Dossier

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DOSSIER – RETOUR SUR MA PERFORMANCE: L’ÉMANCIPATION DE MON ALTER EGO

Depuis la récente édition de ma levée de fonds qui s’est tenue 15 juin dernier, il y a un élément relatif à ma performance qui m’obsède. C’était pourtant la 4ème fois que je prenais les traits de mon alter ego, Ludivine Grey. J’avais beaucoup appréhender mon look et le numéro que j’allais faire. Les dernières performances que j’ai faites étaient en mon sens trop statiques. J’avais l’impression qu’en optant pour un muméro plus sensuel, ça me permettrait d’en faire plus. Cela faisait déjà un certain moment que mon choix de costume était fait, mais rien n’est plus concret que lorsqu’on le revêt avec la coiffure et le maquillage. Je me suis toujours considéré comme quelqu’un de pudique. Après m’être regardé dans le miroir une fois ma transformation complétée, on aurait dit que je n’assumais plus les choix que j’avais fait. Mon costume révélait beaucoup de mon intimité que je ne voulais soudainement plus exposer. Pourtant, l’un des éléments qui me freine le plus dans ma pudeur était rasé, je n’avais plus de pilosité. Pourtant, sous les traits de Ludivine Grey, j’avais l’impression de ne pas m’assumer suffisament comme si quelque chose me retenait encore. J’ai voulu à travers un article plus intimiste explorer ce filon en revenant sur ma dernière expérience. Les lignes qui suivent seveulent davantage une réflexion qu’une observation concrète.

 

Le fait d’avoir fait ma performance avec l’un de mes meilleurs amis et sans doute mon plus fidèle complice des dernières années m’a grandement réconforté dans mon insécurité. Après avoir pris connaissance de la vidéo de ma performance, je me suis aperçu de l’inconfort que je vivais (sans doute moins grand que celui que mon ami allait vivre queleques instants plus tard). À un certain moment, il y a eu un déclic. Je savais que le public qui était dans la salle était en majeure parfie des amis. Des amis de longue date pour la plupart. Des amis qui m’ont suivi malgré qui j’étais et les choix que j’ai pu faire. Des amis qui ont accepté mon homosexualité comme ils ont accepté de me voir personnifier mon alter ego. Alors que Rita avait oublié un instant mon de scène, toute la salle lui a rappelé en coeur. Suite à cette prise de conscience, je ne pouvait pas décevoir. Elle m’aura servi à déstabiliser mon ami en lui enlevant son chandail sur scène. J’ai senti que Ludivine cherchait à s’émanciper.

Après ma performance, je suis allé rejoindre mes amis dans la salle afin de profiter du reste de la soirée à leurs côtés. Je me souviens exactement du sentiment de fierté que j’éprouvais à ce moment-là. La réaction de mes amis ne pouvait que me donner davantage de confiance. Tout cet enthousiasme nourrissait un désir d’en offrir plus à mon alter ego. Je me suis senti en symbiose avec Ludivine. J’avais compris que la personne que les gens scandaient n’étaient pas moi, mais bien Ludivine, même si l’événement servait à souligner mon travail. J’ai donc connecté avec ma féminité afin de rendre justice au look qu’arborait Ludivine ce soir-là. Ma pudeur s’était refoulée. Je voulais être belle. Je savais que si je me résorbais derrière ma pudeur, Ludivine ne pourrait jamais grandir. À l’aube d’un projet qui me mènera vers YouTube, j’avais besoin de cette prise de conscience. On reproche à tort tous ceux qui défendent un personnage plus sexualisé, exhibitionniste, trash et autre, mais cela ne se fait jamais sans sacrifice. Il y a tout un cheminement qui précède cet aboutissement. Il ne faut pas l’oublier. Il faut s’avoir s’oublier soi et garder à l’esprit que le personnage qu’on met de l’avant est une extansion de soi, un fantasme idéalisé de ce que nous voudrions être peut-être, mais il demeure tout de même à une certaine distance de ce que nous sommes. Au final, ce que je peux affirmer, c’est que Ludivine Grey est officiellement née. Rita m’a mis au défi pour l’an prochain: chanson en anglais avec 4 danseurs. Je serai prêt!!

DOSSIER – LES DÉBUTS DANS LE MÉTIER AVEC 3 COUPS DE COEUR DE MX FIERTÉ CANADA PRIDE

 

Comme chaque personne est unique, il est utopique de penser qu’avec cet article, j’ai la prétention de déternir la vérité aboslue. Je m’intéresse véritablement au métier de drag-queen et je le respecte à titre d’art de la scène. Depuis les dernières années, il y a un foisonnement de l’offre. Pour un jeune artiste qui émerge et qui cherche à s’exprimer, comme le souligne Adriana, il doit véritablement se poser la question à savoir s’il a quelque chose de plus à apporter à cet art. Dans cet optique, chaque parcours devient intéressant. Un artiste de la notoriété de Michel Dorion, Nana de Grèce, Rita Baga, Tracy Trash, Miss Butterfly, Barbada et autres drag-queens de cet acabit n’est pas issu d’un moule duquel résulte des artistes préfabriqués. Il y a eu l’étincelle, comme un appel artistique, puis les années ont façonnées le personnage, le style et ce dont on cherche à défendre comme personnalité. Le coucours mis sur pied par Rita Baga, MX Fierté Canada Pride, a été le bassin d’une variété d’artistes de tous les horizons. C’est à travers ce concours que j’ai découvert une nouvelle génération d’artistes inspirée et inspirante. C’est donc avec trois de mes coups de coeur issu de ce concours, Adriana, Krystela Fame et Ruby Doll, que j’ai voulu aborder les motifs qui poussent une drag-queen à joindre le métier.

