La présence de femmes qui pratiquent le métier de drag-queen est un phénomène devenu commun en Europe. Lorsqu’on se transporte en Amérique, la réalité est toute autre, notamment au Québec. Certaines commencent à ouvrir la voie dont Vanity Baga et Miss Daniels Vyxen. Il ne faut pas confondre avec les drag-kings, soit des femmes qui performent des artistes masculins. Au-delà de ces femmes qui sont parvenues à faire leur marque, il a fallu que l’industrie déjà établie depuis des décennies à Montréal témoigne d’une ouverture. Cette brèche s’est notamment instauré grâce à Marla Deer et son concept de show-réalité opposant sur scène à chaque semaine dans une variété de numéros la relève des drag-queens. Dès la première édition, on pouvait compter parmi les concurrentes une véritable femme. C’est d’ailleurs elle, Mimi Fontaine, qui a remporté les grands honneurs. Il est rassurant de voir que leur présence dans le métier ne s’éteigne pas après leur participation à la compétition. C’est donc dire que d’autres drag-queens respectent leur présence au sein de l’industrie en leur offrant des opportunités de performer. Vanity et Miss Daniels ont même trouvé refuge dans une famille de drag-queens, ayant chacune comme mentor des personnalités d’envergures telles que Rita Baga dans le cas de Vanity et Phoenix en ce qui concerne Miss Daniels. Est-ce toutefois unanime? C’est ce que vous découvrirez grâce aux témoignages d’Érica, Miss Daniels Vyxen, Anacadonda La Sabrosa et LadyPoonana.
L’ouverture est relative et diffère d’une drag à l’autre. Il n’en demeure pas moins que la demande est là. LadyPoonana estime sans doute que celles qui se disent de véritables drag-queens peuvent sous-estimer les femmes qui pratiquent le métier. C’est cet aspect qui motive grandement Miss Daniels Vyxen. Pour elle, le fait de devoir prendre sa place en se battant pour se prouver est le moteur de sa stimulation professionnelle liée à l’industrie des drag-queens. Le métier de drag-queen est un art, qu’importe celui qui le pratique. « Tu pousses un personnage à fond » comme en témoigne Miss Daniels Vyxen. Anaconda ajoute également qu’être drag-queen, ce n’est pas qu’avoir un look féminin, tu dois avoir quelque chose à montrer comme par exemple, savoir danser ou être comique. Ces aspects répondent aux fondements du métier de drag-queen.
À une autre époque, sans doute les femmes n’auraient peut-être pas trouver leur place dans l’industrie. Il ne faut toutefois pas oublié qu’être drag-queen est avant tout une caricature. C’est donc pousser plus loin, exagérer même, la femme. Il faut garder en tête que les femmes sont toutefois limitées dans les avenues qu’elles peuvent prendre en ce qui concerne leur personnage de scène. Une véritable femme peut difficilement miser sur un personnage de salope, on lui reprocherait de tomber dans les clichés. C’est ce qu’on pourrait qualifier être un mal pour un bien. LadyPoonana mentionne qu’adopter un tel personnage serait un peu de tomber dans la « facilité ». Le défi est considérable pour une femme qui se lance dans le métier puisqu’elle doit puiser au fond d’elle et stimuler une seconde nature qui donnera vie à leur alter ego dans un genre tout à fait distinctif et qui soit assez loin d’elle. Une femme ne doit pas tomber dans le piège de se rapprocher de ce qu’elle est vraiment. LadyPoonana qui participe à la présente saison de Drag-moi a souligné avoir déjà laissé sa vraie nature prendre le dessus lors d’un numéro. Il faut donc demeurer prudent.
LadyPoonana mentionne également que la personnification pour une femme est un terrain duquel il faut se garder éloigné. Elle estime qu’il est préférable pour une femme, du moins pour elle, de mettre de l’avant son propre personnage et d’en faire quelqu’un d’indépendant, qui répond à son propre style parce qu’il ne ressemble à rien d’autre, ni une autre drag, ni un artiste.
Miss Daniels Vyxen et LadyPoonana s’entendent pour dire que le fait qu’on les présente comnme étant des femmes avant leur numéro leur nuit, les personnes sont moins intriguées. Miss Daniels Vyxen adore jouer sur l’ambiguïté sexuelle que leur présence provoque chez le spectateur qui n’arrive pas à déterminer réellement s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. Certaines hommes drag-queen y arrivent, alors pourquoi ce plaisir pourrait ne pas être partagé par les femmes drag-queen? Même si l’ouverture n’est pas totale, pour certaines drag-queens comme LadyPoonana, être drag-queen est une véritable seconde nature. Elle a toujours senti que ce métier-là était fait pour elle. Il est donc normal de ne pas vouloir se sentir stigmatisé dans son propre domaine sous prétexte qu’on représente une différence.
Avoir le courage de ses opinions, ce n’est pas donné à tout le monde. Érica a accepté de prendre part au dossier et d’offrir un contre-parti. Il juge « qu’il n’aura pas un grand avenir » pour les femmes dans le métier, du moins, pour l’instant. Il soutient notamment qu’un homme qui personnifie une femme a davantage de chance d’attirer le public que les femmes. Sans vouloir avoir de parti pris, je ne citerai pas les deux femmes drag-queens qui ont pris part au dossier ici pour réfuter ce qu’Érica avance. Anaconda de son côté, en tant qu’homme qui pratique le métier, juge la qualité et la diversité proposé par les femmes actives qui pratiquent le métier de drag-queen est sommes toute assez riche et considère que leur proposition s’inscrit amplement dans le paysage déjà en place de l’industrie des drag-queens. Érica a raison lorsqu’elle fait soulève le fait qu’on ne les voit que très peu. De mon côté, je nuancerais en disant qu’on ne les voit que trop peu. Miss Daniels Vyxen a réussi à se bâtir une solide réputation depuis la fin de sa participation à Drag-moi il y a 2 ans. Je vous invite d’ailleurs à lire son portrait actuellement en ligne sur mon blogue. Chose certaine, elles ne sont pas des faux-queens comme s’amusent certaines personnes de l’industrie à les appeler. On peut comprendre que l’acceptation n’est pas unanime, mais la connotation de ce terme est trop forte.
LadyPoonana prendre part à l’actuelle saison de Drag-moi au Cabaret Mado
Miss Daniels Vyxen tiendra prochaine au Unity une nouvelle soirée Obsène.
Érica est en vedette sur mon blogue dans la section entrevue comme designer.
1 réflexion au sujet de “L’ouverture du milieu aux femmes pratiquant le métier de drag-queen”