraiment quelqu’un d’instinctif qui doit ressentir une véritable connexion avec la chanson qu’elle va défendre. Elle doit la sentir jusqu’au moment de monter sur scène. Dans ce contexte, Dream n’a pas particulièrement de préférence pour ce qui est de l’artiste ou du genre. Comme diraient Fabienne Thibeault et Richard Cocciante, « c’est une question de feeling ».

En ce temps de confinement, il ne vous sera pas possible d’aller voir Dream sur scène avant un certain temps… toutefois, il vous sera possible de la voir dans le cadre du spectacle virtuel de la famille Lamotte, animé par Kitana, qui sera présenté mercredi prochain, le 8 avril, alors que plusieurs membres de la famille se joindront à la fête, dont quelques-unes qui feront un retour tout en paillettes pour la première fois depuis leur retraite.

Le portrait a été réalisé en 2020, ne couvrant donc pas la carrière de Dream jusqu’à son décès au mois de février 2022. Néanmoins, il sert à la mémoire collective afin qu’on se rappelle de cette personnalité emblématique, tant du Village que de la communauté LGBTQ+

Merci Dream -xx-

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