Avant de m’intéresser à ce sujet, je croyais que les drag-queens avaient pour la plupart un bagage scénique derrière elle. Hors, parmi nos trois protagonistes, seule Krystela a véritablement une expérience concrète alors qu’elle cumule des annés d’expériences tant en théâtre qu’en chant. Toutefois, l’art s’exprime sous différentes formes. Le métier premier de Ruby Doll se situe en couture. Il y a dans ce domaine une expertise qui lui permet d’aborder le métier de drag-queen autrement. Pour Ruby, il est important que ce qu’elle offre lors d’une prestation soit une conception complète car sa vision du métier de drag-queen se rattache à l’artisanat, donc qui est fait à la main. On peut donc en déduire que ce qui jalonne sa proposition comme artiste relève de cet aspect. Elle place l’esthétisme avant tout, ce qu’elle cherche à projeter.

Lorsqu’on reste collé ce ce qui se fait couramment, on finit par ne plus s’y retrouver. C’est ce qui est arrivé à Adriana. Après avoir dansé pour plusieurs drag-queens au bar Le Drague de Québec, Adriana a finit par développer ses propres idées. Malheureusement, celles-ci semblaient incomprises par ses collègues car elles ne correspondaient pas à leur style. Dans le cadre d’un projet au collège, Adriana avait mandaté sa future mère drag, Stivy, afin de lui faire un maquillage. Il y eût une révélation à ce moment pour Adriana qui s’est aperçu que son visage en femme lui offrait une perspective différente. C’est à ce moment que s’est entamé son processus créatif alors qu’elle s’est mise à mixer ses concepts à sa nouvelle allure.

Ce qui unit Adriana, Krystela et Ruby est certainement que leur début de carrière comme drag-queen a débuté parcequ’elles fréquentaient les bar. Krystela a opté à un certain moment dans sa vie pour une réorientation de carrière qui l’a considérablement éloignée de la scène. Lorsqu’elle est arrivé à Montréal, elle s’est trouvé des emplois dans des bars et des restaurants. C’est lorsqu’elle fut engagée au Sky qu’elle fit la connaissance notamment de sa future mère drag, Emma Dejavu, Miss Butterfly, Franky Dee, Destiny et autres. En les côtoyant sur une base régulière, l’idée d’essayer le métier de drag-queen lui a traverser l’esprit sans jamais véritablement se concrétiser jusqu’à ce que l’appel de la scène ne face écho. C’est alors que s’est présenté le concours Miss Cocktail à l’hiver 2016 pour lequel est fut grandement appuyée par sa collègue et amie Emma Dejavu. Ce ne fut pas nécessairement l’expérience à laquelle elle s’attendait. Néanmoins, elle eut beaucoup de soutient de ses consoeurs qu’elle a rencontré au Sky qui l’a mené jusqu’à Drag-moi l’automne suivant. Lorsque Ruby vivait en France, elle se travestissait. C’est un héritage qu’elle a conservé au moment de déveloper son alter ego alors qu’elle était employée au Unity. Ce n’est que lors de son passage à Drag-moi que son personnage s’est véritablement défini. Elle y a découvert son style. Pour sa part, Adriana est issue d’une famille très religieuse. Il faut dire qu’elle est originaire de la Colombie. Il y avait tout un défi qui l’attendait ici, au-delà sa carrière comme drag-queen. C’est lorsqu’elle fréquentait le bar Le Drague qu’elle s’est fait ses premiers contacts pour être danseuse. L’illumination pour le métier lui est néanmoins venu dès qu’elle est entré dans les loges pour la première fois et qu’elle a pu y découvrir l’enver du décors. C’est comme si, tout d’un coup, elle voyait toutes les facettes artistiques du métier qui était très loin du peu qu’elle connaisait et qu’on lui lui avait présenté comme étant beaucoup plus trash.

Bref, je crois que peu importe le milieu duquel la drag-queen provient ou les raisons qui la motivent à excercer ce métier, il ne faut jamais oublier que faire la différence est la clé. Adriana le souligne très bien  » Il y a beaucoup d’artistes dans le milieu et beaucoup de choses ont déjà été faites, donc il est très difficile de se faire remarquer « . J’ai la conviction que lorsqu’une personnage prend la décision de plonger dans ce mérier, elle le fait pour les bonnes raisons. C’est un domaine qui demande une telle part d’investissement qu’on y repense à deux fois avant d’y aller. La proposition artistique actuelle dans le milieu est particulièrement riche. Si ces artistes foulent encore les planches aujourd’hui, c’est qu’ils ont quelque chose à vous offrir et il n’y a rien comme aller sur place pour l’apprécier. À ce propos, Adriana sera du spectacle Drag superstar animé par Rita Baga et Barbada le jeudi 17 août au parc des Faubourgs alors que Krystela Fame sera du spectacle Illusions orchestré par Michel Dorion le samedi 19 août au même endroit dans le cadre de Fierté Canada 2017.

 

 

HORS SÉRIE | DOSIER – ÉRICA: UNE DERNIÈRE FOIS

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Dans le cadre d’un spectacle intimiste présenté le samedi 29 avril au bar Le Cocktail, Érica s’est livré à un dernier spectacle avant une pause d’une durée indéterminée. Le spectacle était la supplémentaire de Divas and some other songs d’Annie Lennox qu’elle avait présenté une première fois au mois d’octobre dernier au même endroit. En raison de problèmes techniques, le résultat n’était pas aussi concluant que ce qui avait été anticipé. La version présentée hier était celle revue et corrigée. À l’aube de cette pause, Érica m’a permis une incursion dans les coulisses de cette production empreinte de nostalgie et d’émotions. Je vous invite à revivre avec moi ce dernier tour de piste en compagnie d’Érica et de son complice des quinze dernières années, son grand ami Dan.

Plaçons d’abord le spectacle dans son contexte. En fait, Divas fait référence à l’album du même nom de la chanteuse Annie Lennox. Il s’agit l’album le plus important de sa carrière solo en tant qu’auteurs-compositrice-interprète. L’intitulé and some other songs fait écho aux grandes chansons d’Annie Lennox figurant sur ses autres albums. Comme il ne s’agissait pas d’un spectacle où l’on y retrouvait que les grands succès de l’artiste, il fallait trouver une façon de garder le public accroché à la proposition. Pour y arriver, Érica sait qu’il n’y a rien comme un travail d’équipe. Elle a su bien s’entourer.

