Depuis bientôt 4 ans, de Montréal à Québec, j’ai le loisir de couvrir la scène drag de chez nous. Avec cet article-ci, je perce une brèche jusqu’à Sherbrooke où, pour la première fois, grâce à l’ouverture du bar les Grands-ducs de Wellington, se dessine peu à peu depuis les derniers mois une nouvelle communauté de drags locales propre à la région. La doyenne de la House of Gates, Gina Gates, m’a d’ailleurs convié le samedi 13 avril prochain à couvrir un événement phare de l’établissement, le Sherby drag race, une occasion spécialement orchestrée afin de faire place à la relève. Avant de m’y rendre, j’ai voulu décortiquer avec Gina non seulement le développement de cet alter ego, mais tout ce qui en a découlé depuis. Désormais, la House of Gates et les Grands-ducs de Wellington sont indissociables d’un renouveau du paysage drag dans cette ville étudiante en pleine effervescence créatrice. Je vous invite à découvrir le compte-rendu de notre entretient.
Gina fut approché dans la même période où le bar les Grands-ducs de Wellington allait ouvrir ses portes. Les gestionnaires de l’endroit avaient l’intention de développer une communauté de drags locales qui allaient avoir leur résidence au sein de leur établissement avec un spectacle garanti au moins une fois par mois. On avait porté à leur attention que Gina s’intéressait à faire un jour du drag, mais cette dernière ne s’attendait pas à ce que cette opportunité se présente aussi rapidement et encore moins dans ce contexte. Les conditions face à l’expression de son personnage de drag furent établies dès les premiers pourparlers, notamment en ce qui concerne sa barbe. Si vous connaissez déjà Gina Gates, vous savez que sa barbe fait partie de sa marque de commerce. Ainsi, Gina Gates faisait ses premiers pas au moment de l’ouverture des Grands-ducs de Wellington. C’était le 8 décembre 2017. Depuis sa création, la Hous of Gates compte à ce jour 12 membres, tant des drag-queens que des drag-kings. Grâce à la soirée mensuelle, tous les membres sont assurés de pouvoir performer grâce à un cycle de roulement qui permet à tous et à toutes de se faire valoir leur talent.
Déjà dans sa jeune carrière, à l’été 2018, Gina eut à produire un spectacle musical. Cet événement fut révélateur pour l’ensemble de la House of Gates. Gina y a découvert sa capacité à monter et chorégraphier un spectacle d’envergure de A à Z. Ces aspects sont venus solidifier l’approche scénique de la troupe en mettant l’accent sur la force des numéros de groupe tout en menant l’équipe à un autre niveau d’investissement. Le tout fur largement appuyé par un public au rendez-vous, particulièrement réceptif à leur proposition artistique le soir de la représentation.
N’ayant pas beaucoup fréquenté les spectacles de drags avant de se lancer dans le métier, Gina a davantage puisé ses inspirations à travers son écoute de l’émission à succès RuPaul’s drag race. Au départ, elle était davantage attirée par l’aspect léché et fashion relayé par cette télé-réalité. Celles qui ont particulièrement retenues sont attention sont Sasha Velour, gagnante de la 9ème saison, pour sa théâtralité et son côté fashion, ainsi que Violet Chacki, gagnante de la 7ème saison, pour sa caricature de la femme et son approche burlesque. En tant que drag à barbe, peu commun dans le paysage local, Gina a dû puiser son inspiration autre part. Grâce aux médias sociaux, elle a pu découvrir Beardra de Toronto et Virgin Extravaganzah de Londres.
Autrement, d’un point de vue musical, Gina est particulièrement interpelé par l’œuvre d’Annie Lennox, porté par sa multidisciplinarité, son androgynie assumée et sa fluidité de voyager d’un style à l’autre. D’autres artistes telles que Lady Gaga et Madonna sont également tombé dans l’œil de Gina, pas au même titre qu’Annie Lennox. Tout l’aspect scénique, Gina le tient d’un ex-copain qui était chorégraphe. En l’accompagnant dans certains de ses projets, elle a fini par comprendre les rouages de la scène et de se les approprier. Cet apprentissage autodidacte lui sert aujourd’hui lorsque vient le temps de mettre sur pieds des projets pour le compte du bar les Grands-ducs de Wellington.
Il faut saluer l’audace d’un enseignant sherbrookois qui a invité Gina à venir parler de ce qu’est l’art du drag dans le cadre de cours donnés à l’université Bishop ainsi qu’au collège Champlain. Si vous n’avez pas la chance d’être dans cette classe, vous pourrez voir Gina Gates prochainement le 13 avril lors du Sherby drag race que j’aurai le plaisir de couvrir au bar les Grands-ducs de Wellington, un spectacle alternatif présenté les 17 mai à la Petite boîte noire de Sherbrooke en plus des spectacles mensuels de la House of Gates.
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