Le spectacle a été pensé en fonction de créer des images fortes pour supporter les chanson grâce à l’enrobage composé des costumes, de l’éclairage et du décor. Le tout, dans l’intérêt de susciter des émotions chez le spectateur. Il y avait une montée émotive dans le choix de chansons. Érica a misé gros pour les effets techniques. Les effets de lumière apportaient beaucoup à la composition du spectacle, devenant indisosiable de chaque chanson.

Le spectacle a été articulé autour de la force d’Érica, c’est-à-dire son soucis du détail, sa minutie et sa manière d’être à point. Ce spectacle culminait de belle façon sur tout ce qu’on aime d’Érica. Comme disait Dan, le complice d’Érica, il s’agit « d’un gros point d’exclammation à la fin d’un livre ». L’épisode d’hier soir couronnait tout l’apprentissage de près 20 ans carrière. C’était un spectacle mure et digne de toute grande production, à l’image de la diva qu’elle incarnait.

L’univers qui fut mis en scène hier n’aurait jamais été tel sans l’apport incroyable de Dan. Il est non seulement un fan incontesté d’Annie Lennox, mais il l’est surtout de son ami de longue date. La confiance qui règne entre les deux artistes est palpable. Leur savoir-faire aura parmis de faire cheminer le concept encore plus loin, de leur première collaboration sur le premier spectacle d’Érica consacré à Annie Lennox en 2014 jusqu’à celui-ci. Dans un contexte aussi intime entre deux collaborateurs, à l’aube d’une longue pause, il faut avouer que la journée d’hier était particulièrement émotive.

En tant que public, on ne connaît qu’Érica comme artiste. L’homme derrière le personnage, après avoir mené un train de vie assez intense ces dernières années, a intérêt à retrouver davantage sa place dans leur vie de tous les jours. Cette pause saura nous dire avec le temps lequel des deux partis aura su en bénificer. Ce que je peux souligner de la profilique carrière d’Érica est sa rigueur artisitique. Je tiens à la remercier pour son temps et son dévouement. Cet article témoigne d’une 5e collaboration d’Érica à mon blog. Merci pour ton temps et ces beaux moments offerts, notamment hier, pour ta dernière, mais aussi cette rencontre merveilleuse avec la comédienne Joelle Lanctôt alias Mary Poppins.

DOSSIER – LES DÉFIS LIÉS À LA « DIFFÉRENCE »

Le débat autour des trolls a enflammé l’actualité ces dernières semaines. On mettait de l’avant les commentaires disgracieux que ceux-ci pouvaient loger à l’endroit de la gente féminine sur une variété de propos tels que le poid, la beauté, l’origine ethnique et j’en passe. Évoluer devant les caméras n’est pas facile. Hommes et femmes sont confrontés à la pression qu’impose le monde médiatique. À l’ère des médias sociaux, lorsqu’on est moindrement différent de ce que la « norme » impose, on se ne gêne plus pour nous le faire savoir. Il est évident que chaque individu qui accepte de se tailler une place dans ce milieu connaît son casting et a accepté sa condition si la manière dont il se présente n’est pas dans la dite norme. Malgré un milieu prônant l’acceptation, la communauté LGBTQ se révèle elle aussi très sévère avec elle-même. Ainsi, elle devient vicitime de ses stéréotypes. Elle attend de ses représentants les mêmes standards idéalisés. Le milieu des drag-queens devient donc, dans cette optique, le reflet à petite échelle du monde médiatique au sein de cette communauté. Certaines drag-queens sont « différentes » si on les compare à la majorité. Cela impose malgré elles des défis artistiques intimement liés à leur « différence » propre. Trois drag-queens ont accepté de partager leur expérience face à ce qu’elles vivent: Barbada, une drag-queen ethnique, Gabry Elle, une drag-queen taille forte, ainsi que Velma Jones, une femme qui joue la femme dans un milieu d’hommes.

Gabry Elle le souligne d’entrée de jeu, dès qu’elle a joint le milieu des drag-queens, elle connaissait son casting. Elle a étudié en comédie musicale à Toronto. Le premier rôle qu’elle a eu a été le personnage d’Edna Turnblad, la mère du personnage principal dans Hairspray. Depuis sa première incarnation au grand par Divine, le personnage à toujours été représenté dans ses diverse adaptations avec des rondeurs. Sa carrière de drag-queen est d’ailleurs né en marge de cette production puisqu’elle devait se transformer en femme à tous les soirs. Cela lui a permis dès ses premières performances d’apprivoiser son corps. Quand ton premier rôle t’impose de défendre un personnage en chair, tu ne peux plus te permettre de douter de toi-même. Barbada a connu un début de carrière similaire. Au cours de la compétition Star search, elle a eu l’occasion de côtoyer une panoplie d’artistes du monde la nuit. Elle savait qu’en se lançant dans ce milieu, elle ne représenterait pas une majorité. Elle ne s’est toutefois jamais arrêté à son origine ethnique dans ses choix de numéros. Chacune d’entre elle a su utiliser sa « différence » comme un atout. Barbada est une artiste curieuse qui essaie de connaître un produit au-delà de sa version la plus connue. Par exemple, lorsqu’elle s’attaque à la chanson Vogue de Madonna, elle sait que même si l’artiste n’est pas de sa nationalité, la chanson en question fait référence au voguing qui est né de la communauté noire et latine dans les années 1970s à New-York. Elle se rapporte donc au propos pour s’approprier la chanson. Certains vont plus loin que l’ethnie parfois chez un artiste, quelle que soit son art d’expression, en dénonçant l’appropriation culturel par cet artiste. Barbada défend l’idée selon laquelle il faut plutôt le voir comme un hommage. C’est exactement ce que Madonna a fait en chantant Vogue. Parfois, par ignorance, les gens sombrent dans les préjugés.

Ces préjugés, Gabry Elle en est témoin continuellement. Elle sait ce que le fait d’avoir des rondeur évoque à première vue. Elle essaie donc de les contourner en proposant des numéros qui surprennent. Elle se connaît très bien. Elle sait que sa forme lui permet d’orchestré des chorégraphies surprenantes. Elle utilise d’ailleurs sa tribune pour dénoncer. Elle a offert dernièrement un spectacle intitulé XXelles dans lequel elle partage la scène avec deux consoeurs aux mêmes attributs. Le spectateur qui décide de se présenter au spectacle accepte la proposition, il ne peut pas passer toute la durée du spectacle à surfer sur des préjugés. Là où les préjugés peuvent être parfois plus difficiles à contourner est lorsqu’on est une femme drag-queen. Le phénomène est relativement nouveau, même si la première représentante du mouvement est Mimi Fontaine qui a gagné il y a 7 ans la première édition de Drag-moi. Les précédents sont peu nombreux, tant pour le milieu que pour les spectateurs. La pression devient alors assez imposante pour une drag-queen femme. Velma Jones, la plus récente gagnante de Drag-moi, doit composer quotidiennement avec cette réalité. Il faut dire que l’augmentation du nombre de drag-queens qui se révèlent comme transexuelle aident à la cause. Néanmoins, en tant que femme, Velma ne peut pas aborder son personnage comme un homme aborderait le sien. Si on se réfère au début de l’article, les gens ont des préjugés naturellemenf face aux femmes. Si le personnage de Velma Jones se rapportait trop à ses préjugés, elle donnerait l’impression de ne pas jouer de personnage. Pour une femme, jouer une femme est très confrontant sur sa condition en tant que femme. Comme le dit le personnage qu’interprète Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques dans la série Like-moi, « être une femme, c’est un métier d’hommes. »

Malheureusement, c’est un raisonnement qui semble faire écho chez plusieurs personnes. On ne prend pas toujours la drag-queen femme pour sa valeur artistique. Cela provoque à certains égards une croissance moins rapide dans le milieu. Il faut travailler un peu plus fort pour obtenir des résultats similaires. En même temps, Velma aime jongler avec ce challenge. Comme pour n’importe quel autre drag-queen, s’émanciper dans cet art de la scène est toujours lié à quelque chose de personnel. Ici, Velma Jones cherche à renouer avec sa féminité. Dans la vie de tous les jours, elle est adopte un comportement typiquement plus masculin. À l’instar de Barbada, qui sait que grâce à son casting certaines portes se sont ouvertes pour elle (le spectacle des Spice girls par exemple) que d’autres n’auraient pas eues, Velma Jones n’a pas cette ouverture. Être une femme n’ajoute pas de corde à son arc. Au contraire, elle doit jouer avec l’ambiguïté sur son sexe lorsqu’elle performe. Elle doit en quelque sorte transformer son art pour le convertir en une forme de jeu sous-jacent avec le public.

Cela étant dit, chacune s’amuse avec ce qu’elles sont en allant dans les excès. Dans une société prônant l’ouverture, il faut d’abord la faire transiger par soi. Il faut avoir la confiance nécessaire et faire preuve d’audace. Le public sait se laisser surprendre. Il faut plutôt le prendre comme un atout. Ces trois drag-queens ne représentent qu’un petit échantillonnage par rapport à une multitude de différences. Nous sommes tous unique. Au final, on ne plaira jamais à tout le monde, alors pourquoi ne pas se plaire à soi-même?

Barbada anime une fois par mois Drôles de drags au bar Le Cocktail.
Elle anime également une fois par mois au bar Le Drague de Québec la soirée #tbt
Elle sera de la distribution du spectacle des Spice girls en supplémentaire le jeudi 13 avril au Cabaret Mado
Elle est actuellement sur les couvertures des magazines Fugues er Voir pour faire la promotion du docu-réalité Ils de jour, elles de nuit diffusé sur ICI ARTV et relayé en direct au bar Le Cocktail

Gabry Elle est directrice artistique au bar Le Drague de Québec
Elle y anime le Quiz de la grosse tous les lundis
Elle coamime avec Lady Boom Boom tous les dimanches soir Diva-Nation
Elle est également en vedette dans Ils de jour, elles de nuit

DOSSIER – LE MAKEUP: SES INFLUENCES

Nous sommes dans une ère d’influences. L’accessibilité à différentes contenus en seulement quelques clics nous permet d’enrichir notre esprit, mais également de se donner envie. Le large éventail de « queens » issus de la télé-réalité RuPaul’s drag race, très actives sur les médias sociaux, et l’abondance de tutoriels en ligne, sont des facteurs qui influent sur la volonté des drag-queens de s’orienter vers un raffinement dans les styles qu’elles arborent. Malgré la tendance actuelle de rechercher un look plus naturel, qui donne réellement l’impression d’être une femme, que l’on peut observer dans le milieu à Montréal, s’oppose toute une génération d’artistes qui revendiquent leur visage comme une œuvre d’art au service du maquillage. J’avais déjà abordé la question du makeup il y a près d’un an en interviewant Rainbow. J’ai toutefois voulu y revenir dans le cadre d’un dossier afin de mettre en parallèle la vision de trois drag-queens pour qui le maquillage est un jeu avec lequel il faut savoir s’amuser. Cela rejoint l’idée de ces influences qui nous viennent d’un peu partout à travers le monde. C’est à travers les inspirations de Petula Claque, Peach et Phoenix que nous parcourrons ce sujet.

L’une des drag-queens les plus respectées à Montréal pour son style audacieux et en marge de ce qu’on est habitué de voir est sans contredit Phoenix. Elle a d’ailleurs été cité comme inspiration chez les deux autres intervenantes à ce dossier. Phoenix se considère comme une autodidacte. C’est elle qui est allé chercher ses inspirations et qui a tenté de reproduire ce qui lui plaisait. Je voulais initialement abordé ce dossier sous l’angle de l’influence des tutoriels uniquement. Toutefois, dès ma première rencontre avec Phoenix, je me suis vite aperçu que les influences étaient diverses et ne se le limitaient pas qu’à du contenu vidéo. Phoenix pour sa part ne n’inspire presqqu’exclusivement de photos d’artistes qu’elle suit sur Instagram. Parmi ces artistes, on n’y retrouve pas que des drag-queens. L’impact de RuPaul’s drag race a vraisemblement donné envi à tout un nouveau public le désir d’expérimenter eux aussi sans toutefois être une drag-queen. Des personnalités issues de ce nouveau public ce sont révélés des joueurs importants dans les inpirations de Phoenix. On peut penser à Creme fatale, Ryne Stone ou encore Melissa be fierce. Lorsque Phoenix a débuté, elle n’avait pas cet intérêt pour le makeup comme elle l’a aujourd’hui. Étant une grande fan de RuPaul’s drag race, après la première saison, elle est tombé par hasard sur un tutoriel que donnait Denver Wiliam afin de reproduire le look de la participante Shannel. Au fil des saisons, d’autres drag-queens de la compétition sont devenues des inspirations telles que Miss Fame de qui elle consomme certaines vidéos. Le travail qu’elle consacre à ses looks agit comme un stimulant, alimentant le buzz autour de son alter ego, donnant ainsi l’envi à davantage de gens de la suivre sur les médias sociaux afin d’y découvrir ce qu’elle leur réserve de nouveau. Aujourd’hui, dans le cadre de directs sur Facebook, Phoenix offre des tutoriels en retour à ce qu’elle a elle-même consommé afin d’offrir la possibilité de voir l’envers et de donner des conseils.

 

 


Ces conseils, Petula Claque ne dirait pas non pour parfaire son personnage. Malgré un long bagage en maquillage en ayant travaillé 3 ans chez Mac cosmétique et un cours en maquillage d’effets spéciaux/ beauté l’an dernier, Petula continue de chercher depuis sa graduation de Drag-moi l’automne dernier ce qui caractiserait son personnage. Elle se plait à dire que son parcours professionnel se traduit du passage d’une « beauty queen » à une drag. Elle est donc consciente que son approche du maquillage ne fera pas comme dans le domaine de l’esthétique. Elle se laisse inspirer par l’extrencité de son entourage. Déjà, elle sait qu’elle aimerait être un amalgame du trio d’enfer Tracy Trash, Marla Deer et sa mère de drag, Gisèle Lullaby. Une chose est certaine pour elle, il est hors de question de se laisser teinter par la culture américaine à laquelle elle n’adhère pas vraiment. Dans son cas, l’inspiration est locale et s’oriente davanatge vers ses consoeurs de travail. Malgré qu’elle ne cherche plus à être ce qu’elle appelle une « beauty queen », toutes son expérience dans le domaine de l’esthétique lui a permis de déconstruire le visuel que procure le maquillage pour y déceler une émotion, une époque, etc. Tous ces choix ne sont donc pas laissé au harsad lorsqu’elle offre un look sur scène. Étant également une employée sur le plancher au Cabaret Mado, Petula cherche à offrir un makeup avec le plus de versatilité possible dont l’impact se fait autant sentir sur la scène que dans le public.

 

 


Une autre qui ne veut plus passer inaperçue est Peach, la nouvelle reine le mardi soir au vestiaire. En effet, depuis un certain temps, Peach s’amuse avec son look à tous les mardis. L’audace fut payante pour elle. Elle a senti que le temps était venu dans carrière de repartir sur de nouvelles bases. Elle avait envi que son nom fasse écho au-delà de ses costumes. Suite à son spectacle consacré aux Spice girls qu’elle a présenté l’été dernier, elle s’est retrouvé dans une impase, sans nouveaux défis gratifiants. C’est alors que l’idée de travailler son makeup s’est présentée. Elle s’est lancé dans des achats frénétiques afin de regarnir son coffre à maquillage. Inspirée par des drag-queens américaines telles que Bianca del Rio et Trixie Mattel, Peach s’est permis d’ouvrir ses horizons, ne se limitant plus à un type de drag. Avec le recul, elle aurait aimé avoir ce déclic plus tôt dans sa carrière. Elle fait Drag-moi il y a 2 ans alors qu’elle cumulait déjà de l’expérience dans le métier, mais en refaisant différemment, en y incluant de ce renouveau qu’elle a insuflé à son personnage depuis. Prendre des risques lui aura permis de gagner en confiance. Ses nouveaux looks auront eu des répercussions jusque dans ses numéros. Cela aura été pour elle le déclic nécessaire pour ne plus qu’elle stagne. En s’amusant à chaque semaine avec ses traits, elle peut se renouveler sans cesse et montrer au public tout comme à ses consoeurs toute sa versatilité. Avec les semaines, on en vient à se demander jusqu’où ses limites seront repoussées.

 

 


Bref, ce que ces trois drag-queens ont en commun face à leur vision du métier qu’elle pratique est que le makeup doit se traduire dans l’exgération des traits d’une femme. Le public n’est pas dupre, il sait qu’il vient voir des hommes habillés en femmes. Petula, Peach et Phoenix s’entendent pour dire que le maquillage doit être défini, qu’on le remarque. Il y a un plaisir de déranger à travers ça, un plaisir de se révéler au public comme une drag-queen et non comme une femme… Cela va sans dire qu’il y a ici place à un autre débat. Il y a tant à dire et à montrer sur le makeup. Il s’agit de l’un des éléments les plus importants pour une drag-queen. Afin de l’apprécier davantage, il n’y a qu’un seul moyen et c’est d’aller voir nos drag-queens sur scène… et bien sur, de les suivre sur les médias sociaux.

Vous pouvez suivre Phoenix sur Facebook

Vous pouvez suivre Peach sur Facebook

DOSSIER – LES CONCOURS DE DRAG-QUEENS ET LA PLACE DE LA RELÈVE

Il faut se l’avouer, depuis le début de la télé-réalité RuPaul’s drag race, diffusée sur la chaîne câblée Out TV, le milieu de la drag a grandement évolué. L’émission agit comme un tremplin et semble accorder la confiance nécessaire aux gens de se lancer dans le métier. Les occasions de percer le monde de la nuit ne sont plus ce qu’elles étaient. Si on se concentre sur la région de Montréal, seuls le Cabaret Mado et le bar le Cocktail proposent des opportunités à la relève de se faire valoir. Toutefois, en raison de ce qui a été mentionné précédemment, il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. En revenant sur les concours Drag-moi, Miss Sky et Miss Cokctail en compagnie d’Anastasia, Darleen, Emma Dejavu, Heaven Genderck, Lady Boom Boom, Marla Deer, Prudence et  Rita Baga, je ferai le topo de ce que sont devenus ces concours, l’influence de la culture américaine de la drag sur ceux-ci et la place de la relève.

DRAG-MOI

Chaque automne depuis maintenant 7 ans, Marla Deer chapeaute et anime le concours Drag-moi. À l’instar des autres concours, celui-ci se présente davantage comme une école. En effet, les candidates sont appelé à relever un défi différent à chaque semaine et aucune d’entre elle n’est éliminée à l’issu de la compétition. Ce qui permettra de couronner une gagnante à la fin de la compétition sera celle qui se sera le plus démarquée des autres en proposant des numéros originaux à chacun des défis. Afin d’illustrer au mieux l’expérience du concours, j’ai regroupé deux des gagnantes, Heaven Genderfck (saison 5) et Prudence (saison 6), Darleen, candidate lors de la 1ère saison, Anastasia, qui a pris part à l’édition « université », Rita Baga, juge lors de toutes les éditions, ainsi que la grande manitou elle-même, Marla Deer.

Marla Deer s’est approprié la nouvelle disponibilité du mercredi soir en proposant un concept nouveau. C’était le début de Drag-moi. À l’origine, toutes les candidates avaient été présélectionnées car Marla voulait s’assurer d’avoir un bon show. Le modèle était calqué de toute bonne émission de télé-réalité. La première édition était en quelque sorte, un pilote. Le seul élément qu’elle s’est permis de retrancher était les éliminations car cela lui fend le cœur. Avec son concept, Marla voulait s’assurer que chaque candidate vive une expérience complète, leur proposer une opportunité d’être confronté à toutes les éventualités de la scène.

Darleen, qui a participé à la première édition, est toujours active dans le milieu. Elle a vu le concept se renouveler avec les années. Ce qu’elle constate surtout est l’aspect moins formel de la formation. Lorsqu’elle a débuté, chaque candidate devait prendre rendez-vous avec les juges afin de travailler certains aspects. Maintenant, les candidates ne sont plus des novices comme dans son temps. La plupart ont une expérience de scène notable, pour certaines de drag déjà (surtout lors de la dernière édition suite aux auditions qui ont lieu cet été à Bagalicious), et ont de solides bases en makeup. Ce dernier facteur est une influence direct selon Marla de l’émission RuPaul’s drag race. Nous sommes également dans une ère où l’on cherche à être au sommet dès ses débuts.

Toutes s’entendent pour dire qu’il s’agit véritablement d’un lieu d’apprentissage. Rita Baga trouve qu’il s’agit du meilleur endroit pour définir son identité en tant qu’artiste. Les candidates jouissent d’une liberté artistique. Rita aime se laisser surprendre et ce, même si le numéro n’est pas dans sa palette. Dès que le numéro dégage une recherche artistique, qu’il est réfléchi. Darleen aimait particulièrement cet aspect, cela lui permettait d’explorer plusieurs niveaux de jeu. Anastasia, qui a pris part à l’édition « université », s’est permis de se mettre en danger et de sortir de sa zone de confort grâce à cela. Elle souligne que chaque drag qui commence a une idée du genre de personnage auquel elle veut répondre. Cela freine parfois une drag-queen à se risquer à faire autre chose. Il arrive toutefois que certains personnages correspondent moins aux standards de drag-queens que l’on retrouve dans des établissements de style cabaret. Rita Baga soulève qu’il faut savoir « travestir son art » si l’on aspire à percer dans ces cabarets qui sont devenus avec le temps de véritables institutions dans le village. Toutefois, Drag-moi permet à ces drag-queens plus « hors normes » de prendre part à la compétition. Pour preuve, plusieurs gagnantes au fil des années étaient moins conventionnels telles que Prudence et Heaven genderfck. Elles ont su tirer leur épingle du jeu et faire leur preuve.

En se joignant à la compétition, Prudence savait que son style allait déranger. Cela provoquait chez elle un certain stress. Ses seules références issues du milieu étaient Mona de Grenoble et Miss Daniels qui ont toutes deux participées à Drag-moi par le passé et dont le style leur était propre. Cela venait lui accorder une certaine confiance. Malgré le style qu’elle voulait arborer pour son personnage, Prudence est demeuré ouverte dans le cadre de la compétition. Elle croit d’ailleurs que c’est la clé lorsqu’on veut évoluer comme artiste.

MISS SKY

Afin de se remémorer la belle époque des spectacles de drag-queens au Sky, j’ai invité les deux animatrices de la nouvelle mouture du concours Miss Sky Emma Dejavu et Rita Baga ainsi que la dernière gagnante, Anastasia, à témoigner des rouages de ce concours.

Rita Baga définit l’ampleur d’un événement par les commanditaires et les prix qui y sont rattachés. Avant que le concept du concours Miss Fierté Canada qui débarquera cet hiver au Cabaret Mado ne soit lancé, le concours qui l’avait jusqu’ici allumé par ce dont il offrait était Miss Sky. En effet, la gagnante du concours remportait 500$ comptant, une vraie couronne et deux contrats par mois. La directrice artistique du complexe Sky était à l’époque Tante Gaby. Emme Dejavu a confié que pour les participantes, il s’agissait également d’une occasion de faire ses preuves auprès d’elle. Sans nécessairement avoir gagné, le nom d’une candidate évoquait maintenant quelque chose et ce, que la drag-queen soit débutante ou expérimentée. C’est un peu comme ça d’ailleurs qu’Emma Dejavu a débuté sa carrière. Elle travaillait déjà dans le bar, mais suite au concours, elle s’est fait repérer par Popline qui était animatrice maison. Le concept tel qu’elle l’a connu du concours s’est arrêté quelques temps après sa participation avant d’être relancé par elle-même. La différence cette fois-ci : elles allaient être deux à l’animation. Emma Dejavu et Rita Baga étaient déjà animatrice au complexe Sky. Lorsque l’idée a germé de faire revivre le concours, les deux animatrices sont allé à la rencontre de leurs consœurs pour faire du recrutement et s’assurer ainsi un bon taux de participation pour assurer le succès de la soirée. Et pour en être un, c’en fut un.

Anastasia a été la dernière gagnante du concours en 2014 avant que le complexe ne cesse les activités de spectacles de drag-queens à l’aube d’une nouvelle saison le 1er janvier 2015. Elle n’en était pas à sa première participation à ce concours. Elle l’avait déjà fait en début de carrière et ne tenait pas à le tenter le coup de nouveau. C’est Rita qui a réussi à la convaincre. À la différence de Drag-moi, Miss Sky est véritablement un concours. Il faut se connaître un tant soit peu comme artiste. Même si la compétition est ouverte à tous, ce n’est pas là que tu vas t’équiper de conseils. Anastasia confirme que son passage ne l’a pas empêché d’évoluer comme artiste puisque tu te risques. On ne sait pas comment les choses vont se passer. Les premières étapes de la compétition fonctionnent par un vote du public. Il est donc aisé d’avancer dans la compétition si tu as avec toi un bon public. En fin de parcours, du te fais juger par des drag-queens de renoms et d’anciennes à la retraite. Le visage de la compétition change un peu. Lors de sa seconde participation, avec quelques années d’expérience sous la cravate, Anastasia s’est permis d’aider celles qui débutaient dans un élan de bonne foi. Elle avait une vision d’avenir, au-delà de la compétition, sachant que ces rivales d’aujourd’hui allaient être ces collègues de demain. Contre toute attente dans ce genre de compétition, Anastasia a osé pour la finale deux numéros qu’elle n’avait jamais expérimenté auparavant. Dans un contexte où tu ne performeras que trois soirs seulement à raison de deux numéros par occasion, la majorité des candidates se risquent moins et y vont davantage vers quelque chose avec lequel elles se sentent confortable.

MISS COCKTAIL

Miss Cocktail est la version revue et corrigée que Michel Dorion animait du temps qu’elle travaillait au complexe Sky. Lorsqu’elle s’est jointe à l’équipe du bar le Cocktail, elle a emmené avec elle son concept qu’elle convertit aux couleurs de l’établissement. Afin de comprendre l’impact de ce concours, j’ai fait appel à Lady Boom Boom, originaire de Québec, gagnante de l’édition 2016. Plusieurs drag-queens encore actives dans le métier ont participé à ce concours, toutefois, je trouvais intéressant de prendre le point de vue de quelqu’un provenant de l’extérieur de Montréal pour que le public d’ici lui est étranger.

Afin d’illustrer le large éventail de son talent, Lady Boom Boom a tenu à offrir à chaque performance un style différent, muni d’un costume qu’elle avait elle-même confectionné. Elle gardé à l’esprit l’impact qu’elle aurait sur le public tout au long de la compétition et elle voulait s’assurer que le public ne reste pas avec un souvenir formaté de son personnage, associé à une seule chose. Elle s’est donc amusée à les bombarder d’images, les entraînant ainsi dans son univers. Le bar le Cocktail est sommes toute un endroit où c’est plus conservateur dans l’approche du spectacle de drag-queen, se rapprochant surtout du personnificateur féminin. Dans toute sa naïveté, ne connaissant que très peu l’endroit, Lady Boom Boom a plongé dans l’aventure comme un véritable ovni. Un pari risqué qui en aurait freiné d’autres mais qui pour elle, ce sera révélé payant.

 

Avec ce genre de concours les établissements ont tendance à revoir leur standard et faire davantage d’ouverture aux différentes propositions artistiques et ce, peu importe ce qui définit la ligne directrice. Rupaul’s drag race agit comme un télescope sur une industrie riche qui stimule la relève. Il y a une vieille garde qui a établi des standards qu’elle se voit déconstruire tranquillement, forcé de constater que les possibilités sont beaucoup plus grandes. Les combats ne sont pas encore tous gagnés. Ils s’en mènent de l’intérieur comme de l’extérieur que certaines tentent de livrer avec l’ouverture qu’elle aimerait qu’ on ait en retour à leur endroit comme pour Heaven. Celle-ci est particulièrement contente de la présence de Drag-moi puisqu’à travers les murs de l’école, on repousse les limites en ouvrant la voie à des choses qu’on n’aurait pas cru possible dans un passé pas si lointain. On peut penser simplement aux femmes qui pratiquent le métier de drag-queen. Finalement, la place à la relève, il faut se la faire. De nombreuses télé-réalité ont démontrées que gagner n’était pas gage d’avenir. Il faut travailler fort, demeurer ouvert et ne pas se montrer trop sélectif.

 

Rita Baga animera cet hiver Miss Canada Pride tous les dimanches au Cabaret Mado.

Elle sera aussi en vedette dans la série Ils de jours, elles de nuit attendue en mars sur ARTV

Vous pouvez la suivre sur Facebook via sa page et celle de sa soirée Bagalicious.

Vous pouvez suivre Marla Deer sur Facebook. Restez à l’affut de ses nombreux projets au Cabaret Mado pour 2017.

Emma Dejavu travaille au complexe Sky. Vous pouvez la suivre sur Facebook.

Vous pouvez suivre Darleen sur Facebook.

Vous pouvez suivre Lady Boom Boom sur Facebook.

Vous pouvez suivre Heaven Genderfck sur Facebook et les projets de la Haus of Genderfck sur la page de la troupe.

DOSSIER – L’OUVERTURE AU MILIEU DE LA DRAG HORS DE LA COMUNAUTÉ LGBT:

LA SÉRIE DOCUMENTAIRE ILS DE JOUR, ELLES DE NUIT avec Frederic Gieling

Les opportunités de faire valoir le savoir-faire artistique des drag-queens hors de la communauté LGBT connaissent une croissance importante depuis les dernières années. On peut penser au Mado’s got talent offert dans le cadre du festival Juste pour rire depuis 3 étés, au spectacle Stars – La nuit des sosies présenté au Monument national qui a trouvé refuge auprès de l’organisation du Zoofest ou encore que le personnificateur féminin Réglisse fut nommé comme duchesse en vue du prochain Carnaval de Québec. Cette ouverture m’a donné envi d’approfondir la question. Depuis quelques temps, certaines drag-queens dont Rita Baga, Barbada et Tracy Trash nous parlent à l’occasion d’un projet intriguant auquel elles prennent part. Il s’agit d’une série documentaire consacrée à dépeindre une réalité de laquelle l’équipe derrière la production et le public n’en savent que très peu, c’est-à-dire le milieu de la drag. C’est la chaîne spécialisée de la Société d’État ARTV qui chapeaute le projet Ils de jours, elles nuits. Aux commandes, c’est le réalisateur Frederic Gieling avec qui j’ai eu le loisir de m’entretenir. Avec lui, j’ai remonté la genèse tout en m’intéressant au processus par lequel il est passé afin de faire évoluer le projet jusqu’à ce qu’il est maintenant. Au début, l’idée n’était que très embryonnaire. Ce sont les égéries de la série, Lady Boom Boom, Gabry-Elle et Ladypoonana, des drag-queens de la relève qui prennent part à l’aventure, tout comme les mentors qui ont influencé le parcours de la série en offrant un portrait moins mainstreem auquel la production s’attendait. Je vous invite à découvrir à travers ce premier dossier sur les dessous de cette série comment se traduit l’ouverture au milieu de le drag à Montréal à l’extérieur des limites de la communauté de laquelle elle relève.

L’idée a germé d’une scénariste. Elle a approché Frederic afin qu’il se joigne à elle. Il s’était déjà fait connaître grâce à des projets tels que Le sexe autour du monde relayé sur TV5 et Danseuses sur Z que Jean-Francçois Mercier animait. On pouvait remarquer parmis les choix de productions auxquels il s’était associé une certaine cohésion qui se manifestait dans une volonté de traduire des sphères spécifiques desquelles le public n’en connaît que très peu. On peut même avancer qu’il s’agit de milieux sur lesquels le public croit connaître en raison des stéréotypes qui s’en dégagent. Ils se sont vite aperçu que le milieu de la drag à Montréal avait une richesse incroyable. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui l’a mené vers le documentaire d’observation. Avant de s’embarquer dans un projet aussi ambitieux, il a jugé bon d’approcher Mado afin d’obtenir son approbation en lui étalant les bases du projet. C’est cette dernière qui l’a orienté vers celles qui agissent à titre de mentors dans la série tel qu’énuméré précédemment. Il voulait qu’on aille plus loin que la vision trompeuse orchestrée dans la série Cover girl diffusée à Radio-Canada. Cela n’a pas été long qu’il s’est senti accueilli dans le milieu. Il voulait défendre qu’il s’agit avant tout d’une forme d’art et de dissocier ce métier d’autres réalités telles que les travesti(e)s ou encore les transexuel(le)s avec lesquelles on le confond souvent.

Frederic croit au fait qu’il est plus intéressant de poser un regard sur une réalité lorsqu’il passe par l’oeil de quelqu’un qui débute. C’est pourquoi il a choisi trois drag-queens qui ont une jeune carrière. Frederic s’est rendu compte après avoir rencontré Ladypoonana qu’il était victime lui-même des préjugés qu’ils tentent de défaire puisque cette drag-queen est en fait une fille. C’est un phénomène assez nouveau dont l’une des pionnières, Vanity, est née de la compétion Drag-moi que mène Marla Deer depuis maintenant 7 saisons. Ladypoonana a su bien défendre ce qu’elle représente. Elle fut en quelque sorte responsable de l’un des premiers bouleversements dans la ligne directrice de la série. Frederic croit au fait que lorsqu’on transmet, comme dans le cas présent, d’une mentor à la relève, qu’on arrive à mieux rendre compte. Maintenant que cela était établi, la table était mise pour la suite de l’aventure.

La présence de filles dans ce milieu a permis d’y explorer la place des femmes et par le fait même de constater qu’il s’agit d’un milieu en mutation. Au-delà de la dimension esthétique et artistique, le milieu de la drag dévoile une dimension politique plus forte qu’on ne pourrait le croire. Une dimension politique revandicatrice qui cherche à trouver sa place sur plusieurs fronts. Témoin de cela lors du processus, on n’a pas voulu imposer à la série un point de vue éditorial mais plutôt de présenter dans toute sa diversité et sa complexité le milieu de la drag. On s’aperçoit bien vite qu’il n’y a pas une façon d’être drag, il y en a plusieurs. Les témoignages des intervenantes de la série corroboreront très bien cet aspect. C’est en quelque sorte le reflet de l’opposition entre le milieu underground et ce qui est plus mainstreem, dans le village, autant qu’une opposition du métier entre les villes où il s’en fait comme Montréal et Québec par exemple.

Dans le cas d’une série documentaire, on peut décider de faire l’observation du sujet sur une courte période et appliquer cette durée à l’ensemble de ce qu’on cherche à représenter, ou encore, de prendre le temps. Dans le cas présent, on a fait le choix d’y aller sur une longue période. Cette décision aura permis de suivre les drags impliquées dans une variété de projets. La chaîne ARTV a même permi à l’équipe de s’envoler en Indes afin de vivre avec Rita Baga son aventure là-bas dans le cadre du Kashish Mumbai International Queer Film Festival. Ce périple outremer témoigne de la part du diffuseur unegrande ouverture de laquelle il a joui tout au long du processus.

Le résultat de tout ce travail étalé sur près d’un an se déclinera sur 8 épisodes d’une durée de 30 minutes dont la mise en ondes est prévue à l’hiver ou l’automne 2017 sur Ici ARTV. La narration a été confiée a celle que l’on surnomme dans le milieu comme la « reine » des nuits de Montréal, soit Mado Lamothe. Son rôle servira surtout à faire la liaison entre les différents tèmes qui seront soulevés à l’émission. Dans les mois à venir, je vous convierai à d’autres rendez-vous qui mettront en lumière des occasions où les drags se sont invitées à l’extérieur de leur zone de confort.

 

 

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